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PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE
RECUEIL PÉRIODIQUE
DESTirCÉ A FAIRE C07CXAITRE
TOUT CE QUE LES SCIENCES HUMAINES RENFERMENT De preuTes et de décoayertes en faveur da Christianisme,
PAR miE «OdKTÉ
DE UTTÊRiTEURS ET DE SAVAHTS. FRAHÇilS ET ÉTRAH6ERS
Sont là direclion
* BE H. A, BONNETTT^
CIEVALIER DE l'ORDRE DE SAINT-GRÉGOIRE-LE-GRAND ET DE L'ORDRE DE PIE IX,
DE l'académie de LA RELIGIO!f CATHOLIQUE DE ROME,
ET DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE DE PARIS.
LISTE ALPHABÉTIQUE
DES A0TE09S DONT LES TRAVAUX ENTRE:«T DANS CE VOLUME :
M. d'AJCSBLMB, aorien ofBcier sapèriear. — M. l'abbé barnbaud. — M. l'abbé BLANC, ciré de Donuzan. — M. bonnetty, de rAcadcmie de la Religion catho- liifae de Rome, et de la Société asiatique de Paris, directeur des AmnmUs. — M. l'abbé CBETALIEB, coré de Mandres. — M. de FONTAINES. — Mgr GBRBET, évéque de Perpignao. — M. l'abbé LAURENT DB SAINT-AIGNAN. — MOLIÈRE.» M. Félix n£ve, professeur de sauscrit à Wmivtnui cmtkohqm» de Lonvaln. — M. Jules OFFERT, prof^sear d'assyrien au Collège de France. — Le P. PRÉMAEE, ancien missionnaire eo Cbine.— M. Félii BOBIOU, professeur à la Faculté de Rennes.— M. RAVAI880N. M. 80ULLIBB.— Le P. 80UECIAT, carme et doctevr de Sorbonne.-- M. SCHWAB.
QfJABANTE-CIBTQIJlÉIlIE ANNEE.
SIXIÈME SÉRIE.
TOME TLt.
(•G* TOIiIJlIE BE II A €OIiIiE€TIO!i).
PARIS,
BUREAU DES ANNALES DE PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE,
BUB DE BABTLOIfE, R* 39 (FAUBOURG SAIIfT-GERXAIX).
1876
VKnïiUït. — L. IIOKCE, Imprimeur, rue du Potager, S
TABU DBS ABTiaES.
TABLE DES ARTICLES
(Voir à la On du volume la table des matières].
N' 61. — Janvieb 1876.
Quelques documents sur renseignement de la philosophie au 18« siècle. Eloge funèbre de Friseaomoron (6* et dernier art.), par le P. Sourcut, carme et docteur de Sorbonne, avec des remarques par M. Bonnbtty. 7
La Scolastique» poésie. 31
Salomon et se» successeurs ; arrêt déAnitif en matière chronologique (S* art ). I^ roi Phui. — Réfutation de quelques autres otùecUons, par M iules Offert. 34
Vestiges choisis des principaux dogmes de la religion chrétienne, ex- traits des anciens livres Chinois (art. 13«). Les travaux et la mort du Saint pour le salut du monde.-^Témoignages des livres, par le P. Prémare, jésuite, ancien missionnaire en Chine. 43
Le Vrai, le Beau et le Bien, de M. Cousin, misa l'index, et établissement d*nne Eglise chrétienne sans le Christ (l** art.), par M. Bonnetty. 56
N* 62. — Février. Analyse du Voyage au pays de Babel de M. Félix Julien, par M. d'An-
CELMX. 58
Salooion et ses successeurs ; arrôt déflnitif on matière chronologique 0>* art.). Lea-demiera. règnes et dates de la destruction do temp'e de Jérusalem. —Date des diverses captivités. — Opinions sur l'âge de Salomon, par M. Jules Offert. 91
Vestiges choisis, etc. (art. i4«). Les travaux ot la mort du Saint pour le salut dn monde. —Témoignages des caractères hiéroglyphiques; parle P. Pré- mare. 110
Le Vrai, le Beau et le Bien, de M. Cousin, mis à l'index, et histoire de son établissement d'une Eglise chrétienne, sans le Christ (2* art.), par M. Bon-
jrETTT. 136
Bonpas. — Les frères Pontifes. — Les chevaliers de Saint-Jean de Jéiusa-
lem. — Les Chartreux, par H. l'abbé Th. Bunc. 154
Bibliographie. — Les Noëls de Nicolas Saboly. 163
N» 63. — Mars.
Vestiges choisis etc. (art. 15«). Du sacriflce en forme de Repas; par le P. Pbéharb. 165
Cranire.— Forme des vases Ting, où était préparée la nourriture de l'im- mortalité. 1 75
Lettres an R. P. Brucker. de la Ck>mpagnie do Jésus (9» lettre) ; de NoÔ mytbologiqaement roi d'Egypte^ sons le nom de Menés, par M. d'AnsELiiE.
188
Salomon et ses successeurs ; arrêt définitif en matière chronologique (?• arL). Durée du règne de Salomon. — Récapitulation. — Canon de la chro- nologie biblique^ par M. Jules Offert. 204
Le Vrai, le Beau et le Bien, de M. Cousin^ mis à l'index^ et histoire de son éUbilsseinent d'une Eglise chréUenne, sans le Christ (3« art.)^ par M. Bo:i-
S1&
6 TABLE DBS ARTIGUH.
Dei élémenti étrangers da mythe et da culte de Krlchna (!•' art.), par M. N&vE, professeur de ssnscrit à V Université catholique de LouvaiD. 231
Nouvelles et tnélanges. — Listes des noms qui dérïTent de celui de JVoè- Noach, par M. d'ÀNSEuiE. 244
N» 64. — AvalL.
Examen d*un système de Chronologie biblique proposé par M. l'abbé Che- TalUer (S» art.), par M. RoBiou. 245
Vestiges choiâis, etc. (art. 1G«). Du sacriflce eu forme de Repas, par le P. PaéMARE, jésuite. 265
Des éléments étrangers du mythe et du culte de Krlchna (2* art.), par M. Nève, professeur de sanscrit à f Université catholique de Louvain. 3o5
Rapport des Romains avec les Juifs et histoire de Jésus-Christ mise en rapport avec l'histoire païenne et juive de cette époque, compte-rendu par M. Fr. de Fontaine. 321
N- 65. — Mai.
