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BULLETINS
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
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BULLETINS
DE
L'ACADÉMIE ROYALE
SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS
DE BELGIQUE.
TOME XXHII. — Ilre PARTIE. —1856.
BRUXELLES,
M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE.
1856.
BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
1856 2 No 7.
CLASSE DES SCIENCES.
Séance du 5 juillet 1856.
M. GLUGE, vice-directeur. M. À. QueTeLET, secrélaire perpétuel.
Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Sauveur, Wes- mael, Martens, Kickx, Stas, De Koninck, Ad. De Vaux, de Selys- Longchamps, le vicomte Du Bus, Nerenburger, Schaar, Liagre, Duprez, Brasseur, membres; Schwann, Lacordaire, associés ; Ern. Quetelet, d'Udekem, corres- pondants.
M. Ed. Fétis, membre de la classe des beaux-arts, assiste à la séance.
Tone xx, — 1Ï part, Î
(2)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel fait connaître qu'il a reçu la lettre suivante de M. le Ministre de l’intérieur :
« Les jurys qui ont été instilués depuis 1850 pour dé- cerner les prix quinquennaux, ont sans doute consigné dans des procès-verbaux les résultats de leurs délibéra- tions. Je pense que ces documents, auxquels les jurys fu- turs voudraient pouvoir recourir, devraient être déposés dans les archives de l’Académie.
» Je vous prie, en conséquence, Monsieur, de prendre les mesures nécessaires pour que ce vœu soit rempli. Comme les présidents et les secrétaires des divers jurys qui se sont succédé depuis 4850, appartiennent à l’Aca- démie, 1l vous sera facile d'obtenir les procès-verbaux dont vous ne seriez pas encore dépositaire. »
— L'Académie palermitaine et la Société littéraire et philosophique de Manchester remereient l’Académie pour l'envoi de ses publications.
L'Académie Léopoldo-Caroline des Curieux de la Nature de Bonn fait parvenir dix-sept volumes de ses mémoires.
La Société de l’histoire et des beaux-arts de la Flandre maritime de France, établie à Bergues, département du Nord, donne connaissance de sa fondation et du désir qu'elle aurait d'entrer en relation avec l’Académie.
Il sera répondu que ces offres sont acceptées avec plaisir.
— M. De Hoon fait parvenir les observations météoro-
(3) logiques qu'il a faites à Furnes, pendant les mois d'avril, mai et Juin. |
— M. d'Udekem, correspondant de l'Académie, pré- sente des recherches sur le développement des infusoires. (Commissaires : MM. Schwann et Gluge.)
es
RAPPORTS.
Sur des vers recueillis a la suite d’une pluie; par M. Van Beneden, membre de la classe.
Ne pouvant me rendre à la séance prochaine de l’Aca- démie, j'ai l'honneur de faire parvenir à la classe les ob- servations suivantes au sujet des vers qui lui ont été adressés de la part de M. de Robiano, et sur lesquels elle a désiré avoir mon avis.
Ces vers n’ont rien de commun avec des Cestoides ou des Tenia ; mais, tout en vivant librement dans les jardins , sur les plates-bandes, et quelquefois sur des feuilles d’ar- bustes, ils ne sont pas moins parasites pendant la pre- mière phase de leur développement.
Ils sont connus sous le nom de Mermis nigrescens et for- ment une sous-division des dragonneaux (Gordius).
Ce sont des Nématoïdes à tube digestif incomplet. Ils établissent le passage entre les Nématoïdes franchement parasites, à toutes les époques de la vie, comme les Asca- rides et les Nématoïdes libres (fluviatiles ou marins), qui ne vivent jamais aux dépens d'un patron.
C4)
Les Mermis habitent, comme les Gordius, la cavité du corps d’un insecte ou quelquefois d’un mollusque, et, quand ils approchent de leur développement complet, ils quittent leur patron et vivent quelque temps dans la terre humide ou dans une flaque d’eau, pour répandre à la fin leurs œufs.
M. von Sieboldt a vu pénétrer ces jeunes vers dans le corps des insectes. Ils portent un dard à la tête dans le jeune âge pour perforer un tissu.
Ce sont les mêmes vers dont il a été question, il y a trois ans, au sujet d’une pluie de vers qui avait eu lieu à Louvain et dont 1l est fait mention dans le tome XX de nos Bulletins.
Tous ces vers étaient femelles.
Le mâle est encore inconnu.
— M. Schaar présente quelques observations sur deux . mémoires de M. Meyer qu'il a encore entre les mains, et sur le mémoire du même auteur dont 1l a parlé dans la séance précédente; il désire ne présenter ses conclusions que dans la prochaine réunion de la classe.
Cette demande est admise.
|
Note sur les tremblements de terre ressentis en 1855, avec les Suppléments pour les années antérieures ; par M. Alexis Perrey, professeur à la Faculté des sciences de Dijon.
HBapport de M. Quetelet.
« L'Académie, depuis plusieurs années, publie, pério- diquement les dates des tremblements de terre qui se
(a)
font ressentir à la surface du globe. Ces indications pré- cieuses par les relations qu’elles ont avec celles d’autres phénomènes de même nature, sont dues à un savant qui s’est uniquement occupé de leur étude; on conçoit facile- ment qu'elles conduisent à une appréciation plus appro- fondie des grands phénomènes de la nature, appréciation qui nous manquait encore, à cause de l'isolement dans lequel on laissait chaque branche des connaissances hu- maines. Notre Académie, par sa tendance, aura puissam- ment contribué à produire ce travail de généralisation dans la science; elle doit done présenter tout son appui aux physiciens qui l’aideront à atteindre le but qu’elle se propose.
On conçoit qu'il m'est impossible de présenter ici une analyse des documents que M. Alexis Perrey soumet à notre appréciation. J'avais à parler principalement de l'esprit dans lequel est composé cette espèce de catalo- gue, dont on appréciera chaque jour davantage l’utilité; je demsnderai done à l’Académie d'insérer, dans son pro- chain Bulletin, l'écrit du savant français, comme elle y a inséré les catalogues des tremblements de terre pendant les années précédentes. »
Ces conclusions, adoptées par M. Duprez, second com- missaire, sont admises par la classe.
(6)
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
re
Additions à la Récapitulation des hybrides observés dans la famille des Anatidées (voy.t. XIT, n°10, p. 555, des Bul- letins de l’Académie, 1845); par M. de Selys-Longchamps, membre de l’Académie.
En 1845, j'ai signalé vingt-cinq croisements différents dans la famille des Anatidées, la plupart complétement authentiques, mais quatre ou cinq douteux.
J'ai continué depuis de recueillir des renseignements sur ces hybrides; le nombre des croisements se trouve porté à une quarantaine, par suite de addition d’une quin- zaine de nouveaux cas.
Je profite de l’occasion, pour produire des additions ou des rectifications aux faits que j'ai publiés en 1845.
Parmi les quinze nouveaux hybrides, 1l y en à dix que j'ai observés moi-même en Belgique; ou pendant mes ex- cursions en Hollande, en France et en Angleterre. Les autres sont mentionnés d'après différents auteurs.
Je suis de plus en plus porté à crñire que la plupart des espèces d’Anatidées sont propres à produire des hybrides entre elles, lorsqu'elles sont confinées en domesticité, et qu'il n’y a pas, entre le couple, une trop grande dispro- portion de taille.
Aux notes théoriques de ma première notice, j'aurais pu joindre la conclusion des recherches de M. Is. Geoffroy S'-Hilaire, relativement aux hybrides parmi les mammifères (1826), conclusion qui se rapporte très-bien, comme il la
(3 dit plus tard, aux hybrides entre les espèces différentes de Faisans et aux mélanges (métis) entre de simples varietés de Poules :
« 4° Le produit de deux individus d'espèces différentes, présente généralement des caractères constants, fixes, et qui sont en partie ceux du père, en partie ceux de la mère; » (J’ajoute : ils sont presque toujours stériles.)
« 2 Au contraire, le produit du croisement de deux variétés de la même espèce, tient souvent de l’une ou de l’autre, mais souvent aussi ressemble entièrement à l’un des individus qui lui ont donné naissance; » (Ajoutons qu’ils sont féconds.)
Ces principes sont Justes, en effet, pour les croisements de la famille des Anatidées, pourvu que l'on n’attache pas un sens trop absolu aux mots caractères constants, fixes, sur lesquels je me suis expliqué dans la notice citée.
L'étude des hybrides éclaire la question de l’espèce en zoologie; les résultats que j'ai eu à noter concordent avec les principes généraux admis par les naturalistes qui aflir- ment l’existence des espèces. Si quelques hybrides se sont montrés exceptionnellement féconds, soit entre eux, soit avec l’une des espèces qui les avait procréés, ces produits ont tendu à s’éteindre; mais quelques-uns d’entre eux ont donné le curieux spectacle d’un croisement avec une troi- sième espèce, de sorte que nous avons vu un produit de second croisement qui s'analysait ainsi :
re es nat Anas boschas. : . . . 1) ë Et Anas strepera . . . |, | | nas boschas he, 1) Er Anas:Strepéra il eutlss 1. |
Et Anas penelope . . .
res
(8)
PREMIÈRE PARTIE.
Je commencerai par signaler les croisements qui ne sont pas mentionnés dans la Récapitulalion, puis je don- nerai les additions et corrections pour ceux qui s'y trou- vent déjà enregistrés : j'en étais resté au n° 25.
26. Cyenus aTRATUS (0") el Cyenus oLor (0).
Cygne noir et Cygne olor.
Je trouve une note précieuse sur cet hybride, dans les Proceedings de la Société zoologique de Londres, du 22 juin 4847, par M. Maurice Glencon, directeur du pare du comte de Shannon; en voici la traduction :
« À Castle Martyr, comté de Cork, sur les eaux du domaine du comte de Shannon, en 1845, un mâle de cygne noir s’accoupla avec une femelle de cygne blanc ordinaire, qui pondit six œufs dont quatre réussirent.
> Avant que les petits eussent atteint l’âge de six mois, trois d'entre eux moururent; celui qui subsista est presque comme Îe cygne noir, son père, quant à la tête, mais il ressemble au cygne blanc par le eorps. Il vit en société avec les autres cygnes de ces deux espèces.
» L'observation a été constatée avec exactitude dès l'origine.
» Cet hybride S'accoupla ensuite avec son père, et pon- dit quatre œufs, qui ne produisirent rien. »
Je remarquerai ici, comme pour le croisement de l’Anser cinereus avec la femelle du canadensis, que la mère a donné la presque totalité de son plumage au produit hybride.
(5)
27. Csenus o1or (o°) ef ANSER CINEREUS (©).
Cygne olor et Ote cendrée.
M. Samuel Morton (1) le cite d’après Frédéric Cuvier. N'y aurait-il pas ici double emploi avec l’hybride du Cygnus musicus et de l'Anser cinereus, dont j'ai parlé (n° 2) et qui a été observé au Jardin des plantes de Paris? J'ai lieu de le supposer. Reste à savoir quelle est la version exacte, et si même il y a eu réellement produit entre un cygne et une oie grise. Je serais, pour mon compte, beaucoup plus porté à croire à un croisement entre les cygnes et l’Anser canadensis, qui participe notablement des cygnes par ses lormes comme par ses mœurs, et que j'ai vu fréquem- ment chez moi quitter les associations d'oies domesti- ques, pour suivre, sur nos étangs, soit le cygne chan- teur, soit l'olor.
28. BERNICLA BRENTA (o"?) et BerNicLa LEUcorsIs (0 ?).
Bernache cravant et Bernache à face blanche.
Taille de la leucopsis. Il en diffère surtout, en ce que le devant de la tête n’est pas blane. Celle-ci et le cou sont noirs , excepté une tache blanche oblongue de chaque côté sur les joues. Cette tache commence après la mandibule inférieure du bec, sans la toucher; elle joint le dessous de l'œil et atteint la région des oreilles. L'oiseau diffère encore
(1) Zybridity in Animals ; considered in reference to the question of the unity of the human species ; by Samuel Morton M. D. (The american Journal of science and arts. Silliman. Mars 1847. — Pars II, Birds. Contin. from. p. 50., of the same volume. J'aurai plusieurs fois à citer ce mémoire important.
(10 )
de la leucopsis par les cuisses, qui sont noirâtres ainsi que la partie postérieure des flancs. Le dos est un peu plus obscur, mais on y voit encore des ondulations d’un cendré pur, et non couleur de suie, comme chez l’hybride de la leucopsis et de l’albifrons. Il va sans dire que les pieds sont noirs.
Je n’ai jamais entendu dire que la Bernicla se fût repro- duite en domesticité; d’après cela, je pense que ces métis sont nés d’une leucopsis femelle, cette dernière couvant facilement dans les parcs.
J'ai décrit cet oiseau d’après un exemplaire empaillé au Jardin zoologique d'Amsterdam. 11 provenait de Groe- ningue (Pays-Bas).
20, ANSER CYGNOÏDES ef ANSER PALLIPES. Oie cygne et Oie à pieds pâles.
Avant de parler de cet hybride, il est nécessaire de pré- venir que j'ai déerit, en 4855, dans la Naumannia, une espèce nouvelle sous le nom d’Anser pallipes.
Cette oïe est domestique en Hollande, d'où les mar- chands la portent souvent en Belgique; elle ressemble beaucoup à l’Anser albifrons (erythropus pars L.). Voici en quoi elle en diffère :
4° Les pieds sont d’un rose pâle (jaune safrané chez l’albifrons) ;
2 Le dessous du corps est blanc (poitrine et ventre barrés de noir chez l’albifrons adulte) ;
5° Le blanc du front descend plus largement à l'origine de la mandibule inférieure, et se retrouve au-dessous de celle-ci;
4° Le cri ressemble à un long éclat de rire (celui de l'albifrons rappelle, au contraire, le cri d'appel de PAnser segelum).
(11)
M. Schlegel a nommé cette oie Anser albifrons, race roseipes , aussi dans le même numéro de la Naumannia. Je ne sais lequel des deux noms a la priorité.
Quant aux hybrides avec la cygnoïdes, je les connais par des exemplaires que je dois à l’obligeance de M. le vicomte Félix de Spoelbergh , de Lovenjoul. Leur plumage ressemble plutôt à celui du cygnoïdes par la bande brune du dessus du cou et par la nuance gris assez clair d’une partie des grandes couvertures des ailes. Le bec varie, mais rappelle plutôt celui du pallipes par la couleur de chair qui y domine (excepté une tache jaune à l’arête), l'onglet blanc ou à moitié blanc, l’absence de tubercule frontal, le front et une tache sous le bec blancs.
L’un des exemplaires, qui est un mâle de forte taille, a les bords du bec et les narines finement noirs, et l’onglet noir traversé de blanc.
Les autres ont une sorte de ceinturon blanc sur le gris du bas de la poitrine, comme cela se voit souvent chez le cygnoides. Le bec n’a pas de noir. Les pieds sont jaune safrané, comme le cygnoïdes, dont ces oiseaux ont la sta- ture, la manière de nager avec le croupion relevé, un cri d'appel très-analogue.
Cet hybride est fécond, tout au moins en se croisant de nouveau avec l'Anser pallipes pur. Parmi les petits que j'ai obtenus ainsi, les uns ressemblaient tout à fait au père hybride que J'ai déerit d’abord; les autres étaient sembla- bles au pallipes par le bec sans noir, et les pieds roses. [ls ven différaient alors que par une taille un peu plus forte et le plumage un peu plus clair, la moitié externe des grandes couvertures des ailes étant d’un gris brun plus clair, ainsi que les grandes bordures des scapulaires, du dos et des flancs. Ces exemplaires avaient donc °/: du pallipes et ‘la du cygnoïdes.
(12)
50. ANSER CINEREUS 6f ÂNSER SEGETUM. Oîie cendrée et Oie des moissons.
J'ai indiqué (n° 12 de ma Récapitulation) le produit de l’oie cendrée sauvage avec les individus domestiques, en faisant remarquer que nos races de basse-cour diffèrent généralement du type sauvage par leurs pieds presque tou- jours jaune orangé, ce qui porte à présumer que l’Anser albifrons ou le segetum ont concouru à la formation des races domestiques.
Depuis ce temps, le Jardin zoologique de Londres à obtenu un second croisement de ces métis, qui ont produit un hybride en s'accouplant avec l’Anser segetum ou l'ar- vensis. Le bec de ces oiseaux est moins élevé que celui du cinereus, et il est plus ou moins marqué de noir, surtout à l'onglet.
Il est bon de faire remarquer qu’en 1851 je ne connais- sais pas encore la distinction des deux races ou espèces Anser arvensis et segelum de Naumann, de sorte que je ne sais pas au juste laquelle des deux se trouvait au Jardin zoologique de Londres.
31. ANSER ARVENSIS €É ANSER PALLIPES. Oie des champs et Oie à pieds pûles. M. de Spoelbergh me communique qu'on a obtenu ce produit à Lovenjoul. Je ne l'ai pas vu. 02. ANAS BOSCHAS €{ ANAS OBSCURA.
Canard sauvage et Canard obscur.
Mentionné par M. Morton (I. c.). Cet hybride a été ob- servé aux Etats-Unis, où l’Anas obscura vit à l'état sauvage.
(15) D3. ANAS BOSCHAS ۃ ANAS STREPERA.
Canard sauvage et Canard chipeau.
J'ai vu ce produit au zoological Garden en 1851.
54. Le même que le n° 55, mais croisé de nouveau avec l’'ANAS PENELOPE (Canard siffleur).
Un des hybrides (n° 33) s'étant accouplé avec un Canard siffleur, l'union a été féconde; il en est résulté un oiseau dans la formation duquel l’Anas penelope entre pour moitié, et les Anas boschas et strepera chacun pour un quart. Ce mélange de trois espèces si distinctes qu’on a voulu en faire trois genres, est un fail unique, à ma connaissance du moins, la fécondité des hybrides étant déjà très-exception- nelle.
39. ANAS BOSCHAS (o*) eé FULIGULA RUFITORQUES (9). Canard sauvage et Plongeur à collier roux.
Observé aux États-Unis par M. Morton (1. c.). On sait que le F. rufitorques y remplace, en quelque sorte, Île F, cristata d'Europe.
96, ANAS PENELOPE @{ ANAS ACUTA.
Canard siffleur et Canard pilet. Hybride signalé par Selby et rappelé par M. Morton (1. c.).
97. ANAS BOSCIIAS € ANAS CRECCA.
Canard sauvage et Canard crèque.
Un sujet mâle se voit au Muséum de Paris. La lête est verte, le vertex, l'occiput roux; la poitrine marron; Îles
(RE) flancs et le dos gris vermiculés de noir; le miroir des ailes vert, grand; la queue comme le Boschas, mais sans rec- trices médianes recourbées.
38. ANAS BOSCHAS @É ÂNAS SPONSA.
Canard sauvage et Canard fiancée.
Ressemble au n° 57, mais il n’y a pas de roux au vertex ni de blanc au croupion. Le bec est plus court. Il est également conservé au Muséum de Paris.
59. RayxcHASPIS CLYPEATA 6 ANAS ACUTA ?
Souchei spatule et Canard pilet.
Mâle : Bec dans le genre du clypeata, mais moins large. Tête de même, mais le dessus entre les yeux sans reflet vert; les joues, la gorge et les côtés du cou blancs, un peu pointillés de noir, région des oreilles et nuque vert foncé; bas du cou et poitrine marron vermiculé de noir; ventre et flancs comme l’acuta , ainsi que les ailes; les scapulaires moins allongées en pointe, ne formant pas à leur base la grande tache noir de l’acuta; dos, queue et ceroupion comme le clypeata. Pieds jaunètres.