Réponse à l'examen que fait M. Roblou d'un système de chronologie bibli- que de M. Tabbé Chevallier, par M. l'abbé Chevallier. 325
Publication du 3» et dernier volume de l'Esquisse de Rome chrétienne de Mgr Gerdet ; avis au lecteur, par M. Bonnettt. 344
Esquisse de Rome chrétienne, épilogue, le Vatican résumant les aspects de Rome chrétienne, par Mgr Gerbet. 348
Analyse des instUutiones philosophicœ du P. Palmier!, jésuite, par M. Tabbé Barmbauo et par un élève du Collège romain. 357
Extrait des institutiones philosophicœ du P. Tongiorgi, Jésuite, par H. boN-
RETTY. * 367
Lettres au R. P. Brucker, etc. (10* lettre), des dieux Indiens brahman et
Brahmn, par M. d' Anselme. 371
Le Manuel de l'helléniste de M. Tabbé Bondil, avec notice de sa vie et
de ses ouvrages, par M. Bonmettt. 391
Analyse de la Loi absolue du devoir de M. Rambosson, par M. Bonnettt.
399
Nouvelles et mélanges, —Preuves nouvelles de Timmortalité de l'âme chez
les Grecs, par M. Ravaisson. 404
N* 66. — Juin.
Des éléments étrangers du mythe et du culte indien de Krichna (3* art.), par M. MtVE. 405
Observations sur l'identificallon do Tautel du témoignage des tribus juives par M. l'abbé Laurent de Saint- Aignan. H2
Vestiges choisis, etc. (17* art.} différents noms donnés au Saint; le Dragon et la Licorne Ogurant le Saint, p:ir le P. Préhare. 421
Le Vrai, le Beau et le Bien de M. Cousin, mis àTiodex, etc. (4« art.), par M. Bonnkttt. 448
Quelques détails sur une Bible en langue tartare, par M. Schwab. 46.5
Compte- rendu aux abonnés, état de l'apologétique catholique, par M. Bon- mettt. 469
Table des auteurs et des matières. 476
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$SiI|]L<D3DlP]Illl]S (filItlE&Slll^ai
SIXIÈME SÉRIE.
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VI* siRiB. TOMB XI. — M 61 ; i876. (90* vol. de la coll.) 1
Conditions de I» ■ouaoripilon*
Les >1 finales paraissent à la fln de chaque mois par cahiers de 80 pages, avec Gravures ou Caractères élrangers, quand il y a lieu.
Le prix d'abonnement est de 20 francs par an.
S'adresser au Directeur, rue de Babylone^ n<» 39.
COUX^RDAIVCB ET PRIX
des Séries et de la Collection des Annales :
i*^tirie. — 12 volumes. |
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60 à 79. |
— Prix divers. |
6* série, — 10 vol. |
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81 à'89. |
— 10 fr. le vol. |
Chacune de ces séries est terminée par une Table générale des matières de la série.
Chaque volume se vend séparément^ et l'on donne des /iict- lités pour le payement.
S'adresser directement au bureau.
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ANNUES
»■ PHXI«08*PIIIB CHRlBTIBanVK.
jnuqwro ai. ^ iXûWfxtx 1878.
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(Eitdtignemetit xatlioUque.
QUELQUES DOCUMENTS
L'ENSEIGNERIENT DE LA PHILOSOPHIE SCOL&STIQUE
AC COMHEKGiSMENT DU DIX-BClTrÉHE SIÈCLE
Nous vouB louons de ce que vous avez déponfUé hi Somme théotogi- que de S. Thomas do son appareil scolastique {Bref de Pie II au 30 juiUet !874).
(Suite et fin de T Eloge furîkhre 'de Frisesomoron \)
16. C^ailial do FrUe«« oMiroa conere*lo# Qualité* oeealie*.
Invincible Frisesomoron, que reste-Nil encore à votre zélé? Ne vous reposerez-TOus jamais après tant de fatigues? Non» Messieurs, ce n'est pas encore tout, il n'a pas rendu sa visite aux Qualiiés occultes ; c'est encore un objet de ;6a curiosité infatigable. Suivons-le dans ces profondeurs muettes et sa- crées; ce fat là, que renfermé dans son Intellect agent ^, qui
t Voir le dètnier aili<!le an N* précédent, t. x, p. 462.
> La eonnaiftsance, d'après saint Thomas, suivant Aristote, se fait par lea tspéeet impresw oa (iiiit6mcs, ou lesxenf, d*apFÔ8 leur axiome : TouU cofvnaUsanu commence par le ten$. Ces espèces se transmettent à V Intellect fotient, lequel les transmet à V Intellect agents qui les spl ritualise et les trans- met à Pâme. Il est vrai que mous ne connaissons pas CommenVnQ fait la con- naissance. On veut ici Texpllquer, et alors au lieu du problème primitif, nooH en avons cinq. Car nous ne savons pas, 1* comment la matière produit les espèces; 2* comment ces espèoes se transmettent à cet intellect patient i 3« comment l'intellect' patient les trani^met à Tintollect agent ; 4® comment eelui-d spirituaiise ce qui lui est transmis; 5* enflo comment Tinteliect agent tnnsmet la oonnaifisanee à Tâme. Cinq Comment ignorés au lieu d'un ; tant iItttTrmi que le progrès, comme on le dit avec vérité, est une multiplication de Yineonnu l
8 LA PHILOSOPHIE SC0LA8T1QUB
I
est, comme vous sçave2, U laboratoire de l'âme» et le crible par où doit être tamisée toute connotseance, iis^occupa àllmer, cizeler, burioer, ratisser, spiritualiser les Espèces impresses qu'il avoit reçues daus la visite de toutes leâ Cathégories, pour les rendre dignes d'entrer dans le quartier de V Intellect pa^ tient ; ce fut là qu*il conçut toutes les idées de toutes sortes de Qualités :
qnalité astringente du carcan, qualité» premlôre et seconde, simpathique et anUpathique, synibolaote et dl8syait>olante.
Qua!i:é sonore de la cloche, qualité indicatrice du cadran, qualité sopoHflque du sommeil, çualilé pulsi;)que de Tartère.
17. Combfti de FrUesemarao eoatre le* ParaleglaBsea et le*
Fallaee*. \
Enrichi de tant de lumières, il ne songe plus qu'à entrer en lice avec les Paralogismes et les Fallaces *. Un Péripatéticien ne pouvolt qu'être intrépide contre leurs puissans efforts ; le stratagème dont usa celte race sophistiquée fut aussi inutile que 8t'S violences; tout contribue à la gloire de Frisesomoron.
Le 1" Paralogiste contre qui il eut affaire s'appeloit /gno- ratio Elenchi. Cé'sophiste éloit hors de game, et ne sçavoit ce qu'il dcvoit prouver; il dispuloit avec chaleur, et ne s'enten- doit pas lui-même; d*ailleurs, c'étoit un captieux, un homme de mauvaise foi qui atlribuoit à son adversaire ce qui étoit éloigne de son sentiment, pour avoir lieu de le combattre avec plus d'avantage. Frisesomoron l'apperçoit, îe poursuit, le saisit, et le serre de si près, qu*iMe réduit à l'Etat de la questiony sans détour ni supercherie : en voilà un bien mal acjommodé.
Parut ensuite dans le Champ de Bataille le nommé Petitio prmcipii ; il su pposoil pour vrai ce qui étoit en question, et prouvoil la conclusion par la conclusion même. Friseso- moi*on> sans autre compliment, Tarrête tout court ^anquam de non supponhntCy et Toblige à reconnoitre que ce qui sert de preuve doit être plus clair, plus net, et plus connu que ce
* Li-6 Paralogisims et les Foliacés sont les diverses sortes de faux raisonne- meiils. Ces quedlions tieoneul uno graade place dans tous les cours de philo- sophie. Le P. Sa'i.ciat montre Ici que la plupart de ces raisonnements ne sont inventéd q:io par les scolastiqucs eux-mêmes, et que le simple bon sens les évite, ou les réjeuut cutarellcment.
AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE. 9
qa'on veut prouver : en voilà deux asse;E bien étrillés, à d'autres.
Le nommé Non causa pro causa eut Tindiscrélioa d'es- sayer le bras de notre Héros; il vivoit dans une crasse igno- rance de la t>ërîtâ&{e cause des choses, et a voit cette sotte Tanité d'aimer mieux se forger des causes imaginaires, que de s'avouer ignorant ef pécore. Frisesomoron, outré de son impu-* dence, le précipita dans Tabime confus de la plus honteuse palinodie; et trois.
En voici un 4*, c'est Maître Fallacia accidentis. Il fallut en venir aux maine avec ce faquin, qui prenoit en étourdi les simples occasions pour les véritables causes, et tiroit des conséquences absolues directement per se, de ce qui n'étolt vrai que par bazard et sans intention; post hoc, disoit cet écervelé, ergoproptcr hoc. Mais il fût bientôt obligé à se dé- dire, on lui fit voir en plein midy que sa conséquence n'étoit pasde bon aloi.
Encore un 5« voulut paroilre sur les rangs, c'étoit le nommé Enumeratio imperfecta. Il com|4oit, rocomptoit, calculoit, supputoit, ei se trompoit toujours, ou il voulait tromper; de là, des * conséquences hérétiques, erronées, téméraires, scandaleuses, suspectes, blasphématoires, offensives des oreil- les dévotes, injurieuses, fausses et malsonnantis. Fris(*so mou- ron lui fit voir qu'elle fraudoit la Gabelle, et qu elle n'éto»! pas de poids, ne comprenant pas toutes les manières dont une chose peut arriver, en sorte qu'il l'obligea à rengainer son audace, et à un calcul plus exact.
Tous les autres sophismes essuyèrent le môme sort : termes cornards, équivoques, ambigus, et dictum sccundùm quid^ dicium simpliciter '^ l'amphibologie, sensus composïtus ; et sensus divisus, son cousin en ligne . collatéralie et vis-à-vis, tous en eurent depuis Miserere jusqu'à vitulos,
Eb bien, mes Frères, qu'en dites-vous ? Sont-ce là des com- bats de Maripnnettes? Est-ce un jeu de course au faquin ? Est- ce la valeur d'un petit Maître qui demeure trois heures à dé- gainer son épée? Avoùez-le, rantiqnité guerrière ne nous représente rien de pareil ; Alexandre, Soipion, Annibal, César> tout cela s'éclipse devant Frisesomoron, il les avaleroit tous en
40 LA PHILOSOPHIE SCOLASTIQUB
bolus^ tout au plus si Dom Quichote \m est comparable cir- cura circa; les quatre Fils AymoncI n'en approchent pas de cent pi(|ues. Repelons-Ie en redoublant notre admiràifpn, la vertu héroïque de Frîsesomoron n'est comparable qu'à elle- même; Yertu qui s'esl toujours soutenue par elle-même, vertu que rien n*élonne^ n'effraye, ne décourage.
1$. C^nitoat de Frl»e«oni«r#B e<»fi«r# le» »ov¥e»ax plillo«#pliee ^ Caricalea*.
Jamai«il n'en donnadeplusgrandespreuvesquedansses corn- batsavec les nouveaux Philosophes Carthesiens^Gassendistes^, Malebranchistes ^, et Pourchotistes *, gens sans aveu, à
* L*on connaît assez les principaux ouvrages de VescarUt, ils furent mis à rindcx» danec corrigaraur, par un décret du 20 novembre 1663. En voir l'éna* mération dans AnnaUs^ t. v, p. OG (4* série).