C'est avec beaucoup de doute que Je présente cet oiseau comme un hybride. Je me fonde sur la circonstance que, dans la collection où je l'ai aequis, à Ems, 1] était indiqué comme tué en Allemagne, sur la forme intermédiaire du bec, même pour les lamelles, et sur le système de colora- ton, où la tête, la queue et les pieds rappellent si hien le clypeata, alors que les ailes, le ventre et les flancs sont pres- que comme chez l’'acuta. Je me fonde encore sur le motif, que je n'ai vu cet oiseau dans aucun Musée, bien qu'un ornithologiste 1llustre pense que c'est une espèce connue, sans pouvoir toutefois se souvenir du nom.
(15)
40, FuLIGULA CRISTATA ef ÂNAS QUERQUEDULA.
Plongeur huppé et Canard sarcelle.
Mentionné par M. Morton d’après Pritchard (|. c.).
A1. Furicuca NyrOCA et F'ULIGULA CRISTATA.
Plongeur nyroca et Plongeur huppé.
M. Mitchill m'a fait voir ce produit obtenu au Jardin zoologique de Londres, dont il est directeur.
Un de ces hybrides s’est apparié de nouveau avec un nyroca, et 1l en est résulté un second croisement fort in- téressant, qui se rapproche beaucoup du nyroca type, et qui est formé du nyroca pour trois quaris et du cristata pour un quart.
42. Fuuicua rERINA Cf F'ULIGULA NYROCA.
Plongeur milouin et Plongeur nyroca.
Ces hybrides, pris à l’état sauvage, à l’époque du pas- sage en Belgique, en Allemagne et en Provence, ont été décrits, comme espèce, sous le nom d’Anas Homeyeri, par M. Baedecker, dans la Naumannia (1852, page 19, avec une figure). M. Jaubert, qui le nomme F. intermedia, en a vu quatre en Provence et les a considérés comme hybrides. Le mien, un jeune mâle, a été pris à Liége en 1852, au mois d'avril.
Il se rapproche beaucoup du ferina par le bec, la tête, les yeux, les pieds. Il en diffère principalement par la coloration des ailes et surtout de leur miroir, qui est d’un blanc sale terminé de noir avec une bordure extrême blanche; l’intérieur du miroir est formé par quelques
(16 ) plumes d’un noir à rellet métallique verdàtre, mais moins prononcé que chez le nyroca.
Notre oiseau se rapproche done du nyroca par la cou- leur des ailes et de leur miroir, ainsi que par le roux de la tête et du cou, qui descend plus bas et se mélange insen- siblement avec le brun de la poitrine (laquelle est noire chez le ferina). Le dos est aussi presque comme celui du nyroca chez mon exemplaire, mais dans celui de la Nau- mannia, le dos est gris vermiculé de noir comme le ferina.
M. Baedecker à figuré une femelle, qui ne diffère guère de celle du ferina que par le miroir blane des ailes.
On ne peut affirmer avec certitude que ce plongeur soit vraiment un hybride, mais c’est très-probable.
45. FULIGULA SPECTABILIS El F'ULIGULA MOLLISSIMA.
Plongeur élégant et Plongeur eider.
M. le docteur Degiand rapporte que trois où quatre eiders de Terre-Neuve avaient sous la gorge deux traits noirs en forme de V, comme le spectabilis, mais d'une teinte moins foncée. M. Hardy (de Dieppe), qui les a reçus, les considère comme des métis du spectabilis avec le mol- lissima femelle.
Mais le prince Bonaparte et sir W. Jardine, qui en oni examiné d’autres, reçus de l'Amérique polaire, pensent, au contraire, que c’est une espèce distincte et la décrivent sous le nom de Somateria V-nigrum. Il y a lieu d'attendre de nouvelles observations.
44. FuLIGULA CLANGULA el MERGUS ALBELLUS.
Plongeur garrot et Harle blanchätre.
Décril sous le nom de Clangula mergoïdes, par M. Kjar-
(ET ) | bolling et de Clangula angustirostris, par Île pasteur Brehm. Il paraît que cet hybride est différent de celui nommé Mergus anatarius par M. Eimbeck. (Voir plus bas la note sur le n° 24.)
DEUXIÈME PARTIE.
Additions et corrections aux hybrides déjà signalés dans la Récapitulation, en 1845.
Les notes sont faites en suivant les mêmes numéros.
N° 2. Cvenus musicus et ANSER CINEREUS.
(Voir les observations au n° 27 plus haut.)
N°3. BERNICLA LEucoprsis el BERNICLA CANADENSIS,
Les exemplaires que le Jardin d'Anvers m'a cédés, ont niché et produit chez moi, en 1849 et en 1850, sur une petite ile du jardin. La première année, le petit qui était éclos est mort, mais la seconde, six œufs ont produit quatre pelits, qui ont parfaitement réussi. Tant qu'ils ont été cou- verts de duvet, il a existé entre eux une grande différence quant à la couleur de ce duvet, les uns étant blanchâtres, les autres jaunâtres. Une différence analogue s'est montrée lorsque leur plumage est devenu parfait. Chez les uns (les plus grands), le noir du cou ne descend güère plus bas que chez le canadensis, auquel ils ressemblent encore par les ondes claires du dos, qui ont une nuauce brun rous- satre.
Tome xx, — [[" part. 2
(18)
Chez un autre exemplaire (plus petit), le noir descend sur la poitrine, presque comme chez le leucopsis, et les ondes du dos sont cendrées.
Chez quelques exemplaires, les vestiges de taches blan- ches du front manquent.
Les deux mâles ayant été tués par un cygne sauvage, je n'ai pu pousser plus loin l'expérience sur la fécondité de ces hybrides (4).
Je suppose, d'après la description donnée par M. Mor- ton, d'un hybride d’Anser canadensis et d’Anser bernicla , qu'il s’agit du croisement dont je viens de parler, et que l'erreur de nom provient de ce que le leucopsis s'appelle en anglais bernacle, que l’on aura traduit par Anser ber- nicla (Cravant). Cet hybride a été observé par M. Ch. Wa- terton, à Walton-Hall, en Angleterre.
N° 4. BERNICLA CANADENSIS ef ANSER CINEREUS. Cité par M. Morton, qui le considère comme stérile, ce que J'avais déjà observé. N° 6. ANSER CYGNOÏDES 64 BERNICLA CANADENSIS.
Il s’est produit dans plusieurs parcs de Belgique, et varie beaucoup d’individu à individu ; sous le rapport de la colo- ration du bec, des pieds et du cou.
N° 8. Anser ALBIFRONS (erythropus, Récap.) ef BERNICLA LEUCOPSIS.
J'ai vu au Jardin d'Amsterdam des exemplaires à peu
(1) Les deux femelles restantes se sont successivement accouplées avec un Cygnus immutabilis ; elles ont construit un nid, pondu et couvé; le cygne mâle gardait les abords du nid avec assiduité, comme il l’eüt fait pour sa femelle; mais les deux années où ce fait s'est passé, aucun œuf n’est éclos.
(49 ) ‘ près semblables à ceux de Londres, que j'ai signalés. En voici une diagnose un peu plus circonstanciée :
Bec noirâtre ; un cercle blane étroit à sa base, plus pur que le front, la joue et le haut de la gorge, qui sont blan- châtres. Le cou d'un brun noir, ainsi qu’une tache entre l'œil et Le bec. Le reste du corps comme la leucopsis, mais le milieu de la poitrine, les flancs et les cuisses d’un brun noirâtre, à bordure de couleur de suie. Le dos participe aussi de cette nuance avec les ondes ordinaires de la leu- copsis. Pieds d’un jaunûtre pâle, livide. Taille de la leu- COpsis.
On voit que l'influence de l’Albifrons ne se fait guère sentir que par le cercle blanc étroit de la base du bec et la nuance fuligineuse du dos et de la poitrine.
N° 9. ANSER CYGNOÏDES et ÂNSER CINEREUS.
M. Morton constate que ce produit est fécond, ce que nous observons aussi en Belgique, où dans presque tous les grands troupeaux d’oies domestiques, on rencontre des individus qui portent le sceau de l'hybridité avec l'oie- cygne. Les uns ont du noir à l'onglet et à la base du bec; d’autres un cercle basal blanc au front; d’autres enfin, la bande dorsale brune du cou.
À cette occasion, je ne puis que confirmer ce que J'ai avancé; savoir, que notre race de cygnoïides, par son bec noir et le fanon de la gorge nul ou rudimentaire, diffère beaucoup de la race de la Chine, réimportée nouvellement en Angleterre, à bec fort, orangé et à fanon guttural.
N° 45. CairiNa MoscHaTA et TADORNA ÆGYPTIACA.
Îl y en à un exemplaire au Muséum de Paris.
(20) N° 49. AnNAs Boscrnas el CAIRINA MOSCHATA.
Ces hybrides ont aussi laspect du prétendu Anas pur- pureo-viridis, qui ordinairement est le produit du mos- chata mâle avec le boschas.
Je trouve dans le Catalogue raisonné des oiseaux du Caucase, de M. Ménétriés, un renseignement précieux qui n'avait échappé :
« L’Anas boschas, en domesticité, s’accouple avec le moschata, d'où il résulte un grand nombre de variétés; une des plus remarquables, et qui propage absolument semblable, s'est rendue sauvage; elle est un peu plus grande que son type, et ressemble assez au boschas femelle, avec le dessous du bec, un large collier, un miroir à Paile et les grandes pennes de celle-ci d’un blanc éclatant. »
Je ne sais si M. Ménétriés s’est bien assuré que cet hybride se propage; il est assez curieux qu’en parlant de l'autre hydride (purpurcoviridis), J'avais déjà soupçonné que c'était lui qu’on avait indiqué comme étant le moschata redevenu sauvage dans les contrées de la mer Caspienne.
N° 21. ANaAS ACUTA et ANAS BOSCHAS.
Voici le signalement d’un exemplaire mâle adulte qui fait partie de ma collection, et qui a été pris, dit-on, à l'état sauvage :
Bec de forme intermédiaire, ainsi que la queue, dont les deux rectrices médianes sont un peu plus longues que les autres et recourbées en haut. Plumage voisin de l'acuta par le dos, le ventre et les ailes, mais le miroir plusgrand, plus brillant. Couleur de la tête comme le boschas, mais moins verte, ayant au bas et en avant du cou un demi-collier
(A) | blanc plus large, remontant en s’amincissant sur les eôlés vers la nuque, comme chez l’acuta; haut de la poitrine, sous le collier, rappelant le boschas par des ondes brun roussâtre.
N° 93. Anas sponsa et FULIGULA CRISTATA.
Un exemplaire existe, en effet, dans les galeries de Paris et ressemble assez pour les couleurs à la femelle du Fuligula ferina.
N° 24. Furicura cLancuLa et MERGUS ALBELLUS.
À la réunion de la Société ornithologique allemande à Halberstadt, en 1855, une discussion intéressante a eu lieu sur cet oiseau, à propos d'un mémoire de M. Kjarbol- ling , qui croit posséder le jeune mâle, et donne à l'espèce le nom d’Anas (clangula) mergoïdes. Se sont prononcés dans le sens de l’hybridité : MM. Hartlaub, Kirchkoff, Pan- nier, Naumann, Heine, Baldamus, Von Homeyer, Blasius ; pour l'opinion d'une espèce distincte MM. Kjarbolling, Cabanis, Reichenbach, Hennecke.
M. Von Homevyer croit que le Mergus anatarius, vieux mâle de Eimbeck, est certainement un hybride, et que le jeune mâle, Anas mergoides de M. Kjarbolling l’est proba- blement. M. Hleine est du même avis quant à l’anatarius, mais trouve que l’autre est tout différent. On a fait obser- ver que le mergoides serait un clangula, avec un bec très- étroit, autrement conformé que celui de l’anatarius, qui se rapproche plus de Palbellus.
La notice de M. Kjarbolling est insérée dans la Nau- mannia de 1855, p. 327. Elle a pour sujet le jeune mâle en plumage d'hiver pris en février 14845, à Iseford, en Secland. Il y rapporte la femelle nommée Clangula angusti-
(2) rostris, par le pasteur Brehm. M. Baldamus est du même avis, mais 1] regarde avec M. Heine l’anatarius de M. Eim- beck comme différent.
N'ayant pas vu ces oiseaux, je ne puis me prononcer sur l'identité entre les deux hybrides; je hasarderai cependant une hypothèse pour expliquer leur diversité.
L’anatarius ne serait-il pas le produit du Mergus albellus mâle et du Fuliqula clangula femelle, et le mergoïdes (ou angustirostris Brehm) le produit du clangula mâle et de l’albellus femelle, ou bien l'inverse? Pour le plumage, il paraît que l’exemplaire mergoïdes ressemble assez au jeune albellus et l'angustirostris à la femelle du clangula.
M. Baldamus a parlé aussi de l’accouplement de la fe- melle de l'anas clangula avec le Mergus merganser mâle.
Les hybrides dont nous avons parlé, au nombre d’une quarantaine, se répartissent ainsi qu'il suit par grands genres :
Cygnus et Cygnus.
"et 'ADSEr Bernicla et Bernicla
— et Anser . Anser et Anser .
— et Cairina : . .
— et Chenalopex . Chenalopex et Plectropterus.
— et Anas
— et Cairina. Anas et Anas
— et Tadorna .
— et Cairina.
— et Fuligula .
Fuligula et Fuligula . — et Mergus .
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(26 )
— M. Quetelet rend compte d’une excursion qu'il a faite à Ostende avec MM. Becquerel pour vérifier quelques points de la physique du globe. I n'entrera pas dans le détail de lexpérience principale; elle appartient à son savant collègue qui en instruira sans doute l’Institut de France dont il est membre. M. Quetelet ne parlera que de l’électrieité de l'air à la surface de la mer, qui, dans son élat normal , est positive comme à la surface de la terre; la couche d’air resterait donc dans un état positif uni- forme; tandis que, d’après MM. Becquerel, la terre serait positive et la mer négative à des degrés très-prononcés.
L’uniformité de l'électricité dans l'air continue à être constatée depuis plusieurs années par des expériences ré- gulières qui se font comparativemeut avec l'Observatoire de Bruxelles, à Gand par M. Duprez, et à Ostende par M. le docteur Verhaeghe.
M. Stas rappelle qu'il a constaté le même fait, il y a quelques années, au moyen des expériences comparalives avec le directeur de l'Observatoire de Bruxelles.
Note sur les tremblements de terre, en 1855, avec supplé- ments pour les années antérieures ; par M. Alexis Perrey, professeur à Dijon.
Depuis plusieurs années , l’Académie royale de Belgique m'a fait l'honneur d'insérer dans le Bulletin de ses séances, mes catalogues annuels que je reproduisais ensuite avec suppléments dans les mémoires de l’Académie de Dijon.
Roersee——
(24)
Encounragé par l’accueil de l'Académie qui , l'année der- nière, a bien voulu faire imprimer ma Note pour 1854 avec les suppléments, je lui adresse de nouveaux et nom- breux documents sur les tremblements de terre. J'espère qu'elle voudra bien me continuer son bienveillant appui.
Lorsque, en 4847, je m'occupais , dans un premier tra- vail, de l’Influence de la lune sur les tremblements de terre, mon savant ami M. Bravais, membre de l'Institut de France, m'encouragea puissamment; il me dit qu'il croyait à cette influence et que c'était aussi l'opinion de M. Quete- let. M. Quetelet que j'eus le plaisir de rencontrer à Paris, en 4850, me communiqua alors son opinion personnelle. Depuis, en 4854, l’Académie des sciences de Paris a en- couragé mes travaux dans cette voie par l'approbation d'un rapport d'une commission composée de MM. Liouville, Lamé et Élie de Beaumont, rapporteur, et par une allo- cation de deux mille francs. L'Académie comprendra que Je saisisse avec empressement l'occasion de lui rappeler ces faits.
PREMIÈRE PARTIE.
SUPPLÉMENTS.
1843. — Avril. — Le 18 (n. st.), 8 h. 50 m. du matin, à Tébriz (Caucase), tremblement assez fort.
— Le 95, 1 h. 2 m. du matin, tremblement semblable, et à 5 h. 1 m. du soir, tremblement faible.
— Le 26,0 h. 29 m. du matin, tremblement faible, et à 5 h. du matin , tremblement assez fort.
— Le 28,9 h. 57 m. du matin, tremblement assez fort.
— Le 99, { h. 5 m. du soir, id.
— Le 50, 9 h. du soir, tremblement faible,
(2%) Mai. — Le 12,9 h. 2 m. du soir, trembleinent faible, Décembre. — Le 5, 5 h. du soir, tremblement fort.
4844. — Mai. — Le 19,7 h. 4 m. du soir, à Tébriz, trem- blement très-fort.
Septembre. — Le 12, 2 h. du matin, à Constantinople, faible secousse de 4 à 2 secondes de durée. Elle fut ressentie dans toute la longueur du Bosphore, dans les villages voisins, ainsi qu'à Nicomédie et plus loin encore.
1845. — Juillet. — Le 9, minuit et demi, à Tébriz, tremble- ment assez fort et prolongé.
Septembre. — Le 17, vers 2 h. 1/2 du soir, à Nangasaki (Japon), faible tremblement. :
— Le 27, 4 h. du matin, encore une secousse.
Décembre. — Le 21, 4 h. 15 m. du matin, à Nangasaki, trem- blement du NE. au SO. d'environ une minute de durée.
1846. — Février. — Nuit du 8 au 9, vers minuit, à Nanga- saki, une légère secousse.
— Le 28,8 h. 30 m. du matin, à Cincinnati (Ohio), tremble- ment. | |
Mars. — Le 18, dans la matinée, tremblement à Valparaiso (Chili).
— Le 25, minuit 45 m., à Maysville (Kentucky), deux se- cousses.
— Le même jour, 7 h. 30 m. du matin, à Cuba (île de Cuba), tremblement.
Avril. — Le 98, à Santa-Cruz, au sud de Cuba.
Mai. — Le 8, à Memphis (Tennessee).
— Le 50, 1 h. 30 m. du matin, à Salem et Newbury-Port, dans le Massachusets.
Juin. — Le 16, à la Martinique et à la Guadeloupe.
— Le 21, dans la matinée, à Vera-Cruz (Mexique).
(26 )
Juillet. — Le 10, à Deerfield, dans le New-Hampshire.
Août. — Le 4, 4 h. du matin, à Shanghaï et Ningpo , en Chine.
— Le 12, entre 1 et 2 h. du soir, à Fineastle { Virginie); en même temps on aperçut, dans le S., un météore se mouvant de V'E. à l'O; il éclata et descendit à terre sous forme de vapeur.
— Le 14, dans la mer Rouge, le lieut. Barker, du navire le Victoria, observa de la fumée au sommet de l'ile de Saddle (lat. N. 15° 7'et long. E. 42° 12’ de Gr.), du groupe appelé Ze- bayer, dont toutes les îles sont d’origine voleanique, mais dont on ne se rappelle aucune éruption.
L'île Sibble Seer, par lat. 15° 52’ N. et long. 41° 55’ E. aurait aussi lancé de la fumée, il y a quelques années. Elle aurait été en feu il y à environ 50 ans, suivant les pilotes arabes qui lui donnent le nom de Sibble Dookhan (colline de fumée). L'aspect seul prouve une activité ignée postérieure à celle des îles Zebayer.