^ Gassendi fut ua des adversaires de Descartes, tout en s*éIoignant de la philosophie d'Aristote. Avant Descartes, il avait \i\i\Axé Extrcitationes para^ doicœ adversus ÂristoteUos, \nA^, Grenoble, 1624, c'est-à dire 13 ans avant le Discours de la Méthode de 1637. Né en 1(192, il mourut en 1655, A Tâge de 63 ans. Ses œuvres furent publiées rn 6 vol. in-fol.» A« Lyon, en 16S8 et à Florence, en 1737. Voir V Histoire de la logique ddiXï% son SgrUagma philoso* phieunij t. 1 et II des oeuvres. — Avant Gassendi^ le docteur Basson avait déjà bat tu' en ruines Aristote dans Phiiosophiœ naturalis odverstAS Aristote-' Um, Itbri xii, in quibus ahstrusa veterum physiologia restauratur, et Aristotelis errores solidis rationibus refelluntur^ in-8* de 701 pp. sans les tables, Genev», 1621.
* Malebranche, né en 1638, mort en 1715, est assez connu par son livre I>e la recherche de la vérité et ses autres nombreux ouvrages tous mis à Tindex. En voir l*énumération dans les décrets du 29 mal 1690, du 4 mars 1709, et 16 Janvier 1714, insérés dans les Annales^ t. v, p. 103 (4« série).
^ Edmond Pourchot, né en 1652, mort en 1734> Agé de 82 ans, enseigna la philosophie au collège des Gressins pendant 12 ans, de 1677 A 1689, époque où il alla professer au collège Muzarin. 11 fut Rectear de l'université, de 1692 à 1691, et Syndic pendant 44 ans. Son Cours de philosophie publié en 1695 a pour titre ; IrutituHo philosophica ad facihorum vétirum $t recentiorum philosophorum lectionem comparata^ 5 vol. in-12, Pafis, 1685. Réimprimé en 1733 avec le titre de: InstUtUiones philosophicœ ad faciliorenu.; intelli' gentiam con^parata, edit. in-i*», pripribus locopleUor, 5 vol. In* 12, Paris 1733. Voir de curieux détails sur rinfluenoe de Pourchot sur la philosophie, dans VBistoirê de Vuniversité au 17* et ao 18* siècle, de M. Jourdain, in-fol., Paris, 1862. Voir dans Pourchot (t. i, p. 180], comment les 4 lettres A, E, 1, 0, oom- ^ées entre elles peuvent dooner 64 chaogemeolB, qui coostltuent les 6i formes de Syllogismes .
lU DIX-HUITIÈME SIÈCLE. li
GODScience gaugrenée^ . g^os di? sac et de corde, et Gibiers de PrèTÔts, Tendeurs de ga/banum, qui s'ayi^^nl de; ré- genter le monde, dont toule roccupâtion est de casser aux gages Aristote, de dire qu'il sentie gousset, de susciter des traverses à la vieille Philosophie, de la troiibier dans sa pos- session l^itime, et d'introduire de^rophanes nouveau téSj pour n'avoir pas la honte de glaner après les anciens.
C'est ici rendrait de la vie de Prisesomoron le plus glorieux pour lui, et le plus lamentable pour nous, puisqu'en couron- nant ses travaux, il perdit le jour, et nous priva d'Muevje si précieuse. Mais ne dérobons rien de la gloire qui esl due à notre Héros, pour vouloir nous soustraire à la vive douleur dont nous serons percés à la vûë des funestes effets de l'envie de ses fiers ennemis.
19. lÊBVBiérACIon de» prlaelpe» n^aveanx éailfl par l'éeele Cavtéslea^a et de» prlaelpeu ■••laail^vee Arl«ietelleleBe qu'elle AllM|v*. — OrMiil eeattot de Vrleevemerea.
Les premiers efforts de ces nouveaux Sectaires furent dln- troduire dans'PEcole l'Expérience, la Raison et le Doute më- thodique^ trois préjugés des plus dangereux et des plus funestes à Tautorité d'Aristote le grand; mais quel homme que Friseso- moron pour braver ces efforts, lui qui a toujours combattu avec tant de vigueur contre ces trois Préjugés, lui dont toule Ve- inée a été de toujours contredire sans se rendre jamais ; non, non, la Maison le trouvera toujours armé, et les esprits inquiets et turbnlens ne le trouveront jamais muet et facile.
Le dessein de ces Hérétiques étoit de chasser de l'Ecole la multitude ennuyeuse, disent-ils, de ses Termes barbares, d'a- néantir les I7nii;ersaux et les Grades métaphysiques, d'abat- Ure et déraciner l'arbre. Porp/iiriana, de détruire les CafW- gories avec leun Ante-prédicamens, et Post-prédicamens, ee qui fait, sans contredit, le plus bel ornement delà Philoso- phie.
Quoi de plus, attaquer jusqu'aux Espèces impresses buri- nées, rabotées et spiritualisées de tradition inunemoriale pa Vinlellect agent ; renoncer aiu sept régies des bons St/Ito- gismes pour substituer celle-ci, que la conséquence doit être
IS LA PHILOSOPHII KOUSTIQDI
contenue dans les pTémisses, et tout cela, 6 douleur I sous prétejtle de iterle de tems à ceux qui s'y amusent '.
Il bIloituD FrisesotnoroD pour donner l'échange à'^es Me»< «leurs, et leur faire sentir combien toutes ces choses étoieut nécessaires pour exereer la jeunesse, pour apprendre k dispu- ter opiniâtrement^ à évader le solide pour le subtil, à s'atta- cher plulAt aux Termes qu'aux Raisons, en un mol,' à disputer de tout, ad aperturam îibrî.
Les nouveaux Sectaires, fanfarons de Doctrine, ne se rendi- rent pas à de si fortes preuves, ils eurent l'impudence de s'ea prepdre :
Aux Qualités occultes;
K l'horreur du Vuide;
A YAntîpérîstase;
Aui Formes substantielles ;
X la V^rtu attractive.
Voilà jusqu'où la passion conduit l'homme en fait de Philo- sophie. Quand on eA sourd & la foix d'Aristole, on devient aveugle, ou s'é^urti, on sa perd, ou extravague.
Quoi! Dùtruire les Qualités occultes^ inventions d'un si grand usage pour toutes les dilûcultésqui embarrassent, et d*une ressource inûnie dans la déroute 1 Quel attentat ■ et à quel dessein 1 A dessein d'introduire à sa )>lace une loconauê, nommée la Afatiére subtile. Fluide mobile; ils prétendent qu'elle doit être désormais le itichel-Morin de toute la Physi- que, qu'elle doit entrer dans toutes les sauises, qu'elle est la Cause occasionelle de tous les irouvemens, de l'Association, Dissociation, autrefois Sympathie et Antipathiei de la Ra~ réfaction. Condensation, Fermentation,, de la Vertu molle
■ Nos iKteurt ont II le TëriUble état de k qaeeiion philoiophlqiie, contro- "vorsée alors et encoie ai|]ourd'bul. \h j Tolml iiueUdtaienl les principe* da la philmoplile icDlodigi» arù(<iUJtct.'nn«, et par quels principes les Carti^ n*tM.vtulureiit.K»oiji)tr«ire 1 ce tta autorité. Nous avons «km dit combien le principe cartésien est ]iii-ni6me erroné. Au principe de Vexpérience, qui otnl est eiact et a produit de grands Truits, ili ont ajoulé le principe vagqe de ta RaUon personnelle ou Imper^ortnKlIe, «t celui du Dovle mithodigne q'ut n'a Jamais pa exMer cstlèremenl. En diMnt .'s dmtte. donc féxUU, Gï^-d-dlre ■m posant ;> ou moi, tea earléticn* capposent ptédiéftient «e qa'lli nalait
AD DIX-HCITIÈMI SIÈCLR. 13
et élastique^ de la Gravité et de la Légèreté; tout cela étant autrefois du ressort des Qualités occultes.
Sooi nos 3feax, nous voyons se renooveler le grand combat de Frisesomoroa eontre les prinetpet modemettiir le terriift de la matière et de la forme aria- UiëkàKsmm à» aeolaatiqtie*, et des «fomat douét d'extention et de forée des ehtmiates modernea. Le P. TongibiiBri,> jdauiie, profeasear de philosophie aa collège romain, soutient la théorie des modernes, réfute carrément Aristote, talnt Thomas et tous les scofastiqoes sur cette question. Avant lui, un outra jéiaite, le P« Romain ^, même le P. Secehi * et le P. Ramière *, ce fanaux Fritetowioron pourfendeur du Tradillonallsme, combatcaient rnr cela les 8co- lasUquea.
Maie le P. Liberaiore, on des principaux releveurs des doctrines scolastiques» rifiite très-énergiqnement ses confrères, et remet en tout honneur la Matière et la Forme d^Arietote et des scolastiqnes. Le chanoine Sanseverino vient à rappol d'Aristôte et du P. Liberatore sur cette question, et cite longuement Ibbs les auteurs qui en ont troilé ^. -
id nous devons ajouter, en Thonneur du P. Rarolère, qu'il a, Mina en rien dire, changé de sentiment, ilien plus, dans une nouvelle éilttioo da Compendium du P. Tongtorgi, II a bravement réfuté ce Père, et brûlé, c^mme fMidlt^ ee qu'il avait adoré K Nous avons pobiU un extrait de cette dfsser- latioQ ami-scolasllque du P. Tongtorgi «.
Ne craignez poiot, Messieurs, tontes ces oppositions de l'es- prit huniain à la vieille Plilosc phie; tie craignez point pour les SQcccs accoûlumrsdeFriflcsoinoron; rien ne sçauroit lui ré- sister; il a le secret de domptertout esprit, de captiver les iins, et de fermer la bouche aux autres ; tous les obstacles tour- nent à sa gloire; il biise TErrear au moment -qu'elle montre le nez, et ittouffe toutes ces nouveautés à mesure qu'elles paroissent en taisant retentir i'Ccole de V Autorité d'Aristôte. Par ce moyen il prévient toutes les difOcultés, renverse toutes les objections, et laisse à TEcole, avec ces Dogmes inviolables^
* Le P. Romain, la Scienxa delVUomo^ etc., par. i", c. 2, n. 36, t. «, ^ £S. Nupoti, 1849.
* Le P. Secehi, VUrùta délie forze fisiche, c. i, n. 14. Romas^ 1864.
' Le P. Ramière, La matière ff la forvM, dasa Revme des sciences eecli' tiastiques, t. ix, p; 377. Paris, 18G0.
* Voir eiementa philosophim ehristiàfÙB eum àniica et nova comparatœ, t n, p. 231, Ne;|poIi, 1864, et son abrégé par Je chaooine Signoriello^ t. ii, p. TS. Kaples, 1866.
* Inttitutiones philosophictf in cqmpendium redactce, 4* édlt., p. l75. Paris I87à.
* Voir retirait que nous avons donné de soo, Cours de philosophie dans les imioleff, t. vi p. 304 (6« série).
'{4 LA PHILOSOPHIB SCOLASTIQUB
'ce grand Bouclier, pour les mettre à couvert : Autorité d'Aris~ tote ■, cela lui lient lieu de tout, c'est le refreiu ordinaire.
jl*. Bialataaia* *«mC»wiiulmm*i*»mméwMlmm 4*t*ii« U« tirlm- • pkyal4«» C*rlAal*MM « aé(r«lW.
Cependant la' résistance de Frisesomoroo ne Rt (ju'aigrir ces esprits rebelles que la Raison domine absolument, «t sur qui l'Autorité d'Ariatote n'a aucune prise, |Mrce qu'ils veulent tout mesurer au Bon sens. Ils «'avisent par la témérité la plus
■sacrilège, dé vonloir clëtmire et rtjnïerser la Machiné céleste- ils veulent arrêter le moi»eiiieiit diuroal [ou tourbillon) du premier Mobile; àètendre aux Intelligences d'y toucber, et liquéfier la Solidité ancienne; faire fondre le premier et le se- cond Cn/âtaHin, pour les métamorpboser en Vortex; arrêter la Circulation de toutes les Etoiles; donner cinq Gardes de
.Corps a Salurne, avec pn Anneau, (tuatre Satellites à Jupitâr : Quoi plusT Déloger le Feu du concave de la Lune; nier que ce soit un Elément^ ettoutcela, 4 douleur! formellement contre l'autorité d'Aristote, qui le prononce au livre 1" des Météoro-
Aiqu0$, 3*. Ils ont porté leur malice jusqu'à acccuser le Skiluil d'avoir des taches, k l'arrêter dans sa course, et à faire galop- per la Terre '.