— Le 22, vers midi, en Islande.
— Le 25, 6 h. du matin, dans les ports et les villes situés sur la rivière de la Nouvelle-Angleterre.
Septembre. — Le 2, à Gunony-Merapi (Java).
— Le 6, à la Trinidad, S'-Vincent et Grenada.
— Le 10, à la Trinidad.
— Le 12, au coucher du soleil, à Deerfield (N.-H.).
— Le 15, 11 h. du soir, au cap Haïtien (S'-Domingue).
— Le 16, ville de St-Domingue, deux secousses.
— Le 18, 5h. 1/2 du matin, à Buitenzorg (Java), légère se- cousse.
— Le 18 encore, au cap Haïtien, S'-Domingue.
— Le 50,1 h. du soir, à Buitenzorg, tremblement léger.
Octobre. — Le 1%, de nuit, tremblement considérable qui a duré 50 secondes. On a appris de Batavia que l’on avait ressenti la secousse sur le Gédé jusqu'à la hauteur de 4,000 pieds.
— Le 18, vers 9 h. du soir, à Boonsboro (Maryland).
— Le 95,1 h. du soir, à Tallahassee (Floride),
— Le 29, 9 h. du soir, à Deerfield (New-Hampshire).
(27)
Le 51, de nuit, à Deerfield (N.-H.).
Novembre. — Le 12, 7 h. 40 m. du soir, à Deerfield x. -H.)
— Le 28, à Porto-Rico (Antilles), tremblement suivi de 2 ou 3 secousses plus légères.
Décembre. — Le 2, à Deerfield (N.-H.).
— Le 17, à la Trinidad.
— Le 21, à Ternate, trois secousses très-violentes.
41847. — Janvier. — Le 8, vers 35 h. du soir, à Grafton-Harbor, Colburne , etc. (Canada occidental), tremblement accompagné d'un flux de marée du lac Ontario.
— Le 11, vers 4 h. du soir, à Nangasaki (Japon), une légère secousse.
— Le 11, 41 h. 50 m. du soir, à Albany (N.-Y.).
— 14, Rice-Lake. (Canada oriental), tremblement accompagné de la rupture de la glace dont les fragments s'amoncelèrent les uns sur les autres.
— Le 29, 9 h. 30 m. du soir, à Antigonish; environ 3 ou 4 m. après la secousse, un splendide météore apparut à l'O. et passa du N. au S. en faisant explosion à peu près à mi-chemin du zé- nith à l'horizon.
Suivant le Journal of commerce du 20 janvier, on aurait éprouvé une légère secousse, quelques jours auparavant, à Lin- colnville et à Cambden (Maine).
Février. — Le 2, à Deerfield (N.-H.).
— Le 7, 5h. 30 m. du matin, à Constantinople, très-faible secousse accompagnée d'un coup de vent dus.
— Le 7 encore, à Ternate, tremblement; deux autres se- cousses ensuite (date non indiquée).
— Le 8, à Capioco (Amérique méridionale), la ville fut à peu près détruite (la date laisse quelque doute) (1).
(1) Ne sagit-il pas de Copiapo (Chili), détruite en partie le 19 ?
(28 )
— Le 14,5 h. du soir, à Meredith (N.-FE.), et villes voisines.
— Le 19, à Belfast (Maine).
— Le 21, à Deerfield (N.-H.).
Mars. — Le 9, à Green Bay et Fox River { Wisconsin).
— Le 20, vers 7 h. 1/2 du soir, à Banjoemas (Java), tremble- ment.
Le 21, à Modjoredjo (Java) tremblement.
— Le 31, île de Cuba, tremblement accompagné comme de eontume (as usual) d'un fort coup de tonnerre.
Avril. — Le 1%, vers 9 h. du soir, à Lemington (Maine).
— Le 3, à Modjoredjo (Java), autre tremblement,
— Le 8, à Ternate, tremblement violent du N. au S.; durée quelques secondes.
— Le11,à Port-Praga (îles du cap Vert), dans la soirée et à divers intervalles pendant les six jours suivants.
— Le même jour, près de Sinope, dans la mer Noire.
— Le 27, à Mount Morris (New-York).
Mai. — Le 9,9 h. 45 m.et 10 h. 45 m. du soir, à Antigoa.
Le 12, midi 25 m. à Antigoa.
Juin. — Le 9, à Winnepisiogee Lake (N.-H.) ; un flux de marée.
— Le 114, à l’île de Zoku.
— Le 28, à Ico, côte du Pérou, beaucoup de dommages et de victimes.
Juillet, — Le 9, à Glen's-Falls, et dans plusieurs villes à 50 milles de distance, dans la matinée.
Août. — Le 8, vers 10 h. du matin, à Boston, Cambridge, toxbury, Dedham, Nantucket, Harwich (cap Cod) et Vineyard- Sound (Massachusets).
Septembre. — Les 5 et 6, à Dominique, une église et quel- ques bâtiments détruits.
Octobre. — Le 1%, 4h. 45 m. du soir, à S'e-Lucie, tremble- ment et quelques secousses plus légères.
— Le2,entre 7 et 8 h. du matin, à Mexico et Ocotlan; victi- mes nombreuses. Au Chili et au Pérou, plusieurs villes détruites.
(29 )
— Le 4, minuit, à Mexico.
Le 8, 11 h. du matin, à Valparaiso, Santiago, Coquimbo, La Ligua et Petorea (Chili); plusieurs secousses encore dans la journée et la nuit suivante. Le temps était chaud et extrêmement beau; le soleil brillait d'un éclat plus vif qu'à l'ordinaire. Au commencement du tremblement, l'horizon était obseur à l'O. La Ligua et Petorca ont été complétement détruites, Coquimbo a beaucoup souffert; dans la rivière, des pierres ont été arrachées du fond du lit et lancées à distance.
— Le 19, à Chattanooga, sur la rivière Tennessee, tremble- ment accompagné d'un météorite.
Novembre. — Le 15, 11 h. 50 m. du soir, à Richmond (Ken- tucky ).
Décembre. — Le 2, à l'ile d'Owyhee.
— Le 10, à Santiago.
Le 12 ou le 14, 8 h. 55 m. du soir, à Santiago, tremblement accompagné d'un violent tonnerre. L'atmosphère devint épaisse et pesante, les étoiles perdirent leur éclat; mais bientôt après, chaque chose revint à son premier état.
— Le 16, à Lisbonne, cinq secousses.
Le 19, à Lisbonne, cinq secousses.
— (Sans date mensuelle) au Kamtschatka, plusieurs secousses.
1848. — Janvier. — Le 1°, sur plusieurs points de la Nou- velle-Écosse. A Port's-Lake et Lawrence-Town, la glace se brisa en fragments, et des portes de maisons furent renversées.
— Le même Jour, à S-Lucie, murs lézardés.
— Le 10, à Malte, quatre secousses.
— Le 14, entre 1 h. et 4 h. 1/2 du soir, à Nangasaki (Japon), léger tremblement accompagné de pluie, de grêle, de neige et de tonnerre.
— Le 24, 11 h. du matin, à Nangasaki, violente secousse suivie bientôt d'une seconde et d'une troisième semblables à la première.
( 50 )
Février. — Le 1‘, dans la baie d'Honduras. Le mème jour, à Yarmouth et Sherburne, dans la Nouvelle-Écosse.
— Le 3 (n.s.), 8 h. 8 m. du soir, à Tébriz (Caucase), trem- blement faible avec bruit souterrain.
— Les 16, 17,18, à Batavia, Cheribon, Bonjoemas, Kaddok, Samarang, Rambang et à travers l’île de Java; plusieurs bàti- ments renversés , beaucoup de personnes de tuées.
— Le 20, 9 h. 6 m. à Tébriz, tremblement extrêmement fort. À 11 h. 14 m., tremblement faible.
— (Sans date de jour), à Mayaguez (île de Porto-Rico), plu- sieurs secousses légères.
Mars. — Le 7, 5 h. 10 m. du matin, à Tébriz, tremblement fort. À 5 h. 50 m. du matin, un autre faible.
Avril. — Le 4, entre 8 et 9 h. du soir, à Nangasaki, une se- cousse.
— Le6G, dans la matinée, à S'-Thomas (Antilles).
— Le même jour, dans la soirée, à Zanesville et Norwalk (Ohio).
— Le 10, vers 1 h. du matin, à Nangasaki, forte secousse de JE. à l'O.
— Le 12, de nuit, à Santiago (Chili).
— Le 17, à S'-Martin et S'e-Lucie (Antilles).
— Le 21, 6 h. du matin, à Falmouth (Jamaïque). Le même jour, à S'-Martin (Antilles).
Mai. — Le 5,7 h. !/2 du soir, à Nangasaki, légère secousse.
— Le 11, à Kingston (Jamaïque).
— Le même jour, à Valparaiso (Chili).
— Le 13, à Chantibun, Siam (Inde angl.). Voici les détails donnés par le Singapore free Press, sur le tremblement à Chan- tibun : « D'abord une violentesecousse, accompagnée d'un bruit épouvantable et de mugissements souterrains. Les portes et les meubles furent ébranlés. Mais, ce qui est plus extraordinaire, on vit sortir de terre, pendant la secousse, des matières filamen- teuses semblables à des cheveux, presque partout, dans les
(51)
bazars, sur les routes, dans les champs et les lieux les plus arides. Ces cheveux, qui sont assez longs, se dressent et adhèrent au sol. Quand on les bràle, ils se torüllent comme des cheveux humains et donnent une odeur qui ferait croire que ce sont des cheveux véritables. Ils ont apparu en un clin d'œil pendant le tremble- ment. La rivière de Chantibun coulait doucement et il s'en dégageait des bulles de gaz, de manière que la surface en était toute blanche. On a attribué cette matière chevelue à l'électri- cité. Les montagnes de Chantibun courent dans une direction à peu près NS, et se réunissent au système qui sépare Cambeja de Siam. »
— Le 16, éruption du Kloed, à Java.
Les 8 et 9 septembre 1854, M. Arriens a visité cette montagne dans le but de constater les changements qui, causés par cette éruplion, pourraient subsister encore. Il parle avec enthousiasme de ce lac d’un bleu azuré qui occupe le fond du cratère et dont la belle description donnée par M. Junghuhn n'a certainement rien d'exagéré.
« Car, ajoute-t-il, malgré tout ce que nous nous attendions à voir, nous fimes cependant un pas en arrière à l'aspect de ce précipice effroyable sur le bord duquel nous nous trouvions tout à coup. Après quelques moments de repos, nous fümes effrayés par un fracas aussi subit que violent.
» Tous les veux se portèrent vers le lac, et le mot de l’énigme fut connu. C'était un éboulement causé par le vent à l’un des pics qui environnent le cratère, et qui faisait rouler, presque au- dessous de nous, comme une avalanche, une masse énorme de sable et de pierres. Il fut si considérable qu’une partie forma un talus de 45° en dehors du lac.
» Plusieurs éboulements semblables se succédèrent ensuite.
» On peut conclure de là combien il doit s’en être fait dans le lac depuis 1848, combien plus il doit s’en faire pendant les grandes pluies, et, enfin, combien d'éboulements pourront être causés par une nouvelle éruption! »
(52 |
L'auteur cite à la fin de sa relation quatre légers tremble- ments de terre éprouvés dans cette région : le 12 mai, à minuit et demi, le 12 juillet, dans la soirée; le 10 septembre, vers mi- nuit, et le 12 octobre, au soir (1).
— Le 18,11 h. du matin, à Kediri (Java), trois secousses.
— Le 20, 5 h. du matin, à Versoye (Maurienne), forte secousse.
Le 21,2 h. 30 m. du soir, une seconde secousse moins forte;
Le 29, 0 h. 15 m. du matin, une troisième;
Le 25, 4 h. 50 m. du matin, une quatrième;
— Le 20, 5 h. du soir, à Nangasaki, secousse légère.
-— Le 25, Montreal (bas Canada). Le lendemain pluie torren- telle.
— Le 26, Mont Aboo à Deesa (péninsule de l'Inde occidentale).
Juin. — Le 4, vers 1 h. du matin, à Nangasaki, forte secousse.
Juillet. — Le 9, vers 3 h. du soir, dans toute la Jamaïque.
— Le 13, après 7 h. du soir, à Nangasaki, légère secousse du SE. au NO.
— Le 20, 2 h. après-midi, secousse lente.
— Le19,1i h. du soir, à Tébriz, fort tremblement.
Août. — Le 7, au fort Kearney.
— Le 9, entre 6 et 7 h. du soir, à Buenos-Avyres et Monte- video. Le phénomène y était inconnu.
Le 15, 8 h. 20 m. du matin, à Montevideo.
Le 19, 10 m. avant minuit, à Montevideo, tremblement avec un bruit semblable au tonnerre dans le lointain. Il se renouvela 295 ou 30 m. après.
— Le 17, à S'e-Lucie (Antilles).
— Le 21, à S'-Kitts, trois secousses pendant un affreux ou- ragan. (J das donné la date des 22 et 25).
— Le 29, minuit 20 m., à Antigoa, l'ouragan était dans toute sa force.
(1) Watuurkundig T'ijdschrift voor nederlandsch Indie, t. VII (IV de la uouv, sér.), pp. 455-460, Batavia, 1854.
(38) |
Septembre. — Le 9, vers 10 b. du soir, à Rhode-lsland, Con- necticut, New-York, New-Jersey et Pensylvanie.
— Le 16, à Miguclete et Montevideo ( Amérique du Sud), deux secousses.
— Le 24, à l'île de Bonavisto. Le même jour, à Halifax.
— Le 25, à Portsmouth (Angleterre).
Octobre. — Les 16 et 17, aux Açores, plus de mille secousses simultanées avec celles de la Nouvelle-Zélande.
— Le 19, dans la matinée, à Sandwich (Angleterre).
Novembre. — Le 4, aux Acores, succession de secousses pen- dant environ deux mois, simultanées avec celles de la Nouvelle- Zélande.
— LeG,5 h. 15 m. du matin, à Grand-fsland { Canada).
— Les 15 et 19, à Tabago (Indes occidentales).
Décembre. — Le 11,3 h. du matin, à Montréal (bas Canada).
— Le 25, à Bois-le-Duc, Jartelrode et Vestenbosch (Hollande).
1849. — Janvier. — Le 1°, à Campo (Portugal).
— Le 114, à Panama (Amérique centrale).
— Le 20, aux Barbades (Indes occidentales), plusieurs se- cousses.
— Le 25, à la Dominique (Indes occidentales).
Février. — Le 4, à Newport (Rhode-Island ).
— Le 13, à Potisdam, S'-Laurence ( N.-Y.).
— Le 15, à Springfield (Massachusets), de nuit; de même
dans le comté de S'-Laurence (N.-Y.). _ — Le 27, à Santebo, Chihuahua (Mexique).
Mars. — Le 13, 1 h. du matin, à Memphis (Tennessee), cap Girardeau (Miss.), Cairo (Illinois) et Kickman ( Kentucky).
— Le 16, à Washington, trois secousses.
— (Sans date de jour), au Roseau (Dominique), secousses légères; à la Soufrière, elles furent fréquentes et violentes.
Avril. — Le 13, à la Dominique. Le même jour à Maracaïbo (Amérique du Sud).
TOME xx1x, —— JIM paRT. 5
(9)
— Les 14, 15,17, 19 et 20, à la Dominique.
— Le 24, aux Indes orientales.
Mai. — Le 3, à Maracaibo, secousses pendant plusieurs heures; grands dommages.
— Les 5 et 6, à la Dominique et S'°-Lucie.
— Le 8, vers 4 h. du soir, à S'-Andrews et Kingston (Ja- maique ).
— Le21, minuit, à Mexico.
Juin. — Le 25, le soir, à Santiago (Cuba).
Août. — Le 1%, à Porto-Rico, tremblement.
— Le 7, 10 ‘Le h. du matin, à Tébriz, tremblement très-fort.
— Le 20, 8 h. du matin, entre Gloggnitz et Wiessar; plu- sieurs maisons ruinées à Weiss-Passung.
— Le 50,5 h. du soir et minuit, deux secousses sur plu- sieurs points de laJamaïque.
Le 31, midi, à la Jamaïque.
Septembre. — Le 25, à Cordova, Mexico.
— Le 28, à Mexico.
Octobre. — Le 8, comté de Middlesex (Massach.), dans l'après- midi.
— Le 10, île de la Jamaïque.
Novembre. — Le 1°, dans la matinée, à Snowhill (Maryland).
— Le 16, 5 h. 55 m. du matin, à Coquimbo (Chili).
Le 18, 6 h. 10 m. du matin, à Coquimbo, tremblement qui dura 84 secondes; un autre à 7 h. 25 m., une demi-douzaine de secousses. Brise de l'O.
Le 20, encore à Coquimho.
— Le 25,8 h. du soir, à Kingston (Jamaïque). Ondulation de l'E, à l'O.
— Le 26, à Henderson (Kentucky).
1850. — Janvier. — Le 12, à Eddyville (Kentueky ). — Le 16, entre 11 h. et 2 h. à San-Francisco (Californie), Lrois secousses.
(5)
Février. — Le 5, à Deux-Rivières (Wisconsin).
Le 22, vers 3 h. du soir, dans la partie méridionale de la cité du Grand Lac salé ( Great salt Lake), légère secousse.
Mars. — Le 15, 1 h. du matin, à Kingston (Jamaïque).
— Le 30, entre 10 et 41 h. du matin, dans le comté de Wayne (Caroline du Nord ).
Avril, — Le 5, à Raguse ( Dalmatie). :
— Le 4, un peu après 8 h. du soir, à Louisville, Maysville, Indianapolis, Elizabeth-Town, Nashville, Paducah, Olney, mont Carmel, et autres points du Kentucky, de l’Indiana, de Flllinois et du Tennessee.
— Le 8, à Mayaguez (Porto-Rico), les cloches sonnèrent par l'effet du choc. Vent violent avant la secousse.
— Le 13, à Smyrne, les secousses continuèrent toute la jour- née, la nuit, le temps S'éclaircit, et le lendemain les secousses cessèrent.
— Le 19, 11 ‘ h. du soir, à Brousse (Anatolie), secousse suivie de deux autres dans la nuit.
Le 21, quatre nouvelles secousses ; peu après les plus fortes, il y eut des orages de grêle.
— Le 19, 41 h. 45 m. du soir, à Constantinople, secousse assez forte pour faire osciller les maisons en bois, balancer les lits, ouvrir les portes dans la direction du S. au N. Cette se- cousse, qui dura 6 à 8 secondes, fut précédée d’un sifflement semblable à celui du vent qui souffle à travers les fentes d’une porte. Le vent du S. régnait depuis le 44, et ne passa au N. que le 20 au soir.
Le 20, 2 h. 10 m. du matin, nouvelle secousse à peu près de la même force, mais moins longue que la précédente.
Juin. — Le 5, à Massoire ( Inde}.
— Le 8, à Portiand (Jamaïque).
— Le 16, vers Tom’s River, comté de l'Océan ( New-Jersey ).
— Le 20, 6 h. 30 m. du soir, en mer, par 8° lat. N. et 36° long. O. La température était de 78° F.; vent NE., accompagné de pluie.
(56)
Juillet. — Le 10, 4 h. 45 m. du matin, à Constantinople, faible secousse horizontale de 5 ou 4 secondes, accompagnée d'un bruit lointain de vent et de détonation. Elle paraît avoir été plus sentie à Buyuk-Déré qu'à Péra. Vent du N. régulier.