Et pourquoi? Parce, diseol-ils, comme ainsi soit qu'une Grive embrocbée tourne autour du feu' qui est immobile, de même la Terre doit tourner autour du Soleil. Quelle com- paraison de la Terre à une Grive? Que prélendenl-iLs avec ces connoissances de Uiton-HÎ laine? Veulent-ilâ nousréduirè tons à Bissêtre par le moyen du vertige inséparable du Mouvement circulaire de la TerreT El comment feroient les Oiseaux pour trouver leurs nids?
91. mAalMM*** la«(ll« 4e rrUe*MB*r«a.
Quelle fut la douleur de.Frisespmoron I Quelle fut son iodi-
1 C«la était exprimé par ruloine -- Phiioioplau dùcil, dont h larvaieDt Im KolaïUqueB.
* Go a là l'dnniBératlÔD de tontei lei errcori du i^gltaiB aairoDomlqita.at phyiiqnc dea SealitUqae* aTiitotélleiena. Noua voudrloD* Ucd aaiolr al looa aanx qni fcot nn appel, aam riaerve, à revenir 1 la Scolaatiqoa, prttaadant anul nous faire menli i eeaaaTanlea iwUoi».
âV DIX-BUiniMB SIÈCLS. 15
gnalion contre une tioctrine si pfernicieuse ! Il n'oublia rien pour maltraiter ptibltttueinetii tôtrtes cëd' Sectes, les décria en toute occasion, et lés moirtta pHr Sosies éodiViïtsodiénx. Mais que faites-vous, illustre Philosophe? ffèl&s/VdosWrez bientôt la victime de votre zélé I On tend dés enibfiches à Votre bonne foi ; on se dispose à vons sacrifieir:
SI. •pp#sllleB ûem Cmrtémîewm •• de» Cl»««eadUCe« 5 Icvr
En effet, Messieurs, les Cartésiena et les Gassendistes aussi fiers de leur nombre qui accroisspit, qii'entétés de leur doçr trine, se déterminèrent à tout entreprendre, plutôt que de souffrir qu'on opposât une digue.au cours de leur témérité, et qui donnât la moindre atteinte à ce qu'ils appeloient Ijlxpé^ rience. D'ailleurs, extrêmement irrités de^,prétendu$ mauvais traitemens de Frisesomoron à leur égard, ils ne différèrent point de chercher les moyens de venger les outrages qu'As croyoient en avoir reçus. Vous ràconlerai^Je côniment ils s'y prirent pour y réussir? Mon horreur est égale à mon étonne- ment. Ah, mes Frères ! C'est ici que je me sens pénétré d'une douleur si vive, que peu s'en faut, qu'oubliant mon ministère, fe me contente de verser des pleurs I Mais ne noiis arrêtons pas à de si vains soulagemens ; excusez seulement les soupirs que je ne sçaurois dissimuler au récit de cette aventure.
13. Bip#l«pn—i ent de Frl«e»cmer«n pmr le« lB|^édlen»
de lA phlleeeiplile Cerléeleawe.
Un jour que Frisesomoron s'étoit échauffé plus qu'à l'ordi- naire contre la nouvelle Doctrine, sur tout touchant la Genèse de Descartes; au sortir de la conférence il envoya chercher une caraffe d'orgeat chez son Caffetier ordinaire. Ce perfide avoit été gagné depuis loDg-tem[^ par ses ennemis pour lui donner un poison lent, il jugea que l'occasion de faire son coup étoit des plus favorables ; en conséquence il brouille dans l'orgeat :
IS graiot cl'AtéaMS erochiit,
3 ooees de matière Striate a? ec ses
çtitiet nmeoset, èit 11 poodre des SateUites de Japiter-
qaatie dnf mea de matière globa*
leuie, un quarteron de Vortex, Et un demi-seplier de Matière sub*
tiie.
1$ LA PBtLOSOPHII K0LAST1QDI
Tout ce tripotage ' qu'ua Esprit iarernal avoit suscité à la perte de FriseBomoron lui lut envoyé; il l'avale de bonne foi, et s'en IrouTe bien d'abord ; mais. Héla» I 0 douleur I Le lea« demain, quetcbangemeol I
Cette drogue maudite ayant travaillé toute la nuit dans son estomac sans pouvoir s'accorder, prit son cours par le Duodé- num, puis se mêlant avec le suc du Pancréas, elle tut succée par les veines Hésaraîi|ues, qui; au lieu dti la porter au Poye pour le rougir, comme elles avoient toujours lait selon l'ordre des anciens Médecins, la firent passer par le CAnal du Thorax dans les Souclavies, et de là, dans le Ventricule droit du cœur; celui-ci, n'étant pas accoutumé à transmettre une liqueur, qui n'eût passé par le Foye pour être sanguiSée, lui refusa l'en- trée, appelant à son secours VAntipéristase^; mais tous ses efTorls furent inutiles par les artifices de la Afatiere subtile qui mit \<3 feu dans tout le Quartier.
M, Morl de rrlacB«B«r«a | f rl«elrea •e*l>B«l4ne* Arlal*- telleleBa ^«1 ^earsat •*«• lai,
Frisesomoron ne survêquit pas long-lcms à cet incendie ; le voilà réduit à toute extrémité. Frisesomoron se meurt, c'ea est fait, le feu se communique, le Vortex s'allume, les Atomes éclatent, aoa cœur se consume, tout est perdu ; ses poulmons Ee brûlent, le poux lui manque, il ne respire pluii, il trépasse t
Adieu donc, mon aimable FriH>somoron, adieu, Héros in- comparable, adieu la crème des Pénpatéticiens. Crnels Carié- siens, Gassondisîes endurcis, Frisesomoron est mort, et vous vivez encore I Ociell serez-vous toujours d'afrain àbvue d'un pareil attentat si funeste à Stagyre T Que deviendront désor- mais (je le dis dans l'amertume de mon cœur) les secondes Irtfentions, les Qua(i(és occu/les, les Bires de raison f Que deviendront ces malheureux Pupilles laissés en proye k la plus noire jalousie, h la malice la plus envenimée de ces Esprits vains et tii^nëilleux, qui veulent tout établir sur VExpérienca et le Bon sens ?
Encore, encore si leur rage eût été aseouvie ponr- avoir at
< Ce sont (a cOGlJe* rfincipau chaneeinénlB que lea Caf.étieiu tDtiodul- «ItSDtduuU PhïOqnr.
* Chanjeniïiits opérii pnï joiÇutMffiii dim l'Anatomte.
Av rm-^vmkMÈ sitcu. 17
tenté à la Tie de ce Grand HomÉne; non, non, il faut encottt que cet illustre soit décrié, déchiré de réputation ; il faut le bire passer pour un cenreau creux, un sot et un pédant, dont tonte la science prétendue n'éioit qu'un vaste champ d'igno- rance raisonnée, plus propre à entretenir l'esprit de chicane^ qu'à exciter des idées claires, Justes et précises, s'altachant plutôt aux Termes qu'aux Aatsons.
15. Prsgrèa <•• iprlA«lpe0 ne«¥eA«x. I«c« trmmém hemme»
ealemalé*.
Telle a été l'occupation de ces Sectaires depuis qu'ils l'ont bit empoisonner; et ce qui fail.le comble du malheur, c'est qu'ils n'ont trouvé que trop d'approbateurs de leur noire ca- lomnie; mais n'en soyons pas surpris, c'a été le sort des plus Grands Hommes, qui, ajant connu et enseigné les plus belles choses, en ont souffert les plus cruelles et les plus injustes ; ils ont tous été' maltraités de l'Envie ou de la Fortune, et leur mauvaise lîéputalion n'a été que la moindre de leur disgrâce.
Quoique Socrate fut estimé par l'Oracle, le plqs sage de tous les hommes, il passe pourtant chez Cicéron pour usurier, et pour ignorant dans Athènes ^ Platon^ qui est appelé le Dieu des Philosophes par Cicéron, a passé chezScaliger pour une tête sans cervelle ; on l'accuse d*en vie, d'impiété, d'avarice. Aris- tote lui-même, oui, le Grand Aristote quia écrit 400 volumes, a-t-il été en plus grande vénération auprès de la Jalousie ? N'a-ton pas fait tout ce qu'on S'pu pour rendre publiques soa. ambition, son ignorance et sa vanité.
 la vûê.de ces disgrâces, arrêtons nos larmes, et suspen- dons, s'il se (>eut« jusqu'à notre douleur, pour nous instruire, et reconnoitre que la vertu et la science étant si mal récom- pensées en ce monde, seront reconnues dans l'autre. Qu'on est heureux de vivre et de crever de la façon de Frisesomoron, dont le souvenir sera toujours précieux à ceux qui se rappel- leront la gloire qu'il s'est acquise, soit par ses. heureux progrès dans les Catégories, où il joignit une îuimilité profonde à la connaissance de tout ce qu'il y a dans TtJnivers de Substan- ces, de Quantités, de Qualités, d'Actions, de Passionsy de
■ Cicéroo, Dénatura Deor,, i, 34, 93.
Qtmnda, 4'Ubw 4'ffabUus t^ 4e JRglatiana ; soit p^r ses rapi* desjoaaqilèbes dans la, R^ion «ubliine de» Tran^cenderitau^, «Ù il éptudia av«c Uot de «ti«cè6,touB.l«e Hode» eLIe& Fîguress où, il BelaisAaauGunLuv-comnrurt.de Lqgique,gans l'approi fondir, où enlevé , dans la Contrée dta Espaces irnagina.ires, il s'y fit upe eé|tutalioii.i(ninorteUe par w valeur et ton bon-: heur. Quelle vie nous fournit des eiepiples plua capables de nous instruire t Puissions-nous imiter ses travaux et ses souf- frances,' qiii ont été Burabondarniineiiit' c'ompeilsëis pér des torrens de plaisirs et de gloire. Je vous en soubaite. Le P.. SouRCMT, Ctrmeet DootçuT de SorbaDM.
Wos leotûora viennent de vdr l'eneemble de cette philoso- phie AristotélIcîenne-ficolaEtiqtte que l'on ressuscite en ce mo- ment, et qui a pour terme, au bout de trois ans d'éludcR, à nous donner de Uie'u ■ une Conoaissance toat à fait défec- • tueuse et grossière, admodum manda et rudis.» Ce sont les propres expressions de lA Philo!6opAi9.du dianoine San~ seuerino, qiriesl en vogue on «e moment parmi nous'.
Poursuivons la fortune de Frifosonrioron après sa mort.
' Les découvertes physiques et astronomiques de I>«carle3 et de Pascal ne sont, en réalité, qu'une des petites causes delà chute de rAristotélioisme-scolasticien. Cette langue et cette doctrine étalent restées le donfeine de l'Ecole, c'est à-dire d'un petit nombre de savants en us, comme on \ei appelait. Des- caries et Pascal se mirent à parler une autre lani^ue.Alaplace de la langue barbare de la Scolastique, ilq parlèreut cette lan- gue douce él forte, claire et brillante, entendue des savants et des ignorants, qui a formé la belle langue française, disant tout et ledisant de maaiére à être compris, sans la nécessité d'ap- prendre une autre langue.
La Scolastique voulait seule parler la langue philosophi- que et théologtque. On ignore généralement que, quand le
1 Ihiletophi* lùuuTalii, D* T4. VidUioa de Naplea, 1X60, a coTTigé )■ crndlM de cm motli, el a mti admodum imperfuta M, n* 7> ; m qui est la
AU DIX-HUITIËMB SIÈCLE. 19
p. Coffetea^u coTnmença la traduclioa de la Somme da S. Thomas^, Ta Sbrbonne condai^pa cet essiai de d^vulgalionv et l'auieur tut oblif^é de discontinuer son œqyre^ IVfais ce {oten vbin. Taudis que Uescartes, Gassendi, Pascal, ruinaient la physique et la métaphysique scolastiques^ un des .élèves de ta âcolastique fit sortir le lànjgaij^e barbare de Técole el le traîna au grand jour syr le fbéâtre. Ce fut un des principaux ingrédients qui empoisonnèrent Frtsésomoron. Il' faut en donner quelques détails..
livrés àJa dérlaUn d« ^vMIe piar Molière.