— Le 20, de nuit, à Dalton, Géorgie (États-Unis).
Le 27, dans la matinée, encore à Dalton; l'air était tout à faut calme. Le tremblement fut accompagné d’un bruit semblable au tonnerre dans le lointain.
Août. — Le 15, à San-Diego (Californie) sur le Gila.
Septembre. — (Sans date de jour), à Westmoreland (Jamai- que), forte secousse.
Octobre. — Le 1%, 5 h. 25 m. du matin, à Cleveland (Ohio).
— Le 17, une demi-heure avant le point du jour, à Farmville ( Virginie).
— Le 21, aux îles d’Antigoa et S':-Thomas.
— Le 25, midi 55 m., à Malte, deux secousses; quelques vieux bâtiments furent endommagés.
— Le 26, île d'Antigoa et île S'-Thomas, tremblement vio- lent.
— Le 29, dans la soirée, à l’île S'-Martin, deux secousses.
— Le 50, 4 h. du matin, en mer, par lat. 16° 30° N. et long. 54° 50’ O.; 4 h. 50 m. du matin, par 25° 50’ lat. N. et 8° long. O, Le temps était parfaitement clair et l'air calme.
Novembre. — Le 9, dans la soirée, à Fredericton ( New- Brunswick ).
— Le 6, 6 h. 15 m. du matin, à Valparaiso, Une seconde se- cousse à Valparaiso et à Santiago (Chili), une demi-heure plus tard.
— Le 16, vers 1 h. 50 m. du matin, en mer, par 58° lat. S. et 76° long. O., trois secousses à des intervalles de 39 ou 40 secon- des; pas de changement dans le baromètre ni le thermomètre.
1891. — Janvier. — Le 5, à Waterville et Troy (Maine). — Le 50, 5 h. du soir, à S'-Andrews, Campo Bella, Friars head et Milton (Canada oriental).
(31)
— Dans les derniers jours du mois, à Milan et à Zurich, secousses.
— Dans le courant du mois, éruption du Kloed à Java.
— Avant le 4° février, aux îles Sandwich, secousses très- fortes.
Février. — Le 2, 5 h. du matin, à Carthagène (Amérique du Sud); nombre de maisons renversées, plusieurs personnes blessées.
Le 7, 5 ‘2 h. du matin, encore à Carthagène.
— Le 14, à Grenoble (Isère), tremblement avec détonation souterraine.
— Le 15, de grand matin, à Shanghaï (Chine), tremblement accompagné d'un bruit sourd.
— Le 16,53 h. 7 m. du matin, à Tébriz, tremblement très-fort.
— Le 20,35 ‘2 h. du matin, à Porto-Ricoet S'°-Marthe ; mai- sons endommagées.
Le 22, à Porto-Rico, trois nouvelles secousses, dont une en- dommagea les murs de City-Hall.
— Le 14, 2 h. 20 m. du soir, à Tébriz, tremblement assez fort avec bruit souterrain. |
Le 25, 9 h. 1 m. du matin, phénomène semblable.
Mars. — Le 25, à Valparaiso (Chili), tremblement.
Avril.— Les 3, 4, 5, 6 et 7, à Valparaiso, une secousse à peu près toutes les heures; plusieurs furent violentes. Le 4, à midi, commença un grand orage qui dura 42 heures.
Le 9, à Valparaiso, cinq secousses. Depuis le 2, trois secous- ses au moins toutes les 24 heures.
Le 13, nouvelles secousses.
Le 20, encore; on comptait déjà 75 secousses depuis le 2.
— Le 8, dans la matinée, à l’île d’Antigoa, trois secousses.
Mai. — Le 5, à Gorgona ( Amérique du Sud), tremblement suivi d'un violent orage.
Le 26, 4 h. 20 m. du soir, à Copiapo (Chili), tremblement qui dura deux minutes. Jusqu'à 8 h., une secousse chaque minute; elles se rencuvelèrent pendant plusieurs jours. On les a ressen-
(58) ties à Caldera, Huasco, Mines de Chanariello, Tres Puentas et Huasco Bajo.
Juin. — Le 10, 8 h. du matin, à l'ile S:-Thomas.
Juillet. — Le 3, près de Sodasprings et le long de Bear River, à 200 milles en deçà du Great salt Lake.
— Le 15, 6 h. du matin, en mer, par 48° 13’ lat. N. et 127° 12’ long. O., tremblement du SE., accompagné d'un bruit sourd semblable au tonnerre.
— Le 95, les eaux du lac Michigan s’élevèrent de 2 à 4 pieds, et retombèrent tout à coup, toutes les heures, pendant tout le jour. À la brune, la surface était unie comme un miroir, l’eau s'éleva deux fois à 4 pieds sans le moindre vent.
— Le 27, 5 h. 40 m. du matin, et le 28, 4h. du matin, aux Bermudes.
Août. — Le 5, 6 h. 10 m. du matin, à Alger, trois secousses précédées d'une violente explosion souterraine.
— Le 7, 5 h. du soir, à Edwardsville et Alton (Illinois), et à S'-Louis (Missouri).
— Le 8, à Truxillo et dans l'Honduras.
— Le 10, 8 h. 55 m. du soir, à Ashville (S. C.), tremblement accompagné de bruit,
— Le 13, éboulement de la montagne de Galeztas, en Tran- sylvanie. Il dura jusqu'au 15.
Le 17, aux Indes occidentales, Castrico, S'-Lucie, mou- vement alarmant de la mer, appelé ground swell.
— Le 18, à Truxillo et dans l'Honduras.
— Le 25, 9 h. du soir, à Constantinople, faible secousse hori- zontale, de 1 à 2 secondes, dans la direction dus, au N., et suivie d'un coup de vent d'E. de peu de durée. Vent de NE. régulier.
— Le 253 encore, tremblement sous-marin.
Septembre. — Le 1°", dans l'Honduras.
— Le 8, 41% h. et 5 h. du matin, à Trinidad, port d'Espagne.
Le 9, encore à Trinidad.
— Le 18,7 12 h, et 9 h. du soir, à Valparaiso.
(59 )
Octobre. — Le 11,9 1/2 du soir, à Deerfield (New-Hampshire); atmosphère parfaitement calme, température 75° F.; pluie le lendemain.
— Le 30, 7 h. 52 m. du soir, à Tébriz, tremblement très- fort avec bruit souterrain.
Le 51, minuit 7 m., tremblement faible.
Novembre. — Le 9, dans la matinée, à Mexico.
— Le 12,7 h. du soir, à San Francisco ( Californie).
Le 15, 7 h. du soir, encore à San Francisco; dans le port, des personnes embarquées éprouvèrent un mouvement singulier des eaux.
Le 15, 10 h. du soir, encore à San Francisco, nouveau trem- blement suivi d'une pluie violente.
— Le 25,2 h. ‘/2 du matin, à Trinidad, port d'Espagne.
Décembre. — Le 1°, à Oaxaca (Mexique ).
— Le 16, à l’île S'-Thomas (Antilles).
— Le 25, quelques minutes avant 8 h. du matin, à Brudsort (Vermont ), secousse de quelques secondes.
— Le 30, vers 5 h. du matin, à San-Francisco ( Californie ).
Le 31, trois nouvelles secousses, la première violente à 3 h. du matin, la deuxième à 9 h. 35 m. et la troisième à 11 h. 40 m. du matin.
1852. — Janvier. — Le 7, 5 h. du matin, en mer, par 40° lat. N. et 126° long. O.
Le 8, 2 h. 50 m. du matin, en mer, par 49° 95) lat. N. et 126° 50’ long. O.
— Le 9, G h. 9 m. du soir, à Batavia, deux secousses violentes et une légère; direction de l'E. à l'O. À Buitenzorg, 6 h. 25 m. du soir, trois fortes secousses de l'E. à l'O. À Tjivingin, trois fortes et quatre légères secousses, à la même heure et dans la même direction. À Serang, une seule très-forte, à la même heure. À Telokbetong et Lampongs, violente secousse horizon- täle du SO. au NE, à la même heure.
( 40 )
— Le 10, 6 h. 49 m. du matin, New-Bedford (Mass.}, Provi- dence et Warwick (Rhode-Island).
— Le 17,7 h. du matin, à Belize (Honduras); durée une mi- nute (on dit même 2 m.); à Galveston (Texas); même heure.
— Le 25, 2 h. du soir, à Holly Springs (Miss.); à Memphis (Tenn.); S'-Louis (Missouri); Laurenuburg (Kentucky) et Bo- livar, 2 h. ‘2 du soir.
Le 24, à Memphis (Tenn.), quelques secousses.
Le 26, à Louisville (Kentucky).
— Le 27, 6 h. du matin, à Kediri (Java), quelques secousses el bruit souterrain. Direction du SO. (sic). À Madioen, 6 h. 30 m. du matin, plusieurs secousses de PE. à l'O. A Patjitan, même heure, bruit souterrain.
Février. — Le 16, dans le comté de Cecil (Md.)
Mars. — Le 12, à Greenwood (Louisiane); le sol s'ouvrit de la largeur d’un doigt.
— Le 15, à Guanaxuato ( Mexique).
— Le 20, 5 h. du matin, à Santa-Cruz et dans toute l'île de Ténériffe.
— Le 22, 9 h. du soir, à Tjiamis, dans le Cheribon (Java), trois secousses de l'E. à PO.
— (Sans date de jour), tremblement dans l'Honduras.
Avril. — Le 12, minuit, à San Diego (Californie).
— Le 14, à Georgetown (Guyane anglaise).
— Le même jour, à Hawaï (Sandwich), forte secousse.
Le 17, sur les bords de la Loire (France), tremblement ac- compagné de tonnerre.
— Le 29, midi 45 m., à Raleigh (Caroline du Nord); Was- hington, deux secousses; à Baltimore et Frederictown (Ma- ryland); Brooklyn (île de Long-lsland); quatre secousses à l'arsenal des Etats-Unis près de Philadelphie; Lynchbourg et Stauton (Virginie); Greensborough (N.-C.); et dans la vallée des montagnes du Cumberland (Tenn.).
Mai. — Le 5, 5 h. du matin, à Abingdon (Virginie), du NE, au SO.
QELS
— Le 6, 2 h. du matin, à l’île de Metelin.
— Le10, à Apalachicola (Floride).
Le 41, à Apalachicola (Floride), violent tremblement.
— Le 15, quelques minutes après 6 h. du matin, à Curacoa (Curaçao?), deux secousses.
— Le 26, à la baie de Chung-Weï, province de Shokingah (Chine), tremblement dont les nombreuses secousses se sont re- nouvelées pendant quinze jours. Plus de 300 personnes ont péri; et 400 ont été sérieusement blessées; dégâts et ruines considérables.
Juin. — Le 30, à Claremont, N.-H. et Windsor (Vermont ).
Juillet. — Le 2, le matin, à Kediri (Java), quelques secousses du SE. (sic).
— Le 7, 7 h.50 m. du matin, à Kingston, Falmouth, baie Montego et dans toute l'île de la Jamaïque; puis à 5 h. 145 m. du soir, ondulations du N. au S.
À 7 h. 20 m. du matin, en mer, à 70 milles de la Jamaïque.
— Le 17, à Santiago de Cuba, une secousse ressentie en mer par le vaisseau le Tropic, à 70 milles de l'O. de la Jamaïque (le même peut-être que le précédent ?).
— Le 21,5 h. 23 m. du soir, à Telokbetong, district de Lam- pongs (Java), une faible secousse; temps couvert; pas de vent, pluie douce.
Le 25, 10 h. 37 m. du soir, plusieurs secousses horizontales du SO. au NE. pendant deux minutes; ciel couvert tout le jour et vent faible du N.
— Le 50, à Lindau (Bavière) et en Allemagne.
Août. — Le 1°, à Groton (Connecticut).
* Le 2, vers 11 h. du soir, à Bathurst (N.-B.) et dans le comté de Gloucester (N.-B).
— Le 3,11 h. 40 m. du matin, à Tébriz, tremblement faible avec bruit souterrain.
— Le 4, vers 4 h. 1} du matin, dans la présidence du Ben- gale, tremblement violent.
— Le 14, de nuit, à Deerfield (New-Hampshire).
(42)
— Le15,7 h.'} du matin, à Walkampton ( Angleterre).
— Le 18, à Port-au-Prince et Gonaïves (S'-Domingue).
— Le 19, à New-Madrid (Arkansas); à Port-au-Prince, deux secousses, À à 3 h. et l’autre 4 h. du matin.
— Le 20,8h. 38 m. du matin, à Falmouth et Montego-Bay (Jamaïque), première secousse; une troisième à 9 h. du matin; 8 à9 h. du matin, à Kingston , une violente secousse du N. aus.
Le 21, 5 h. 40 m. du matin, à Falmouth et Montego-Bay (Ja- maïque), trois secousses.
— Le 25, entre 2 et 3 h. matin, à Aïken (S.-C.) et Au- gusta (Géorgie).
— Le 26, au coucher du soleil, à Ramazan et dans les vil- lages voisins (Grèce et Turquie), cinq secousses; une vingtaine de personnes de tuées.
— Le928, à Haïti, Gonaïves (S'-Domingue) deux secousses.
— (Sans date du jour) à Eyersura (?), 300 maisons renver- sées, 17 personnes ont péri.
Septembre. — Le 5,à Santiago de Cuba.
— Le 12, 10 h. 45 m. du soir à Banjoemas (Java), quelques secousses consécutives du NNO. au SSE.
— Le 18,5 h. du matin, à Abingdon (Virginie). Le même jour, aux Antilles.
— Le 22, 44 h. du matin, à Érié (Pennsylvanie).
— Du 16 septembre au 6 octobre, M. Lange, ingénieur géo- graphe, visita Kakas, résidence de Manado (Célèbes) et les envi- rons. Il y eut un tremblement si léger qu'il ne fut indiqué que par le cercle vertical de M. Lange.
Octobre. — Le 2, dans l'après-midi, puis le 7, à Valparaiso (Chili), nouveau tremblement.
— Le 10,7 h. du soir, à Clinion (Géorgie).
Le 11,8 h. du soir, en Géorgie (États-Unis), puis à minuit. Le même jour aux Antilles.
Le 12, 4 h. du matin, encore en Géorgie.
— Le 12, 11 h. 50 m. du matin, à Tjilatjap, plusieurs se-
(45 ) cousses. Vers midi, à Poerworedjo et Keboemen, quatre secousses de l'E. à l'O. A Galoe (Tjiamis), à la même heure, une violente secousse, ondulation du S. au N.; temp. 82 F. Cinq heures après la nouvelle lune.
Le même jour, 7 h. 50 m. du soir, à Tagal, une légère secousse du S. au N. À Magelang, vers 8 h. du soir, une légère secousse du N. au S. A Keboemen, même heure, légères secousses de l'E. à l'O. À Bandjernegara et Tjilatjap (h.?), secousses importantes. Direction non indiquée. 6 heures après la nouvelle lune.
Le 15,8 h. du soir , à Koetoeardjo (Java), quatre secousses de VE. à l'O. A Galoe (Tjiamis), 8 h. 15 m. du soir, trois secousses du S. au N. Soixante heures après la nouvelle lune.
— Le 15 encore, de nuit, dans le comté de Neutra (Hongrie), deux violentes secousses, ressenties principalement à Sassons et à Stephanus.
Le 16 et 17, à Sagor en Syrie.
— Le 17,9 h. 7 m. 36 s. du matin, à Buitenzorg, une légère secousse du $S. an N. 5 jours avant le premier quartier de la lune.
— Le 17 encore, aux Antilles.
— Le 22, minuit, à Clinton (Géorgie), et à l’île S'-Lucie.
— Le 25, à Axboda et Guerrero (Mexique).
Le 928, vers 6 h. 5/2: du matin, dans la résidence de Cheribon, régence de Galoe, deux fortes secousses, l'une d’un mouvement gyratoire et l’autre oscillatoire du SO. au NE. (M. J. Hageman les rapporte à 1853 (1)).
La veille, le temps avait été chaud et couvert; avant et pen- dant le tremblement, il était calme et accablant, il tomba quel-
_ ques gouttes de pluie et il s’éleva presque aussitôt un vent
violent suivi d'une grande pluie; dans plusieurs endroits ce tremblement fut accompagné de coups de tonnerre.
Novembre. — Le 10, à Amboine, tremblement de terre et tremblement sous-marin.
(1) Voyez p. 50 suivante.
(41
— Le 11,7 h. du matin, sur la côte occidentale de Sumatra, à Singkel et Sibogha (Nias), tremblement qui a ébranlé un espace de 180 milles carrés. La masse entière des eaux a été agitée sur toute cette étendue; on a ressenti la secousse en mer à 3 milles de Goenong Sitoli (Poeloe Nias).
— Le 20, en Californie (partie sud), commencement d'une série de 32 secousses.
— Le 23, 6 h. 42 m. du matin à Soerabaja, légère secousse du NO. au SE. ressentie aussi à Samarang et à Pasoeroean; elle fut accompagnée d'un mouvement des eaux du S. au N. dans la mer de Grati, 3 1/2 jours avant la pleine lune.
Le 26,7 h. ‘2 du matin, dans l'archipel des Moluques, vio- lentes secousses, du NO. au SE., précédées d’un bruit souter- rain ; elles furent accompagnées et suivies, dans le bassin des îles Banda, d'un violent mouvement de la mer qui s'éleva très- haut et descendit très-bas, surtout dans les baies dont les embou- chures se trouvaient dans la direction du mouvement des eaux.
Banda a été à peu près dévastée. À 7 h. 40 m., il y eut, à Neira, une première secousse verticale, suivie, pendant cinq minutes, de secousses horizontales si violentes qu'il était impossible de se tenir debout, La plus grande partie des habitations de Banda fut renversée ou rendue inhabitable. Le sol s'entr'ouvrit dans plu- sieurs endroits, et une partie du Papenberg s'écroula. Désasires immenses à la Grande-Banda et à Louthoir.
Un quart d'heure après ces secousses, l'ean commença à s'éle- ver et à descendre dans la baie avec une rapidité étonnante; en 20 minutes elle atteignit 26 pieds. Le mouvement se renouvela quatre fois de suite, après quoi il diminua et finit à 4 heure de l'après-midi.
Dans les premières ascensions, l'eau monta jusque sur le toit des magasins et fit sombrer une quantité de petits bâtiments (praauwen) qui se trouvaient à l'ancre; soixante hommes envi- ron perdivent la vie.
Après ce tremblement, on ressentit une odeur infecte qui per-
(49 ) sista pendant plusieurs jours, même après qu'on eut nettoyé et brûlé tout ce qui avait été rejeté par la mer.
A la Grande Ceram les vagues s’élevèrent si haut que toutes les maisons dans le voisinage de la plage furent inondées; la plu- part des praws se perdirent.
À Amboine, ce tremblement ne causa aucun dommage im- portant; le mouvement des eaux ne fut que léger dans la baie; mais dans celles de Saporoea et de Tiouw, le mouvement fut si considérable que l’eau s’éleva de 10 pieds au-dessus de la marque des plus hautes marées et baïssa tellement que des endroits, où il y avait ordinairement 5 à 6 brasses, restèrent à sec.
Suivant des nouvelles du 24 janvier suivant, à Banda, le sol n'élait pas encore en repos.
— Le 26 encore, à la jamaïque, et à Port-au-Prince.
— Le 27, 7 h. du matin, à Lima (Pérou) et en mer.
— Le 27 encore, vers 11 h. du soir, à Salem (Massach.), Exeter (New-Hampshire), tremblement.
— Le 27, 11 h. 45 m. explosion et bruit sourd à Newbury- Port (Massach.) et le long de fa vallée de Merrimac; secousse à Beverley, Woburn, Groton, Wenham, Danvers, Amesbury, Tapsfield, Hamilton , Ipswich et Portsmouth.
Décembre. — Avant le 12, à Guerrero (Mexique), légères se- cousses.
— Avant le 20, à Fayal (Acores), une vingtaine de secousses.
— Nuit du 20 au 21, vers minuit et demi, à Samarang, une légère secousse du SE. au NO.; durée, 45 secondes.
Le 21, vers 1 h. du matin, à Magelang et à Temangong, tremblement oscillatoire de VE. à l'O. pendant une minute. A la même heure, secousses oscillatoires avec bruit à Banjoemas; à Begaleen, à Tjilatjap et à Poerwokerto, secousses violentes; à Poerbolingo , une légère secousse. À Tagal, plusieurs secousses du S. au N.; elles furent violentes et durèrent deux minutes; à Cheribon et Indramajoe, secousses de l'E. à l'O.; à Tjiandjor, bruit de bourdonnement et secousses du S. au N.; à Poerwokerto,
(46 ) secousses verticales et horizontales, direction ONO. (sic). À Bui- tenzorg , fort mouvement ondulatoire du SSO. au NNE. pendant une minute et demie.
A Batavia, O h. 45 m. du matin, bruit souterrain et tremble- ment oscillatoire du SE. au NO.; à Serang et Tjiringin, même heure, secousses du SO. au NE. pendant une minute et demie. Age de la lune, 9 jours 23 heures.
La même nuit, O h., 39 m., dans le district de Lampongs, à Telokbetong, tremblement violent qui dura trois minutes. Les secousses furent horizontales du SO. au NE. et précédées d'un bruit souterrain. Quoique dans la journée du 20, le vent eût été à l'O. et au SO., la chaleur avait été extraordinaire: le thermomètre s'était élevé à 91°F., à 3 h. de l'après-midi. Déjà, dès le 6 dé- cembre, on avait remarqué des irrégularités dans les montres et les boussoles; la déclinaison et l’inclinaison avaient augmenté.
— Le 24, 5 h. 39 m. du soir, à Lampongs, une légère se- cousse oscillatoire. L'air était calme et le ciel couvert.
— Le 28, 7 h. 21 m. du soir, quatre nouvelles secousses hori- zontales de l'O. ? S. à l'E. ? N. dans l'intervalle de deux minutes.
Le tremblement des 20-21 décembre, le plus étendu qu'on ait jamais éprouvé à Java, a ébranlé un espace de terre de plus de 33,000 palen carrés, principalement dans la partie oceiden- tale. Comparativement aux années précédentes, l'année 1852 à été très-riche en tremblements de terre à Java : on a constaté en 1852, 10 tremblements, suivant M. Hageman, qui les pu- blie annuellement en tableau ; en 1851, 5, en 1850, 5, en 1849, aucun; en 1848, aucun.
L'étendue du sol ébranlé a été, dans les trois dernières années : en 1850, 18,500, — en 1851, 9,000, — et en 1852, 67,000 palen carrés, dont environ 8,000 l'ont été deux fois.
— Dans le courant du mois, les secousses ont continué à la Trinidad et à Cuba. M. E. Meriam cite, sans entrer dans des dé- tails : Somersetshire (Angleterre); Los Angeles (Californie); Galles du Sud (Australie); Hamilton (Bermudes); la Jamaïque
(47), (Antilles), quelques secousses; Annatto Bay, trois secousses :
Valparaiso (Chili); Malaga (Esp.); le Désert, côte N. du Paci- fique; S'-Lucie (Antilles), deux secousses.
1853. — Janvier. — Le 24, les secousses continuaient en- core à Banda.
— Le 27, vers 2 h. du soir, à Tjilatjap, trois légères se- cousses consécutives, de l'E. à l'O. sur une étendue de 1,000 palen carrés. Deux jours après la pleine lune. évrier. — Le 7, à Batsjan (Java), encore un nouveau trem- blement qui dura six minutes. Depuis le 26 novembre, les se- cousses avaient été très-fréquentes à Banda et dans tout l'ar- chipel des Moluques.
— Le 15, à Belize (Honduras), violent tremblement.
— Le 28, vers 2 h. et quelques minutes de la nuit, à Ma- nado, une secousse verticale.
Mars. — Le 14, de 7 à 9 h. du matin, le Gedeh a lancé de grandes colonnes de fumée et de cendres.
— Le 19, G h.!/2 du matin, à Manado, deux secousses hori- zontales.
— Le 20, à Smyrne, tremblement.
Avril. — Le 1%, à 19 h. et le 2, à 1 h., dans la résidence de Banda, légères secousses.
Le 6, 4 ‘2 h. du soir, mouvement horizontal de très-longue durée.
Le 7, 4h, et le 11, 7 h. du soir, une légère secousse.
Le 21, 5 {a h. et 812 h. du soir, deux secousses légères. Pas de dommages.
— Le 12, 4 h. 10 m. du matin, à Amboine, très-fort trem- blement de l'E. à l'O. et d’une demi-minute de durée.
Le 43, 4 h. du matin, encore un tremblement violent de l'E. à l'O.
Pendant les 3 à 6 jours suivants, il y eut chaque jour, sept ou huit secousses de moindre intensité.
( 48 )
Le 16, plusieurs secousses. Ces diverses secousses n'ont causé aucun dommage. |
— Le 12 encore, vers 4 1/2 h. du matin, à Hila et Larieke, tremblement du S. au N. Durée, 45 secondes. Dans cette der- nière localité, une mosquée éprouva de graves dommages.
— Le 26, à Weaverville (Californie), deux secousses.
Mai — Le 8, de nuit, à Probolingo (Java), légère secousse sur une étendue de 300 palen carrés. Nouvelle lune.
— Le20,à Augusta et Waynesville (Comté de Burke, Géorgie).
— Le 22, en mer, par 5° lat. S. et 107° long. O., deux secousses.
— Le 24, à Bytown (Canada).
— Le 24, 6 1}2 h. du soir, à Manado, trois nouvelles secousses très-légères.
— Dans le courant du mois, à Banda, plusieurs secousses légères.
Juin. — Le 2, de nuit, en Californie.
— Le 3, Bridgetown ( Nouvelle-Écosse), deux ou trois se- cousses.
-— Le 8, 5 h. du matin, à Turin, légère secousse.
— Le 14,2 h. du soir, à Croe, forte tempête du NO., avec de violentes secousses de tremblement de terre qui ont causé des dommages considérables aux établissements publics et à des maisons particulières.
Le 15, vers 5 h. 5/4 du matin, à Telokbetong, pendant un vent violent, quatre secousses consécutives et horizontales du NO. au SE. Le thermomètre, au moment des secousses, qui du- rèrent environ 50 secondes, se maintint à 76° EF. Depuis quel- ques jours, une chaleur accablante alternait avec des averses, mais le thermomètre se maintint toujours élevé.
Le 19, 3 h. 49 m. du matin, à Manado, violentes secousses horizontales de l'E. à l'O. pendant trois quarts de minute. La veille au soir, le thermomètre n'était pas descendu au-dessous de 80° F, ce qui est extraordinaire , attendu que les nuits sont
(49.5 | très-froides à Manado. C'est le quatrième tremblement depuis le commencement de l'année.
— Le 29, en mer, sans autre indication.
— Dans le courant du mois, à Banda, plusieurs secousses légères.
Juillet. — Le 1%, 4 1/2 h. du matin, à Banda, violente se- cousse ondulatoire qui, d'abord légère, s'accrut d’une manière étonnante; les personnes qui se trouvaient debout ne résistè- rent à une chute qu'avec efforts; les horloges s’arrêtèrent. Vers 4 1}2 h., on ressentit encore une légère secousse; il n'y eut ce- pendant aucun dommage.
— Le 7, aux îles Sandwich.
— Le 17, entre 5 et 6 h. du matin, à Portland, Old-Orchard Beach, Saco et autres villes (Maine), deux secousses.
— Le 19, à Ternate, une secousse très-violente.
— Le 25, dans ja soirée, à Hawaïhae (îles Sandwich}, deux secousses,
— Le 29, dans la soirée, à Hawaïhae (iles Sandwich).
Août. — Le 5, entre midi et ! h., à Mexico, fort mouvement ondulatoire qui mit les meubles en mouvement.
— Le 21, entre 9 et 40 h. du maun, bruits étranges entendus à Dayton, Troy, Cincinnati, et autres villes de l'Ohio. Ils res- semblaient à des décharges d'artillerie; maisons ébranlées.
— Le 21,5 h. 50 m. du soir, à Bezoeki (Java), une secousse du S. au N. À 4 h. précises, une deuxième secousse, très-vio- lente, de même direction et de quelques secondes de durée, sur un espace de 400 palen.
— Le 24, à Canas et Bagares (Amér. cent.), maisons renversécs.
— Le 27, à Thèbes (Grèce), tremblement.
— Le 98, 7 h. 7 m. du matin, à Tébriz, fort tremblement.
— Le 28 encore, à New-Madrid (Mississipi), tremblement.
Septembre. — Le 2, dans la partie inférieure de la vallée de S'-Joaquin (Californie), plusieurs secousses. — Ne sont-elles pas d'octobre?
TOME xxu1, — Il" part. 4
(50)
— Le 5, à Cumana encore.
— Le 3 encore, dans la résidence de Manado, une légère secousse. |
Le 4, 2 h. du soir, deux nouvelles secousses très-fortes.
— Le 4 encore, 6 h. du matin, à Banda, légère secousse hori- zontale du NO. au SE.
— Le 7, 11 h. 40 m. du soir, à New-Bedford et Dartmouth (Massachusets ).
— Le 8, à Tanas (Amér. cent.), les secousses continuent avec plus ou moins de violence chaque jour. A San-Jose (Amér. cent.), violent tremblement de plus d’une minute de durée.
— Le 13, à Athènes et à Thèbes.
— Le 19, 6 h. du matin, à l’île de S'-Thomas.
— Le 30, à Banda, secousse horizontale du NO. au SE.
Octobre. — Le 1%, à Banda, légère secousse.
— Le 2,2 h. du soir, à Kingston (Jamaïque).
— Le 11, 10 5/2 h. du soir, à Padang (côte occidentale de Sumatra), tremblement très-violent, mais sans dommages. Les secousses continuèrent avec un fort bruit souterrain et durèrent 57 secondes.
— Le 12, vers 6 1}2 h. du soir, à Poerworedjo et à Wonosobo, une secousse sensible du NE. au SO.
— Le 14 et le 19, à Banda, légères secousses. Le volcan lan- çait plus de fumée qu’à l'ordinaire.
— Le 25, à Eureka et Baie-Humboldt (Californie), ainsi qu'au Pérou.
Le 25, à la Baie-Humboldt encore.
— Le 28, vers 6 5/4 h. du matin, dans la résidence de Cheri- bon, régence de Galoe, deux fortes secousses, l’une d’un mou- vement gyratoire, et l’autre oscillatoire du SO. au NE. La veille, le temps avait été chaud et couvert; avant et pendant le tremble- ment, 1l était calme et accablant; il tomba quelques gouttes de pluie et il s'éleva presque aussitôt un vent violent suivi d’une grande pluie. Dans plusieurs endroits, ce tremblement fut ac-
(1) compagné de coups de tonnerre (1). Il a ébranlé un espace de 200 palen.
— {Sans date du jour), à Callao et à Lima (Pérou), deux se- cousses.
— À Acapulco (Chili), secousses quotidiennes.
Novembre. — Nuit du 1° au 2, dans le district de Cheribon (Galoe), deux nouvelles secousses verticales de bas en haut et de haut en bas dans la direction du SO. au NE. (sic).
Le 2, vers 4 h. du matin, encore une légère secousse, sur une étendue de 200 palen. Ces divers tremblements n’ont causé au- cun dommages.
— Le 5, à Pinea (Amér. cent.), violent tremblement.
— Le 8, à Banda, deux secousses verticales d'environ G se- condes de durée et accompagnées d’un bruit souterrain qu'on entendit encore les trois jours suivants et à une grande distance.
— Le 20, 11 h. du soir, à San-Francisco (Californie). On en
. avait éprouvé plus de 30 depuis le 4‘ janvier.
— Le 21, à Antrim (N.-H.), violent, à San-Francisco encore. — Le 22, à Banda, encore une légère secousse. Sécheresse | continuelle pendant le mois, sauf quelques jours de pluies à la fin. : — Le 23, dans la république Argentine.
| — Le 28, à Antrim (N.-H.), violent.
— Le 50, vers 2 h. du matin, dans le district de Galoe (Java), | secousses d'abord verticales, puis ondulatoires du SO. au NE. | d'environ dix secondes de durée. L’atmosphère était lourde et le | temps couvert; il s’éclaireit sous l'influence du vent qui s’éleva. | Température de 79° F. Sans autres dommages que quelques murs lézardés. 200 palen d'ébranlés. Nouvelle lune.
| Décembre. — Le 1°, vers midi, à Provo-City, territoire d'Utah. — Le, 9 h. du matin, à Durango (Mexique), violent.
— Dans la première décade, vers 2 h. du soir, à Constantinople,
(1) Ge même phénomène a été rapporté pour 1852. Voir p. 45 précédente.
PEN Où
\ / une secousse qui fit craquer les murs et les boiseries. Durée, une seconde environ; vent d'E.
— Le 10, à Banda, quelques secousses horizontales de l'E. à l'O. et de dix secondes de durée.
— Le 18, entre 6 et 7 h. (?), à Memphis (Tennessee).
— Le 25, à Shasta (Californie).
— Le 27, à Manado, légères secousses.
— Nuit du 30 au 31, à Amboine, une légère secousse.
Dans le courant de l’année, on a remarqué de grands change- ments aux environs de l’île de Key et des deux îles de Poeloe- Pisany (Moluques); on les attribuait aux mouvements du sol et de la mer. Le 26 novembre 1859, le terrain de ces îles était encore mou et de couleur jaune d'or. Le gouverneur des Moluques avait expédié un bateau à vapeur pour en faire un examen approfondi.
Entre les îles Trando et Kauwer (du groupe des Key-Eïlanden), on a découvert trois bancs de sable, dus probablement aux com- motions terrestres et marines de 4852. Ils se composent de corail et de sable jaune. L'un d'eux aurait disparu, les autres seraient déjà couverts de broussailles.
M. J. Hageman résume ainsi l'étendue des six tremblements éprouvés, en 1853, à Java : superficie ébranlée, 2,300 palen, beaucoup moindre qu'en 1851, 1852 et 1850. Environ 200 pa- len carrés ont élé agités trois fois.
Dans le courant de 1855, il n'y a pas eu moins de six tremble- ments de terre à Tjiamis, et, suivant les communications faites à MM. Blecker et Mayer, lors de leur dernier voyage dans le Sud des régences de Préanger et de Cheribon, des tremblements de terre ont lieu presque chaque semaine, dans la vallée de Garoet (entre le Goentoer, Papandajang, Tjikorai, Karadjak, Galoen- goeng et Telagabodas). Là et dans les environs, les propriétaires se sont entendus pour tenir note de ces secousses fréquentes et en envoyer régulièrement le journal à la Société des sciences de Batavia.
— Dans le rapport fait par M. G. Gibbs, sur l'exploration du
( 5
pays situé entre les 47 et 49 parallèles pour l'établissement d'un chemin de fer de St-Paul à Puget-Sound, il est dit (1) que le mont Baker, près de Puget-Sound, a eu une légère éruption pendant l'hiver de 1853-1854, qu'il a lancé de légers nuages de fumée. La dernière éruption de cette montagne avait eu lieu en 1843, en même temps qu'une légère secousse de tremblement de terre à Port-Langley. L'auteur observe que le mont S'e- Hélène lançait alors de la fumée, et il ajoute :
« Le mont S'e-Hélène et le mont Baker sont les deux seuls vol- cans actuellement en activité dans cette chaîne. La dernière érup- tion considérable a eu lieu en 1842; elle couvrit de cendre le pays jusqu’à Vancouver et Dallee et parut tout en feu quand la fumée se fut dissipée. Les Indiens rapportent qu'il y avait trois montagnes qui fumaient toujours, le mont S-Hélène, le mont Hood et le mont Adams. Suivant leurs légendes traditionnelles, ces deux derniers étaient l'homme et la femme. Ils prirent feu dans une querelle où le S'-Hélène fut vainqueur. Le mont Hood se montre depuis timide et effrayé, tandis que Île S'°-Hélène, au cœur courageux, brûle encore. Suivant quelques versions, ce fait se rattacherait à la formation des cascades de la Columbia, dont il reste encore des vestiges visibles aujourd'hui, événement que Lewis et Clark regardent comme antérieur d'une trentaine d'années à leur arrivée dans ce pays. Il est très-probable que ces cascades sont un effet des tremblements de terre, qui, quoique rares, ne sont cependant pas inconnus sur cette côte. La tradi- tion des Indiens ne mentionne aucune éruption de lave, elle ne parle que de fumée et de cendre. Les Indiens ajoutent encore qu'il s'en dégage une odeur qui fait mourir le poisson. Les cen- dres sont si épaisses et si meubles autour du pied du mont S'e-Félène qu'on ne peut y voyager à cheval.
1854. — Janvier. — Les 2, 3, 4 et 5, dans les détroits de
(1) Æmer. jour., 21 ser., vol. XX, p. 297, sept. 1855.
(54) Saparoea et Haoreko, secousses très-fortes, du SE. au NO. avec fort bruit souterrain.
La mer, pendant la première secousse du 4, était dans une agitation violente et débordait sur la plage du détroit. Ces se- cousses n’ont pas causé de dommages. On ne les a pas ressenties à l’île d'Amboine.
— Le 8, à Banda, secousses avec bruit souterrain entendu sur un grand espace.
— Le 10,7 h. du soir, à Wilmington (Ohio) deux secousses.
— Le 14, à Banda (Java).
— Le 17, en mer, par # lat, S. et 880 long. E.
— Le 19, à Ternate, une secousse légère.
— Le 20, à Lima (Pérou), plusieurs secousses.
— Le24,5h.15 m. du matin, à Constantinople, une secousse faible. À 5 h. 45 m. du matin, nouvelle secousse plus forte et composée de sept ou huit oscillations du S. au N., qui durèrent moins de 3 secondes. Vent du SE. très-faible, du 25 au 27 au soir.
— Le 26, à Banda, phénomène semblable à celui du 8.
— Le 29, à Manchester, comté de Klay (Kentucky) et à 95 milles à la ronde, deux secousses.
Le 30, 5 h. du matin, à Manchester.
Février. — Le 2, à Ternate, une secousse légère.
— Le même jour, à Santiago de Cuba, deux secousses par une chaleur remarquable pour la saison.
— On écrit de Truxillo (Amér. centrale), le 40 : « Depuis plusieurs mois, nous éprouvons des secousses continuelles qui ont répandu l'alarme parmi les habitants. »
— Le 12, à Cosenza, tremblement déjà cité; en voici le jour- nal d'après M. Scaglione (1).