JeanBaptiste Poque^in, ^flls d'un tapissier du vo'u naquit i Paris, en 1620 (ou 22). Son père le plaça an. collège de Cler^ mont^ devenu plus tard collège de Louis^le^Grand, tenii par les Pères Jésuites. Disciple de G^t^sendi/ comme tous les autres il fui d'abord grandement admirateur des auteurs païens. Il estimait Lucrèce et du traduisit quelques chants.
A 20 ans, au sortii du collég^^ il continua Tétat de son père et suivit Louis Xfll, dans un : voyage, comme son tapissier; mais ce n'était jpas là sa vocation. Se souvenant sans douté dé ces belles représentations théâtrales du collège, où il avait assisté et joué quelque rôle, il entra dans. une troupe de coiné* diens appelés Vlllustre théâtre, et y prit le lïomde Molière.
Aîors il parcourt la France composant ci jouant des pièces^
En 1653, âgé de 33 ans, il y Joue son Etourdi^ ça prepiière pièce en vers. Sa troupe avait pris de la réputation ; favorisée par le prince de Conti, elle révient à Paris et débute, le 24 oc- tobre 1658, devant Louis XlV, sous le nom de Troupe de Mon-^ sieur. Elle est installée par ordre du roi dans la salle du
* Premier essay des questions théologiques traitées en nostre langve, selon If stile de S. Thomas' et des autres Scolastigues, par le comaiandement de la rejne Marguerite, etc., par P. N. Coffèteau, docteor en thëologte de TUot- tersitéde Paris, Ticaire-géDéral de la Congrégation de9 .Frères Prearbeura eo France, in-S® de 574 pp. Paria, 160T. — Plusieurs dea nouveaux traducteura de S. Thomas aoraient bien fait de consulter celte traduction beaucoup plus fidèle que la leur; elle ne comprend que les 26 prenilérea questions de la 1** parUe de la Somme. Nous comptons revenir sur ce livre.
«Voir le décret dn i" août teOT, dansCoiiectto judjodruwded'Argentié, ti,p. xiTderindex.
SO LA PBILOBOPBIB BCOLASTIQDB.
petit Bourbon, ouest la colonnade du LotîTre; en 1660, caita troupe se fixe Jt la salle du Palais-Roy&l, coostniile par le cardinal de lUcbelieu, ou elle est éacore sous le nom de ThéâtreFrançais.
C'est là que, pendant 30 ans, cet bomme, on peut le dire, dans toutes ses utices s'attacha à ridiculiser et k proscrire le laniiage et la science Aristotélicienne et Scolastique, qu'il avait appris au collège.
Ses succès et son inQuence furenï immenses et ils se con- tinuent encore. On peut dire que dans toutes ses pièces, tout en flagellant quelques vices du temps, il battit en brècbe tous les principes sociaux, et à bon duoit on peut appeler Molière le Voltaire du 17* siècle, de même que Voluire fut le Molièro
auis*.
Voici la liste de ses pièces :
leSS. L'ttaordi.
lest- Le dëpil amoureux.
ISôQ. Lu^prèoiauws rldicales.
16S0. Le cocu imaglulra.
18GI. Lei Rcheai.
t66{. L'école dei marli.
1661. Dom Garcia.
iKU L'6eole dot remme*.
lSa3. CriUqae de l'école dw temmtt.
IS63. L'Impromptu de VarMlIlt.
ISSt. Lemerlege rorcé.
16t4. L> (trineeitc d'Ellde.
ICM. LeTirinte, «n S aeUt.
I«t5. Le teiUa de Pierre.
I6(;6. Le miuDtbrope.
C'est eo jouant cette dernière pièce pour la 4* fois, le 17 fé- vrier 1673, que Molière fut pris d'un vomissement de sang en prononçant lemotJuro de la cérémonie où Argan est reçu docteur>médeda, et c'est ainsi qu'il mourut deux jours après à l'âge de 53 ans.
Ceux qui se sont donné le passe-temps de lire ces piè- ces y verront que tous les principes sociaux et cbrétieos V sont sacrifiés : l'autorité des pères, les devoirs des en- fants, le mariage, tout y est ridictUisé; l'adultère, et la four- berie y sonl gloriSés. La religion ne pouvait y échapper.
tflSS. Le médecin maigri loi.
ie66. Héllcerie.
IdSI. LeaiulIlBn.
16BT. La Tartufe, snS oelM.
1608- L'amphltrïoD.
ises. L'avare.
IGSS. Ogiii^m Dundln.
]G6t. H. de Pooroaugoac
te70. Le bourgeois-gentilhomme.
I6T0- Leiamaotd magniflquet.
1670. VtjaU.
1671. Fourberies de Scapiâ. ISîl. La eomtetw d'Eacarbagnaa. 1011. Lee [isminea Mfantei. 1613. Le malade imaelnalre.
AU »lXrHCITlÉMB SlAaE* )«
Nous ne venons point ici défendre les erreurs elles (ravers qui y sont flagellés* Nous savons que le Tartuffe fut encore plus dirigé contre le jansénisme^, que contre les jë^utfes ^; mais nous voulons faire voir que c*est sous Tenyeloppe de FAristoteKsnie, dont la pbilosopbie et la théologie s'étaient affubléSy que ces deux grandes choses furent bafouées. L'fJcoIe, comme on rappelait alors, fut traînée hors des bancs où elle était assise et barbarisait tout à son aise, et exbibée avec tous ses ridicules devant le public. £lle y fut fouettée de main de maître, et à ce titre Molière mérite de prendre place à c6tè de Pascal, de Descartes, <)e Gassendi et de Port-Royal. C'est dans le Mariage forcé que cette exhibition eut lieu principa- lement, il convient d'en donner un extrait :
Cette pièce» appelée d'abord le Ballet du Jfîoi, fut représentée au théâtre du Louvre les 29 et 31 janvier 1664, puis le