(1) Cenno storico filosofico sul Tremuoto, che nello nolte del di 12 ve- nendo à 13 febbrajo dell anno 1854 ad una ora meno un quarto scosse orrendamente la città di Cosenza e variè paesi vicèni pel Ferd. Scaglione, Cosenza , 1855 di p. 69, in-4°,
TT EP OR ES CIE VO IN PE CE
(95 )
Le 13, dans la matinée, trois fortes secousses et deux autres entre 35 et 4 h. de la nuit (de 8 12 h. à 9 12 h. du soir).
Le 15, une légère secousse.
Le 17, autre secousse.
Le 24, 2 54: h., et 5 ‘2h. du matin, deux secousses légères.
Le 26, vers 1 h. du matin, tremblement.
Le 27, vers midi 40 m. une secousse; vers 4 h. 50 m. du soir, une autre plus forte.
— Vers minuit du 22 au 25, à Reading (Mass.), secousse avec bruit qui, comme le mouvement du sol, a paru de l'O. à VE.
— Le 98, à Lexington (Kentucky ).
Mars. — Le 1*, 10 h. 25 m. du soir, à Cosenza, une se- cousse.
Le 5, vers 11 ‘}2 h. du matin, à Cosenza, une légère secousse: deux autres semblables la nuit suivante.
— Le 5, de nuit, à 60 milles à l'E. de Lexington (Kentucky), deux secousses.
— Le 7, au point du jour, à Cosenza, rombi dans l'air.
Le 12, vers 7 ‘l h. du soir, autre rombo.
— Le 14, dans l'État de Géorgie.
— Le 15, vers midi, à Cosenza, tremblement accompagné d’une détonation dans l'air. Rombo, vers 9 1/4 h. du soir.
— Le 19, à Catanzaro et dans les environs, secousse.
— Relativement au tremblement ressenti ce jour, à S'-Sébas- tien, dans les Pyrénées et en France, j'ajouterai la note suivante que je dois à M. Casiano de Prado, l'un des fondateurs des observatoires météorologiques en Espagne : « Un habitant de S'-Sébastien était allé se promener, ce soir-là, du côté du Chofre; il éprouva une telle sensation de froid qu'il ne put s'empêcher d'y prêter attention. Il continua néanmoins sa promenade sur Îles montagnes qui dominent la ville, et, de retour à S'-Sébastien, vers l'heure du coucher du soleil, il fut surpris du changement de température. Malgré le vent modéré qui soufflait, c'était alors la température douce d'une soirée d'été, »
(56)
— Le 20, un peu après minuit et demi, à Cosenza, une légère secousse encore.
Le 21, vers 11 h. 55 m. du soir, une légère secousse.
Le 22, vers 9 h. 54 m. du soir, une forte secousse.
— Le 24, dans le district de Marlborough (Australie), une secousse comme celle d’un tremblement de terre. Il y eut une espèce d'éruption, la terre fut lancée en l'air.
— Le 25, vers 3 %/4 h., à Cosenza, tremblement léger. I fut violent à Palerme et dans les environs.
— Le 26 (heure non indiquée), tremblement à Potenza.
—— Le 28, de nuit, à Cosenza, une secousse; vers midi un quart, une deuxième.
— Le 30,2 h. du matin, à Manado et Kema (Java), une vio- lente secousse.
— Le même jour, vers 10 1/4 h. du matin, à Cosenza, tremble- ment.
Le 51, vers 9 h. 20 m. du soir, encore une légère secousse.
— (Sans date de jour), à Coyutepeque (San-Salvador), une se- cousse,
Avril. — Le 4, vers midi et demi, à Cosenza, forte secousse.
Le 5, vers 6 h. 25 m. du matin, secousse légère.
Le G, vers 4 h. 25 m. du soir, rombo sans tremblement.
Le 7, vers 7 1} h. et 9 1} h. du matin, deux rombi dans Pair.
— Le 9, entre 8 et 9 h. du matin, à l'île St-Thomas.
— Le 10, { h. du soir, à Cosenza, légère secousse.
Le 11, 1 ‘2h. du soir; à Monteleone (Cal. citér.), forte se- cousse; à Cosenza, on entendit deux forts rombi, mais sans tremblement.
Le 15, entre 5 ‘2 h. et 4 1/2 h. du matin, à Cosenza, deux légères secousses. Vers 4 1/2 h. du soir, une légère secousse assez sensible à Montalto.
— Le 14, entre 40 et 41 h. du matin, à San-Francisco (Cali- fornie), deux secousses.
— Le 17, vers 9 1/2 du matin, à Cosenza, secousse médiocre,
(57)
— Le 19, vers 8 h. du soir, à San-Giovanni in Fiore, forte secousse.
— Le 19 et dans les premiers jours de mai, à Panda, fortes seCOUSSes.
— Le 20 et le 28, à Manado et Amoerang (Java), très-fortes secousses du NO. au SE. et du N. au S.
— Le 20, 9 h. du soir, à Montezuma, Cayuga, Port-Byron et les bords du lac de Cayga (N.-Y.).
— Le 25, le lac Erié à Dunkirk, Barcelona et autres places, fut troublé aussi bien que l'Ontario, par des flux et reflux de marée,
Mai. — Le 2, à Guatemala et San-Salvador, nouvelles se- consses.
— Le 3, vers 9 h. du matin, à Probolingo et Pradjekan (rési- dence de Bezoeki, Java), deux secousses du SE. au NO. sans dommages.
— Le même jour, 9 h. 30 m. du matin, dans la résidence de Kediri, tremblement d'abord faible et ondulatoire du NE. au SO .; il à fini par une secousse très-forie. On a seulement constaté quelques dommages à Prigi, 6,700 palen carrés d’ébranlés.
— Le même jour encore, 8 1/9 h. du matin, près du Bator {volcan de Bali), une secousse très-violente du S. au N. Elle a duré près d’une minute. Le volcan était en activité; il y a eu éruption de lave.
— Le5,9 h. du matin, à Vera-Cruz, Jalapa, Mexico, Acapul- co, Oaxaca et Jamiltepeque. Dans cette dernière ville on compta de 50 à 60 secousses : des montagnes s’écroulèrent aux environs.
— Le 13, à Santa-Barbara (Californie).
— Le 15, aux ruines de San-Salvador, où elles continuaient encore le 20.
— Le 16, 10 ‘2 h. du matin, à Cosenza, légère secousse ac- compagnée du rombo ordinaire.
Le 17, 7 h. du matin, légère secousse.
— Le 17, 4 h. du matin, à Tjiamis (résidence de Galoe),
(58 ) un tremblement très-fort, ressenti à Garoet, chef-lieu de dis- trict dans la régence de Limbangan ; 1,000 palen carrés d’ébran- lés (1).
— Le 23, 11 h. 20 m. du soir, San-Francisco, Crescent-City et autres villes de la Californie.
— Le 29, vers 11 !/1 du soir, à Cosenza, secousse verticale et ondulatoire, de 3 secondes de durée et plus forte que les autres.
— Le 50, 12 h. 10 m. du matin, à Grenade (Espagne), se- cousse légère et de courte durée.
—— Dans les premiers jours du mois, à Banda, violentes se- cousses. (Voyez au 19 avril, page précédente.)
— Dans la dernière semaine du mois, le grand village indien de Jamiltepeque, dans l'État d'Oaxaca (Mexique), a été entière- ment détruit par une série de secousses.
— Dans le mois, les secousses ont continué à Guatemala (Amér. centrale).
Juin. — Le 11,92 h. du soir, dans l'Amérique centrale, se- cousses violentes, à St-Vincent et à Chinamecça, bâtiments ren- versés.
— Le même jour, 11 ‘2 h. du soir, à Kingston (Jamaïque).
—- Le 14, 8 h. du soir, dans la résidence de Kediri (Java), une assez forte secousse de l'E. à l’O., 1,000 palen carrés d'ébranlés.
— Le 18, Gh. 40 m. du soir, à Cosenza et S't-Giovanni in Fiore, forte secousse ondulaioire.
— Le 24, dans la soirée, à Cincinnati (Ohio).
— Le 27, 4 il h. du matin, à bord du brik le Sylph, à l'ancre devant Brahoe (île Engano), six secousses accompagnées d'un bruit souterrain. Plus tard, à 5 h. du soir, on sentit cinq nou- velles secousses dirigées comme les premières du SO. au NE. Des arbres desséchés tombèrent aux environs et dans la forêt. Tout
(1) Nous avons constaté la fréquence des secousses à Garoet, dans une note à Ja fin de 1853.
(9 ) était en mouvement comme par l'effet d’un coup de vent ou d’un tourbillon.
— Les 27 et 29, dans la résidence de Benkoelen, fortes se- cousses de l'E. à l'O.
— Dans le courant du mois, à Padang (Sumatra), plusieurs secousses légères.
— Les secousses ont continué aux ruines de San-Salvador, à de courts intervalles; elles se sont étendues et ont détruit les vieilles villes de Coyutepeque, S'-Vicente et Camanca, Les bruits continuent sous les ruines de l’ancienne capitale.
Juillet. — Le 4, 41 h. ‘ du matin, ville de David (Nouvelle- Grenade), tremblement avec ouragan furieux.
— Le 10, minuit, à Aspinwall (Panama), deux secousses avec éclairs et tonnerre dans le lointain. Dans la baie de Tabago, trois secousses, ressenties aussi dans les provinces septentrionales de Venezuela.
Le 14, 1 h. du matin, à Tabago. — Le même jour, dans la Nouvelle-Grenade.
— Le 14, 9 h. du matin, à Guatemala.
Le 15, trois nouvelles secousses.
Le 16, trois secousses encore, du N. au S. Temps calme et nuageux, les trois jours.
— Le 16, dans la matinée, à Mexico.
Le 17, 5 h. 12 du matin, à Mexico encore. — À Guatemala, treize nouvelles secousses désastreuses. L’agitation du sol était assez grande pour produire le mal de mer. Temps extraordinai- rement clair. Le baromètre montait depuis plusieurs jours.
Le 18, à Guatemala, huit secousses encore; après deux vio- lentes secousses, à 8 h. du soir, le ciel se couvrit de nuages et des éclairs brillants l’illuminèrent de toutes parts.
— Le 18, à Manado (Java).
— Le 51, 11 h. 40 m. du soir, à Goshen, comté d'Orange (N.-Y.), bruit semblable à celui d’un tremblement de terre.
— Les secousses continuent à Guatemala. Du 15 au 30, on en
( 60 ) a compté plus de cinquante, toutes horizontales et du NE. au SO. (1).
Août. — Le 1%, dans la matinée, à Guatemala encore. On comptait déjà 75 secousses. Il y en eut plusieurs aussi à San-Sal- vador.
— Le 4, de nuit, à Rivas (Nicaragua), plusieurs secousses.
— Le même jour, 11 h. 1} du soir, à Costa-Rica, à Aspinwal, dans la Nouvelle-Grenade et le long du nouveau railway, ainsi qu'à David, province de Chiriqui.
— Le 5, à Nicaragua et Costa-Rica.
Les 6 et 7, à Costa-Rica, les tours de St-Domingo et Barba souffrirent beaucoup. Le village de Golfe-Dulce, sur le Pacifique, fut envahi par les eaux de la mer et détruit.
— Le 8,8 h. du soir, à Raguse (Dalmatie), secousse du N. au S. et non du S. au N. comme on l'avait dit.
— Le 20, de 10 h. à 10 h. 34 m. du matin, au fort Erfprins (Java), trois légères secousses horizontales du NE. au SO; elles mirent l'eau, les vitres et les lustres en mouvement et durèrent sept ou huit secondes. Le thermomètre se tint à 84° KF.; 100 palen carrés d'ébranlés.
— Le 21, à Castrovillari, Morano et Cassano (Calabre Cit.), plusieurs secousses.
Le 25, à 2 h. du soir, à Lavello (Pasilicate), légère secousse ondulatoire.
—- Le 29, à Padang (Sumatra), tremblement très-fort qui ce-
(1) On a remarqué (V. l'American Daguerrian Gallery) un phénomène pendant ces secousses. Depuis le commencement des secousses, le mercure du bain où se font les épreuves agit avec la plus grande irrégularité. Il paraît avoir perdu sa force, il faut parfois quatre et cinq minutes et deux ances de mercure pour obtenir des résultats inférieurs à ceux qu'on obtenait ordi- nairement en trois minutes avec un quart d’once. Ça été particulièrement le cas le jour des secousses les plus violentes ; le mercure à paru sans pouvoir et a produit une impression à peine sensible.
PR
|
(61 ) pendant ne fit que peu de dommages. On le ressentit aussi au fort de Kock. Dela montagne de Merapi s'élevèrent, pendant plusieurs jours, d’épaisses colonnes de fumée, accompagnées de fortes et fréquentes détonations et de pluies de cendres. Le jour du trem- blement, il n’y eut pas d'éruption.
Septembre. — Le 4°, 10 h. du matin, à Panama et Washing- ton (Nouvelle-Grenade).
— Le 2, à San-Salvador, les secousses continuent.
— Le 8,7 h. du soir, à Spalatro (Dalmatie), petite secousse accompagnée de détonations.
— Le 9, 1 h. 54 du soir (suivant M. Smith), vers 8 h. du son (suivant M. Scaglione), à Cosenza, forte secousse ondulatoire qui dura trois secondes.
— Le 11, à San-Salvador, les secousses continuent. Üne se- cousse plus violente que celles d'avril.
— Le 17, 40 h. 45 m. du soir, à Santa-Magdalena (Autriche), secousse avec bruit semblable au tonnerre.
— Le 23, après minuit, en Perse, plusieurs secousses désas- treuses. Villages ruinés.
A Tébriz, on a compté six secousses, de minuit au lever du soleil.
Cette ville, suivant M. Abich, a été le centre de ce tremble- ment, qui n'a pas eu lieu dans le sens d’une ligne longitudinale, mais qui appartenait à un cercle de secousses dont Tébriz, ou pour mieux dire, le système trachytique du Séhend, occupe le centre.
Le dernier endroit à l’orient de Tébriz où il a été ressenti, est le village de Goumbed, de manière qu'il n'a pas passé de l'autre côté de [a chaîne des montagnes qui séparent le Kara- dagh et la province de Tébriz. A l'O., non-seulement il n’a pas été ressenti à Ourmia , ni à Salmaz, ni aux environs de Khoï, ni à Khoï même, mais il n’a pas même atteint le littoral oriental du lac Ourmia; de manière qu'à la presqu'île de Chahi, éloignée de 8 milles géographiques en ligne droite de Tébriz, on n’a rien
(62) ressenti de cette forte secousse qui, pendant quelques instants, a fait croire à M. Khanykof, que Tébriz tomberait en ruines (1). »
De même tous les alentours de Savalan, Ardébil, ete., sont restés sans secousse.
M. Abich a déjà publié, dans le Bulletin de l'Académie des sciences de Saint-Pétershourg, n° 15 et 16 de 1855, des articles sur ce tremblement, d’après M. Khanykof. Il ajoute :
Le 25, 11 h. 48 m. du soir, à Tébriz, cinq secousses consé- cutives. |
Le 27, 8 h. 15 m. du soir, tremblement avec bruits sou- {errains.
Le 28, minuit 40 m., une secousse faible.
— Le 27, dans la soirée, à Ternate, tremblement sans dom- mage.
— Le 28, à Hong-Kong et Canton (Chine), tremblement vio- lent; plusieurs personnes de tuées. |
Octobre. — Le 2, 5 h. 50 m. du soir, à Constantinople, faible secousse, composée de plusieurs oscillations, de l'E. à l'O. Vent du NE. fort dans l'après-midi, suivi de calme le soir.
Le 5, 5 h. du matin, faible secousse, vent du SE. faible dans la journée. Orage le soir.
— Le 5, à Hong-Kong (Chine), trois secousses qui firent sonner les cloches.
— Le 8, 4 h. du matin, dans la Basilicate, une secousse qui se renouvela 5/1 d'heure après.
— Le 8, 11 h. du matin, à Amocrang (Manado, Célèbes}, fortes secousses.
— Le15,11 h. 48 m. du soir, à Tébriz, secousse faible,
(1) Extrait d’un mémoire intitulé : Sur les derniers tremblements de terre dans la Perse, etc., lu le 16-28 mars 1855, que je dois à l’obligeance de l'auteur.
J'y ai puisé également toutes les citations relatives à Tébriz, où M. Khany- kof vient d'établir un observatoire météorologique.
(65)
— Le 17,9 h. 45 m. du matin, à Constantinople, faible se- cousse consistant en plusieurs oscillations du N. au S. Vent du SE. faible.
— Le 17 encore, à San Salvador et Cojatepeque ( Amér. cent.)
— Le 19, 5 h. 45 m. du matin, à Valparaiso.
— Le 20, minuit, à Santiago de Cuba, légère secousse.
— Le 21, 1 h. 30 m. du matin, à Raguse (Dalmatie), secousse de 2 à 3 secondes de durée, venant du NE,., pendant un orage venant du SE.
— Le 21 encore, 7 h. 55 m. du soir, à San-Francisco (Cali- fornie). Temps étouffant pendant et après le tremblement.
— Le 22, à Padang (Sumatra), plusieurs secousses légères.
— Le 235, minuit 7 m., à Tébriz, secousse avec bruit souter- rain; 7 minutes plus tard, deuxième secousse faible.
— Le 24, vers 5 h. du soir, à Valparaiso.
— Le même jour sept secousses à Guatemala.
— Le 28, dans l'après-midi, à Buitenzorg (Java), une légère secousse.
— Le 29, vers 6 h. du matin, à Cosenza, légère secousse.
— Le 30, 6 h. 48 m. du soir, à Raguse (Dalmatie), secousse du N. au S. Temps clair.
— (Sans date du jour), à Keene (N.-H.), une secousse.
Novembre. — Le 1*, 2 h. 45 m. du soir, à Recht (Ghilan), trois secousses très-fortes, dans la direction de l'E. à l'O.
— Le 3,7 h. 15 m. du matin, à Constantinople, faible se- cousse composée de plusieurs oscillations, du S. au N. suivant les uns, de VE. à l'O. suivant les autres, de moins de trois secondes de durée, sans bruit souterrain. Vent du N. régnant.
— Le 3 encore, vers 10 h. du soir, à Amoerang et Ratahan (Manado), secousse d'environ deux minutes à travers tout le Minahassa.
— Le 4, 4 h. du maun, à Tébriz, une secousse assez forte avec bruit souterrain.
(64 )
— Le 6, vers 8 h. du matin, à Padaug, légère secousse suivie d'un violent orage du NO. dans l'après-midi. Une pluie dilu- vienne dura 2 heures.
— Le 7,en mer, par 42° 52’ lai. S. et 88° 45’ long. 0.
— Le 18, à Amboine, une forte secousse du N,. au S.
— Le 21, à Timor.
— Le 22, vers 4 h, du soir, sur plusieurs points du comté de Tuzewell (Virginie).
— Le 24, vers 1 h. 50 m. du soir, à l’île de Batchian, trois fortes secousses du NE. au SE, Les deux premières ont duré de 40 à 50 secondes environ, [a dernière plus longtemps en- core. |
Le 25, vers 4 h. 50 m. du soir, encore une secousse, pareille- ment du NE. au SO. Elle a duré 40 secondes. A 7 h. du soir, une deuxième secousse plus courte.
Le même jour, à 2 h. 30 m., 5 h. et 10 h. environ du maun, trois légères secousses. S'agit-il de la même localité ?
— Le 24 encore, à Amboine, secousse semblable à celle du 18.
— Le même jour, à Amoerang et Ratahan, même phénomène que le 3. C'est la deuxième et dernière secousse du mois, à Manado.
— Le 24, vers midi et demi, à Ternate, très-fort tremblement, d'abord vertical, puis horizontal. Il fut ressenti par les bâtiments en rade. Suivant quelques-uns, il aurait duré 3 minutes. On l'éprouva aussi à Batchian.
— Le 24 encore, à San-Vicente (Amér. Cent.}; à San Salva- dor , sept secousses.
— Le 26, 6h. du matin, à San-Vicente.
— (Sans date de jour), à Constantinople, une secousse.
Décembre. — Le 4, 10 h. du soir, Huntington (Ganada).
— Le 8, à Bombay, légère secousse.
— Le 9, vers 9 h. du soir, à Cosenza, légère secousse, pré- cédée du rombo ordinaire.
|
DRE NT NOR CO
(65 )
— Le 10, midi et demi, à Newbury-Port et Exeter { Massa.}, Portsmouth et Greenland (N. H.).
— Le 14, vers S h. du soir, au Vésuve, sur le sommet du grand cône, formation subite d’une ouverture circulaire d'en- viron 80 mètres de diamètre, et un peu moins profonde que large. On a regardé ce phénomène comme le prélude de l'érup- tion de mai 1855.
— Le 15, minuit un quart, à St-Damien, près de Coni (Pié- mont), une forte secousse; une seconde plus faible quelques instants après.
— Le 25,9 h. du matin, à l'île Peels (groupe des îles Bonin), secousse légère; une demi-heure après, la mer monta rapidement pendant 10 minutes, et se retira à 36 pieds au-dessous de la marque des marées, laissant la baie à sec dans beaucoup d’en- droits, et entraînant avec elle les maisons et le bétail. Cette marée extraordinaire se renouvela ainsi toutes les 45 minutes pendant tout le jour. À Simoda (île Niphon), la secousse dura à minutes, et fut suivie d'autres secousses qui se renouvelèrent à de courts intervalles pendant 30 minutes. La grande vague, de 30 pieds de hauteur, qui balaya tout, maisons, ponts, ani- maux, eut lieu à 9 h. 30 m. Elle se renouvela cinq fois dans le jour : l'élévation et la chute de l'eau furent d'environ 50 pieds dans la baie. On remarqua un grand dégagement de gaz sulf- hydrique qui infecta la ville; les détonations souterraines et les chocs se répétèrent pendant 5 heures. La ville fut ruinée au point qu'on n'en reconnaissait plus les rues.
Les secousses continuaient à Simoda au 22 février 1855.
Le 24, 6 h. du soir, 34 heures après la ruine de Simoda, ja mer se jeta de la même manière sur la belle ville d'Ohosaca (partie sud du Japon) et la renversa ; 4,000 personnes y péri- rent. ET
Le même jour, vers 5 h. du soir, à How-Chow, Keaking et Haening (Chine), la mer eut aussi de fortes oscillations.
Le 25, à l'île Peel's (groupe Bonin), les eaux furent aussi agi-
ToME xx. — 11° paRT. D
Eur Lac LL Re Ce ne cm tft ER OM AR RTE : 1 ne NE
( 66 ) tées de nouveau dans la soirée et pendant toute la nuit suivante Elles s'élevèrent à 12 pieds de hauteur. |
À la séance du 5 juin 1855, M. Ritter a donné lecture, à la Société géographique de Berlin, d’une communication de M. de Humboldt, relative aux ravages que ce tremblement a faits. Elle est puisée dans des lettres du D' Macgowan de Macao, et dans le The North China Herald, numéros des 8 et 17 mars 1855.
Sous le titre : Das letze grosse Erdbcben in Japon (1), M. Gumprecht paraît avoir reproduit cette communication. M. Gumprecht commence par rappeler la vive intensité de cette zone volcanique qui commence à l’île S'-Paul ou d'Amsterdam, se relie aux îles de la Sonde, aux archipels des Moluques, des Mariannes, des Philippines et du Lieu-Kieu, puis au Japon, aux Courilles et à la péninsule du Kamtschatka, d’où elle rejoint les iles Aléoutiennes.
Il rappelle ensuite la fréquence et la violence des tremble- ments de terre au Japon, d'après Charlevoix, Kæmpfer, Thal- berg, Tsitsing et von Sieboid ; il mentionne les soulèvements per- manents qui, en 1795 et 1814, ont eu lieu près d'Unalaschka qu'il rapproche de celui arrivé, en 1822, au Chili et de celui qui vient de se manifester à Simoda.
— Le 26,5 h. du matin, dans la montagne de Rhiwfrauk, près Abersychan, comté de Glamorgan (Galles), secousse qui ébranla la montagne du sommet à la base. On a prétendu qu'on en avait vu sortir du feu.
— Le 98, entre 41 h. et 11 !}2 du soir, à Pavie, deux secous-
ses légères et instantanées, à un quart d'heure d'intervalle; la #
première fut du N. aus.
— Le 29, 2 h. 50 m., troisième secousse plus forte ; remar-
quée aussi à Stradella (prov. de Voghera), et dans la Lomellina. Direction du N. au S.; durée, deux secondes. Les fenêtres vibrè=
(1) Zeitschrift fuer Aligemeine Erdkunde, herauss. von D: T.-E. Gum- precht. Berlin, {. V, cah. 4, pag. 511-516, oct. 1855. |
(67) rent. À Milan, 2 h. 45 m., les horloges de l'Observatoire s’arré- tèrent.
— Dans le courant du mois, à Banda, plusieurs secousses très-fortes qui ont endommagé quelques bâtiments.
— Suivant M. J. Hageman, 11,450 palen carrés ont été ébran- lés cette année à Java. Quant aux éruptions, ébranlements et soulèvements de montagnes, on n’y en a pas constaté en 1854. S1 quelques éruptions volcaniques n'ont réellement pas eu lieu, cest bien remarquable, et nous pouvons nous attendre prochai- nement à plus d'activité dans nos volcans. Les développements journaliers des forces du Lamongan, du Bromo, du Kloed, du Slamat, du Goentoer et de quelques autres, ne peuvent être rap- portés comme phénomènes extraordinaires.
— (Sans date mensuelle), à l’île d'Angel (Californie), 40 h. du matin , sans le moindre vent et la mer étant calme, l’eau s’éleva tout à coup de plusieurs pieds, et d'immenses vagues ondulèrent pendant plus d’une heure. On ne se rappelait pas avoir remarqué jamais rien de semblable sur les côtes de l’île.
ADDITIONS.
« Le comité des côtes des États-Unis a établi des appareils autographes pour enregistrer la hauteur des marées sur les côtes de la Californie. Le lieutenant Trowbridge, chargé de l'obser- vation de ces instruments, a remarqué de grandes irrégularités dans les courbes de San Diego les 23 et 25 décembre 1854. Ces irrégularités ne pouvaient être attribuées à des circonstances mé- téorologiques qui n’ont rien présenté d’extraordinaire ces jours- là. « Il y a donc toute raison de supposer, écrivait M. Trow- | » bridge, qu'elles sont l'effet d’un tremblement sous-marin. » } Gependant il n’y a pas eu de tremblement de terre à San Fran- cisco, dont les appareils autographes ont présenté les mêmes irrégularités.
» M. Bache a rapproché ces faits des tremblements de terre du
( 68 ) Japon, et, quoique les renseignements soient incomplets, la discussion des courbes des marées extraordinaires observées en Californie, l'a conduit aux résultats suivants, pour le 23 dé- cembre :
» L’onde soulevée à Simoda, par le tremblement de terre, transmise ou propagée jusqu'à San Francisco, a parcouru de 365 à 570 milles par heure, ou 6 milles à peu près par minute.
» Les observations de San Diego donnent à peu près la même vitesse, 555 milles par heure.
» M. Bache est allé plus loin; il a cherché à conclure de ces résultats la profondeur moyenne de l'océan Pacifique, sur le passage de ces ondes seismiques. « Nous avons trouvé, dit-il, » une vitesse de 6,0 à 6,2 milles par minute, et la durée d'une » oscillation de 55 minutes à San Francisco, et de 31 minutes » à San Diego. Ceci donnerait pour la longueur de l'onde à San » Francisco 210 à 217 milles, et à San Diego 186 à 192 milles.
» Une onde de 210 milles de longueur se mouvrait avec une » vitesse de 6,0 milles par minute dans une profondeur de » 2,230 brasses. (Airy, Tides and Waves, EncycLor. MÉTR., » p. 291, tab. Il). Une onde de 217 milles de longueur à la » vitesse de 6,2 milles par minute, répond à une profondeur » de 2,500 brasses. La profondeur correspondante à la passe de » San Diego, est de 2100 brasses (1). »
Quant aux irrégularités du 25 décembre, elles n'ont pas d'ori- gine connue; mais leur foyer doit avoir été plus rapproché de San Diego que de San Francisco. C'est l'opinion du savant que nous venons de citer.
(1) Votice of Earthquake Waves on the western coast of the United States, an the 231 and 25! of december, 1854; by A. D. Bache. Superin- dant U.S. Coast Survey. Æmer. Jour. of sc., vol. XXI, n° 61, January 1856, pp. 57-45.
(69)
GÉOGÉNIE. — Gisement et formation de l’oligiste, de la _limonite et de la pyrite; par M. De Vaux, membre de J’Académie.
A
Appelé par mes fonctions à étudier le gisement, en Belgique, de plusieurs substances métalliques, et en par- ticulier certains gîtes de minerai de fer, dans leur rapport avec la pyrite martale, j'ai eu l’occasion de recueillir à ce sujet des données précises, et de constater des faits qui ne vous paraîtront peut-être pas sans intérêt au point de vue de la science.
On incline assez généralement aujourd’hui à attribuer à la décomposition plus ou moins complète de la pyrite, l’origine de tous nos minerais de fer. Cette opinion a pris naissance et à grandi au milieu des circonstances obser- vées dans l'exploitation des filons proprement dits et des amas couchés, gîtes dont la formation se rattache à l’épo- que et au fait des soulèvements auxquels semble due Îa dislocation des roches stralifiées, et révèle l’action des agents volcaniques.
_ Là, en effet, on a pu remarquer tantôt, comme à Dur- buy, un même filon, traversant en ligne droite une longue succession de roches du terrain anthraxifère, présenter invariablement, au niveau de l'Ourthe, dans le calcaire, de la limonite pure, et une grande largeur; dans les schistes siliceux jaunâtres de la limonite pyriteuse et une puis- Sance moindre; enfin, dans les schistes argileux bleuâtres de la pyrite pure et une très-faible puissance. Tantôt, comme | à Corphalie, près de Huy, et en plusieurs autres points des amas couchés explorés au contact de nos terrains houiller et anthraxifère, un même gîte contenant d’abord de la li-
mean st) ee te RS Se RS D ne DE ÉD ES me ne Gent UT du TR NS EU TT SVT EN ER
(70 )
monite pure, depuis la surface jusqu’à une certaine profon- deur, et offrant, plus bas, en association plus ou moins intime entre elles et avec cette substance, de la calamine, de la blende, de la galène et de la pyrite. Tantôt, comme à Sautour et Philippeville, un beau filon de limonite dont les produits, après avoir fait longtemps les délices de la forgerie, ont été généralement repoussés par les hauts fourneaux, à mesure que l'exploitation s’approfondissant amenait des minerais de plus en plus pyriteux, filon qui aujourd’hui constitue un des plus beaux gîtes de pyrite connus et.concédés en Belgique. Un fait qui mérite d'être mentionné, en ce qu'il semble donner la clef des modifi- cations de la pyrite, c'est qu’en plusieurs points du filon de Sautour, dans les étages supérieurs réservés en quelque sorte à la limonite pure, on rencontre encore çà et là, an milieu de celle-ei, des fragments de pyrite parfaitement conservée, mais que toujours ces échantillons sont em- pâtés dans une argile compacte, qui, en les enveloppant de toutes parts, a pu les soustraire à l’action décompo- sante des agents extérieurs (4).
Or, si cette origine est assez bien établie pour les filons, s'il est généralement vrai que le fer y ait été d’abord à l’état de sulfure et s’y soit transformé partiellement là en carbonate, là en hydrate, selon les circonstances, c’est- à-dire sous l'influence variée de l'eau, de Pair, de la cha- leur centrale et des réactions des roches encaissantes, ce
(1) Voir sur la formation des filons métallifères les ouvrages ci-après : À. Burat, Description de quelques gîtes métallifères de l Algérie, de lEs- pagne, etc. — Géologie appliquée à la recherche des minéraux utiles. — Elie de Beaumont, Vote sur les émanations volcaniques et metallifères ; Société géologique de France, 2" série, t. IV. — J. Delanoue, Géogénie des minerais de zinc, plomb , fer et manganèse, etc. etc. Annales des mines , Ame série, t. XVIII,
(46) serait verser dans une grave erreur que d’assigner la même génération à l'oligiste ou minerai de fer oolithique dans les couches puissantes qu’il constitue en Belgique.
Ces couches font partie intégrante des dépôts sédimen- taires. Elles appartiennent au terrain anthraxifère dont la formation est antérieure à celle des filons et des amas cou- chés. L’étendue, la régularité de ces couches, l'espèce de solidarité qu’elles offrent à l'égard des couches de schiste qui en forment le toit et le mur, et dont elles suivent les allures et toutes les inflexions, la nature même de ces dé- pôts, et notamment la présence des nombreuses coquilles qui entrent dans leur composition; enfin, le fait remar- quable que la bande schisteuse dont elles font partie à généralement interrompu le cours des filons qui traver- sent les calcaires au sud et au nord de cetie bande, cet
- ensemble de circonstances ne laissent aucun doute sur le gisement et la formation de nos couches d’oligiste.
Une de ces couches, exploitée anciennement dans les environs de Chimay, appartient à l’étage inférieur des ter- rains anthraxifères.
Une autre plus importante au point de vue industriel, et qui s’exploite aujourd'hui sur une grande échelle, règne au voisinage de la Meuse et de la Sambre, où elle forme dans l'étage supérieur du terrain anthraxifère, excentri-
… quement un calcaire carbonifère, un bassin d’une immense étendue (1).
… Leur formation doit avoir été analogue à celle des cou- ches de limonite que l’on observe dans nos terrains ter- aires, et l’on comprend aisément que l’action métamor-
æ
(1) Voir la description détaillée de cette couche, par M. l'ingénieur des mines Rucloux, t. X, pp. 41 et suivantes des #nnales des travaux publics de Belgique.
(72) phique, qui s’est exercée sur le terrain anthraxifère, ait pu transformer l'hydrate en oligiste.
Quant à la pyrite, loin de constituer, comme dans les lilons , l'élément primitif de ces riches dépôts ferrifères, elle ne s’y rencontre qu’accidentellement, de la même manière et avec les mêmes caractères que dans les ardoi- ses, dans le terrain houiller, et généralement dans la plu- part des roches de nos dépôis sédimentaires anciens. Elle y provient des mêmes causes, et n'apparait quelque peu abondante qu'au voisinage des filons qui sont venus tour- menter ces roches, parfois les traverser, souvent s’y ar- rêter, et toujours en altérer plus ou moins la composition.
C'est ainsi qu'aux environs de Couthuin des veines de pyrite, décomposée en grande partie au-dessus du niveau des eaux, se rencontrent au contact de la couche d'oligiste et du schiste qui en forme le mur; que la présence de ces gites coïncide avec l'existence d’un groupe de filons de li- monite qui recoupent le terrain anthraxifère au nord et au sud, perpendiculairement à la direction, et viennent buter contre la couche d'oligiste sans la traverser ; que ces gites accidentels et peu étendus n'empêchent pas l'oligiste de se prolonger régulièrement dans tous les sens, en conser- vant sa puissance et ne subissant d'autre altération que celle qui a dû naturellement résulter de la lutte qu'il a eue à soutenir contre le filon, et du contact forcé avec une matière nuisible qui l’a plus ou moins pénétré.
Ces gîtes de pyrite présentent, d'ailleurs, tous Îles caractères des filons couchés, notamment une puissance variable et une étendue limitée en tous sens, à tel point qu'ils disparaissent à peu de distance des filons dont ils procèdent, et qu'ils n'auraient vraisemblablement point existé si la fente des filons s'était propagée sans plus de résistance à travers l’oligiste et ses schistes, que dans les
(75)
autres membres du terrain anthraxçifère. Cette assertion
se vérifie pleinement dans les exploitations très-dévelop-
pées de la couche d’oligiste des communes de Vezin, Hous- soy, Ville-en-Waret, Marchovelette, Ben-Ahin, etc., etc, où l’on est parvenu à de grandes profondeurs sous le ni- veau naturel des eaux, où l’on ne rencontre nulle part de la pyrite, si ce n’est au voisinage de quelques filons, et où, enfin, on à pu constater que l’oligiste lui-même gagne notablement en pureté et en qualité à mesure que les tra- vaux s’approfondissent. Quant à l'opinion que la couche d'oligiste aurait élé déposée à l’état de pyrite, elle n’est plus soutenable en présence des faits signalés ci-dessus, el il suffirait, pour la condamner définitivement, de faire remarquer que, s'il en était ainsi, premièrement, c'est la masse propre de celte couche que l’on retrouverait à l'état de sulfure, tandis qu’elle est généralement vierge de sou- fre; secondement, on ne saurait comprendre que là où la pyrite apparait, soit en grains disséminés, soit dans des fissures transversales, soit en amas juxtaposés à ladite couche, ces parties isolées n'aient pas subi les premières l'influence d’ane action métamorphique capable d’opérer la désulfuration complète de la masse principale. :
Il me reste à déclarer que c’est dans les notices de M. l'ingénieur Rucloux sur les dépôts métallifères du nord de la province de Namur, et particulièrement dans les travaux récents de MM. Joseph et François Sépulchre, de Huy, et dans les observations judicieuses de ces habiles ingénieurs, que j'ai puisé une partie des éléments de cette Courte notice, et les principaux arguments du système géogénique qui en fait l’objet.
CE)
CLASSE DES LETTRES.
Séance du 7 juillet 1856.
M. le baron DE GERLACHE , président de l’Académie. M. À. QueteLer, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. le chevalier Marchal, De Smet, de Ram, Borgnet, David, Schayes, Snellaert, Carton, Haus, Bormans, Leclereq, Polain, Baguet, Arendt, Faider, membres : Nolet de Brauwere Van Steeland, associé; Ma- thieu, Chalon , Thonissen, Defacqz, Th. Juste, corres- pondants.
MM. Sauveur, De Koninck, Alvin, membres des deux autres classes, assistent à la séance.
a — — a ————
CORRESPONDANCE.
MM. Alfred de Reumont et Adrien de Longpérier re- mercient la classe pour leur nomination d’associés.
— Des remerciments sont aussi adressés à l’Académie pour lenvoi de ses dernières publications, par l'Académie
| | |
(75 ) des sciences de l’Institut de Bologne, et par plusieurs au- tres sociétés savantes.
— L'auteur de la question sur Charlemagne, mise au concours par la classe, écrit qu'il est disposé non-seule- ment à conserver la question déjà soumise aux concur- renis, mais il fait connaître encore qu'il est prêt à fonder un prix nouveau pour la question : Exposer l’origine belge des Carlovingiens, discuter les faits de leur histoire qui les rattachent à la Belgique.
Le programme de ce concours sera arrêté, après quelques éelaircissements nécessaires, dans une prochaine séance.
— M. J. Roulez envoie le projet d'inscription qui suit pour la médaille décernée au dernier concours :
FELICI NEVIO PROFESSORI LOVANIENSI QUOD
QUANTUM COLLEGIUM TRIUM LINGUARUM LOVANIENSE AD
PROMOVENDUM ANTIQUARUM LITERARUM STUDIUM CONTULERIT DOCTE ACCURATE ET |
ELEGANTER EXPOSUIT.
MDCCCLVI.
Ce projet d'inscription est adopté.
— L'Académie reçoit les ouvrages manuscrits sui- vants :
#° Débris de peintures antiques sur ciment, trouvés à Laeken, par M. Galesloot. (Commissaires : MM. Schayes et le chanoine de Ram.)
(76) 2 Cent proverbes tamouls, traduits et expliqués par M. Vander Haeghen. (Commissaire : M. Arendt.)
— M. Bormans, membre de l’Académie, présente un mémoire imprimé de sa composition sur les trois élé- ments thiois (flamands) de la langue wallonne.
M. Chalon fait également hommage d’un.éerit de sa composition. — Remerciments.
RAPPORTS.
La France au XIV” siècle ; par M. Moke, membre de l’Académie.
Rapport de M. le baron Jules de Saint-Genois.
« Pendant les vingt-cinq dernières années qui vien- nent de s’écouler , le mouvement littéraire des esprits, en Belgique, s’est porté de préférence vers les études histori- ques, dans le but surtout de faire revivre aux yeux des contemporains les glorieux souvenirs du passé et de mon- trer que notre présent a des racines profondes dans les siècles antérieurs à notre émancipation. Aujourd'hui que notre chère patrie a définitivement repris son rang poli- tique parmi les peuples de l’Europe, aujourd'hui que nos titres nationaux sont mieux connus, partant moins COn- testés, ce mouvement que nous signalions tout à l'heure, tend à se modifier et prend une autre direction. Les hom- mes qui chez nous écrivent ne se préoccupent plus exelu-
|
(77) sivement de traiter des sujets qui n'intéressent que la Belgique; ils franchissent peu à peu le cercle étroit où un honorable patriotisme les avait d’abord retenus enfermés, pour se livrer à leur tour à l'étude de l’histoire et des in- stitutions des autres nations.
En vous adressant le mémoire que vous avez soumis à notre examen, M. Moke est donc sorti de la voie battue Jusqu'ici, c’est-à-dire qu'il a abandonné le terrain tout à fait belge où se sont placés la plupart des auteurs des nolices et des mémoires communiqués depuis un quart de siècle à la classe des lettres de l’Académie.
Entraîné par le désir d'étudier à son tour les grandes questions du paupérisme et de l'augmentation de la popu- lation qui , de nos jours, passionnent tant d'esprils sérieux , M. Moke, en nous présentant l'état de la France au XIV siècle, a entrepris un sujet aussi neuf que piquant. Son mémoire se rattache à Ja fois à l’histoire et à l’éco- nomie politique. Il est divisé en quatre grands chapi- tres intitulés : 4. Coup d'œil général sur la population de la France au X1V"* siecle. 2. La propriété seigneuriale. 5. La propriété roturière dans la France centrale. 4. Déve- loppement de la richesse dans une partie du Languedoc. Ces chapitres sont ensuite subdivisés en un certain nombre de paragraphes où l’auteur a méthodiquement groupé les faits qu'il s'agissait d'expliquer.
En approfondissant la question de l’état social de la France au XIV"* siècle, notre savant confrère a abouti à prouver que sa population et sa prospérité financière ac- tuelles étaient , toute proportion gardée, eu égard à l’aug- mentation du territoire, les mêmes qu’au moyen âge.
C’est là, il faut le dire, une thèse hardie, et malgré les inductions souvent hasardées de l’auteur, nous devons
(78) reconnaitre qu'elles ne manquent ni de fondement ni de vérité dans leur ensemble.
L'examen de la condition sociale de la France au XIV siècle, surtout en ce qui concerne les classes infé- rieures, sous le rapport du travail et du taux du salaire, a fourni à M. Moke les éléments les plus curieux pour ses appréciations économiques. Bien que ces appréciations ne portent que sur l’ancienne population d'une partie assez restreinte de ce royaume, 1l a obtenu des moyennes qui offrent un caractère remarquable de probabilité. Les chif- fres de notre honorable confrère sont groupés avec une rare habileté; aussi n'ayant pas de documents à la main pour les contrôler ou les contredire, sommes-nous un peu forcé de les admettre sur sa parole. I] a d’ailleurs puisé les renseignements sur lesquels il asseoit ses évalualions ,aux sources les plus respectables : les travaux de Dureau de la Malle, le Polypiyque de l'abbé Irminon de St-Germain- des-Prés, les archives administratives de Reims, les Or- donnances des rois de France, l'histoire du Languedoc de Dom Vaissette, la Revue des économistes et d’autres pu- blications statistiques récentes lui ont servi de guide dans cette délicate matière.
Nous signalons surtout à l’attention du lecteur les ren- seignements qui concernent l’état de l’agriculture et la condition sociale de la partie de la population qui se li- vrait, au moyen âge, à cet art utile auquel la France dut toute sa grandeur au XIV®° siècle. La position des paysans et celle des bourgeois y offrent un contraste des plus in- téressants. Les ingénieuses conjectures de l’auteur y re- vêtent tous les caractères de la réalité, et on est tenté de s'écrier : Si ce n’est pas là l'état de la société à cette épo- que, tout concourt à faire supposer qu'il pouvait être tel.
SENIORS MURS | URL MERE | GEL MALE ARE DE LÉRRR EVE GES ERREUR VENTES ES GS L
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(79 )
Nous avouerons cependant qu'en prenant pour prin- cipal point d'appui de ses calculs, la terre de Mirepoix en Languedoc, vaste et puissante seigneurie qui n'avait pas, il est vrai, moins de 410,006 hectares d’étendue, M. Moke s'est laissé trop aller à l'infaillibilité d’une base unique que des comparaisons faites sur d’autres grands domaines féodaux du temps pourraient détruire.
Du reste, ces études économiques tournent tout à l’avan- tage du caractère des classes laborieuses qui, par le tra- vail, l'industrie, l’agriculture, le commerce, acquirent successivement l’aisance et la liberté et contribuèrent presque seules au développement de la richesse de la France du XIV”* siècle.
Les investigations auxquelles M. Moke s’est livré ne sont pas moins curieuses, en ce qui concerne l’histoire de l'impôt dont il à ingénieusement expliqué l'assiette. Il n'hésite pas à déclarer que ces lourdes charges affamèrent la France et furent successivement la cause du dépéris- sement de la prospérité de ce royaume dans les siècles suivants.
Tel qu'il nous a été présenté et malgré le caractère un peu hypothétique, dont les conséquences qu'il tire des renseignements recueillis sont empreintes, ce mémoire, qui nous offre en quelque sorte le budget économique de
a France au XIV” siècle, est de nature à exciter bien vive-
ment l'attention des savants, surtout de ceux que préoc- cupe l’histoire de la condition sociale de nos voisins au moyen àge. Nous nous empressons donc de vous en pro- poser l'impression. »
( 80 )
Rapport de M. Kertyn de Lettenhore.
« Je m'unis à M. le baron de Saint-Genois pour faire remarquer l'importance du vaste travail confié à notre examen, tout en nourrissant l'espoir que M. Moke, fidèle à la grande tâche qu'il s’est imposée de tracer le tableau exact de la situation de la société en France dars la pé- riode la plus florissante du moyen âge, complétera un jour les documents qu’il à déjà réunis. Narbonne et Car- cassonne que Froissart appelle « un des gras pays du monde (1), » Beaucaire dont la sénéchanssée fournit 9,500 sergents à Charles VT, lors de l'expédition de Roo- sebeke (2), jouissaient d’une opulence bien supérieure à celle des autres provinces, et l’on ne saurait porter un soin trop sévère dans les appréciations qui tendent à gé- néraliser des faits particuliers.
J'ai à former un dernier vœu : c'est que le savant au- (éur de ce mémoire veuille bien, dans ses recherches ul- térieures, déterminer, avec toute l'autorité du jugement de l'histoire, quelles furent les lois sages et utiles qui, sous le règne des meilleurs princes, dans le domaine des sei- gneurs les plus éclairés, ou bien au sein des communes les mieux protégées par leurs franchises, portèrent à un si haut point la prospérité publique. »
Conformément aux conelusions de ses commissaires,
mm a à — — — ——
(1) Froissart, liv. 1°, partie I, ch. XIX.
(2) Anciens rôles des bans, p. 99 (à la suite du Traité de la noblesse, par La Roque). La comparaison de ces rôles est l'une des bases sur les- quelles repose ce que nous savons de la population des diverses provinces.
ru!
(81 ) MM. le baron de Saint- Genois, Kervyn de Lettenhove
et de Ram, la classe ordonne l'impression du travail de M. Moke.
Lettres sur l'identité de race des Gaulois et des Ger- mains ; par M. le général Renard.
HBappos't de PE. Arendt.
« M. le général Renard ayant exposé lui-même, dans la lettre qui accompagne l'envoi de ses notices, les mouifs qui l’ont porté à nous les adresser, ainsi que le but qu'il s'est proposé dans ce travail, et mon intention n'étant pas d'intervenir dans le débat, je dois me borner à soumettre à la classe les considérations qui me déterminent à lui proposer d'accueillir la demande de l'honorable et savant général, et de publier dans nos Bulletins les trois aperçus qu'il nous a transmis.
La question des origines gauloïises et germaniques est | entrée depuis quelque temps dans une phase nouvelle, dont l'importance ne saurait échapper à quiconque a suivi les débats auxquels cette question a donné lieu chez nous, \ en France et en Allemagne.
| L'opinion qui voit dans les Celtes et les Germains deux | peuples de race différente, après avoir régné longtemps sans conteste, a trouvé récemment des contradicteurs qui cherchent à faire prévaloir un système diamétralement opposé, d’après lequel Celtes et Germains sont deux bran- ches d’une même souche dont l’une a précédé l’autre dans l'occupation des pays occidentaux de l’Europe. Con- sidérée en elle-même, cette opinion n’est pas nouvelle.
Tome xxu, — IE" PART. 6
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Tous ceux qui ont étudié la question savent que déjà dans l'antiquité des auteurs d’un grand poids, depuis Strabon jusqu’à Suidas et Zonaras, l'ont soutenue; on peut même dire que, depuis la renaissance des lettres jusqu’au siècle dernier, elle fut la plus généralement adoptée. Niebubr, tout en la considérant comme erronée, avoue cependant, qu'il y a 70 ans, elle était répandue et acceptée au point qu'aucune voix qui aurait essayé de la combattre n'eût été écoutée (1).
Le revirement ne date que de la première moitié du X VITE siècle; son point de départ fut la publication des Gallicarum et Francicarum rerum scriptores. Dans la pré- face de ce célèbre recueil, D. Bouquet soutint l'identité de la langue gauloise avec l’idiome du pays de Galles, et jeta ainsi les fondements du système qui voit dans les Gaulois et les Germains deux races foncièrement distinctes. Une occasion S'offrit bientôt d'étudier la question plus complé- tement.
En 1741, l’Académie des inscriptions et belles-lettres mit au concours la question suivante : « Quelles étaient les » nations gauloises qui s’établirent en Asie Mineure, sous » le nom de Galates, en quel temps y passèrent-elles, » quelle était l'étendue du pays qu'elles y occupaient : » quelles étaient leurs mœurs, leur langue, la forme de » leur gouvernement, en quel temps ces Galates cessèrent- » 1ls d'avoir des chefs de leur nation et formèrent un » État indépendant? » Pelloutier, de Berlin, remporta le prix, et, généralisant ses recherches, publia, en 1750, sa célèbre histoire des Celtes, qui embrasse presque tous les
(1) Voy. Niebuhr, Vortraege über alte Laender- und Vœlkerkunde, herausgegeben von Isler, s. 650.
(83 ) côtés de la question, traitée imparfaltement par un grand nombre d'auteurs antérieurs (1). Pelloutier s'attache à dé- montrer. que Celtes et Germains sont deux noms désignant la même race, et qu'à l'exception d'un petit nombre de contrées, les Celtes ont donné des habitants à l’Europe entière. Les témoignages contemporains sont unanimes à signaler la sensation produite par l'ouvrage de Pelloutier; mais, comme 1l arrive presque toujours, l'exposition d'un système absolu provoqua une réaction d’où sortit un sys- tème tout aussi exclusif dans le sens opposé. Schoepilin, le célèbre auteur de l’Alsatia illustrata, combaitit le premier les opinions de Pelloutier, dans ses Vindiciae Celticae qui parurent en 4754. Schoepilin distingue soigneusement les Celtes des Germains, renferme les premiers dans les limites de l’ancienne Gaule, et repousse particulièrement l'opinion qui considère ces deux peuples comme étant de même race. Pelloutier ne répondit point de son vivant à l'agression de Schoepflin, mais à sa mort on trouva parmi ses papiers une réfutation des Vindiciae, qui fut reproduite, en 17714, par M. de Chiniac, dans la nouvelle édition de l'Histoire des Celtes de Pelloutier. Schoepflin refusa toute discussion ultérieure « ayant trouvé bon, disait-il, de m’abandonner » à la décision de la république des lettres, et de ne jamais » répliquer. » Cette décision lui fut favorable : son sys- tème n’a fait que se développer et se fortifier, à tel point que, de nos jours, il est arrivé à l’état de doctrine reçue et à peu près généralement adoptée. Cependant, depuis quelque temps, de différents côtés, des tentatives indé- pendantes les unes des autres, ont été faites, pour revenir
(1) Voy. Particle de M. Daunou sur l’histoire des Gaulois, par M. Amédée Thierry, Journal des savants , février 1829.
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au premier système, celui de l'identité. Des recherches approfondies avaient été entreprises en Allemagne sur les Celtes, leurs migrations, leur langue, les traces de séjour qu'ils ont laissées dans différentes parties du pays. Le mouvement général des études historiques s'étant porté sur les origines de la nation, beaucoup de faits et _ d'éléments nouveaux furent mis au jour, et il était à prévoir qu'une question aussi fondamentale que celle des rapports entre les races primitives ne tarderait pas à être reprise. C'est ce qui a eu lieu, en effet. Après que différents travaux d’une moindre importance eurent pré- ludé, en quelque sorte, à une nouvelle manifestation de l'ancienne doctrine de l'identité, parut, en 4855, le livre du professeur Holtzmann, de Heidelberg, intitulé : Kelten und Germanen…, dans lequel la thèse de l'identité est plaidée avec un talent fort remarquable, avec une très- grande érudition et surtout avec une conviction si entière que l’auteur, tout en reconnaissant que sa doctrine peut, au premier abord, paraître paradoxale, n'hésite cependant pas à exprimer le ferme espoir qu'elle finira par être géné- ralement adoptée. Le livre de M. Holtzmann a produit de la sensation, tout en rencontrant de vives contradictions. On peut reconnaître que plusieurs des considérations in- voquées par le savant professeur de Heidelberg sont faites pour ébranler la foi absolue qu’on avait jusqu'ici dans le système de la non-identité, et peut-être est-il permis de prévoir que la doctrine régnante devra être modifiée dans quelques points.
L'érudition belge peut revendiquer l'honneur d'avoir une des premières reconnu la nécessité d’une révision de la question et d’une nouvelle étude des faits. Déjà en 1817, longlemps avant la publication de M. Holtzmann,
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M. le général Renard, dans la première de ses Études
sur l’histoire politique et militaire de la Belgique, avant pour
sujet les origines nationales, soutint, comme résultat de longues et consciencieuses recherches, l'identité des Celtes et des Germains, en s'appuyant d'arguments qui méritent la plus sérieuse attention. Quelques années plus tard, une série de questions qui se rattachent à celle des origines, furent débattues, dans le sein de notre classe, entre deux de nos savants et honorables confrères, et nous avons tous conservé le souvenir du talent et de l’érudition dont, dans cette importante controverse, on fit preuve de part et
. d'autre.
Tout récemment, un autre de nos confrères, l’hono- rable M. Moke, dans un livre des plus remarquables qu’il
: vient de publier sous le titre de : La Belgique ancienne et
: ses origines gauloises, germaines el franques, sans êlre : aussi positivement affirmatif que M. le général Renard et * M. Holtzmann, admet cependant entre Celtes et Germains | une très-proche parenté, qui, à ses yeux, va jusqu’à la fra- | ternité. Ce qui doit être remarqué dans ces diverses ten-
tatives de rétablir la doctrine de l’identité, c’est la parfaite indépendance avec laquelle elles ont été faites les unes à l'égard des autres. M. Holtzmann ne tient compte, el on peut le regretter, ni des travaux antérieurs dus aux soins de M. le général Renard, ni de la controverse si instruc-
| tive entre nos deux savants confrères. M. Moke s’interdit
également de recourir à ses prédécesseurs dans la même
voie. ; Maintenant, cette reprise d’une question jugée par beau-
coup de personnes sans résultat possible, sans utilité
réelle pour la science, est-elle opportune, et la classe doit-
elle ouvrir ses Bulletins à une nouvelle discussion ? Les
( 86 ) origines, quoi qu'on fasse, resteront nécessairement à jamais obscures ; les résultats, en dépit de tous les efforts, seront toujours hypothétiques, incertains et peu fructueux pour l’avancement de nos connaissances historiques ; dès lors, pourquoi lés remuer de nouveau?
Je ne partage pas cette opinion. [Il en est de la question des origines comme de certaines questions des hautes ma- thématiques, qui, tout en n'admettant pas de solution absolue, sont cependant susceptibles d’une solution ap- proximative. Je ne pense pas qu'avec les éléments dont la science historique dispose aujourd'hui, on puisse arriver à une certitude absolue, soit de l'identité, soit de la non- identité des deux nationalités celtes et germaniques; mais des recherches nouvelles, l'examen réitéré de toutes les questions qui S'y rapportent, peuvent amener dans l'un ou l’autre sens, une probabilité de plus en plus grande et telle que l'intérêt historique se trouve satisfait. Aussi, considérée à ce point de vue, lutilité, je dirai la nécessité
d’une reprise de la question , me paraît-elle hors de doute.
Dés recherches nouvelles entreprises avec l’aide de tous les moyens que les progrès de la critique historique, la découverte de nouveaux monuments, les développements récents de certaines sciences auxiliaires, surtout de la linguistique comparée, nous fournissent, feront pénétrer, J'en ai la conviction, plus avant dans le cœur de la ques- tion, feront découvrir des côtés nouveaux et importants,
et mettront au jour des rapports inaperçus ou négligés
jusqu’iet.
En m'appuyant de ces considérations, j'ai l'honneur dem proposer à la classe l'insertion dans ses Bulletins des
notices que M. le général Renard lui à adressées. »
—
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apport de M, Schayes.
« Le but de M. le général Renard dans les trois savants mémoires qu'il a adressés à la classe en forme de lettres, est, comme l’a fait entendre notre honorable confrère M. Arendt, de prouver l'identité des Germains et des Celtes ou Gaulois.
La première lettre est intitulée : De l’origine des bas Bretons. Les bas Bretons ne sont pas gaulois.
Jusqu'ici les savants ont été d’un avis presque unanime pour considérer les bas Bretons et les habitants du pays de Galles, en Angleterre, comme les descendants les plus directs et offrant le type le moins altéré des anciens Celtes ou Gaulois; les linguistes les plus profonds s'accordent également à regarder les idiomes de ces peuples, qui sont presque identiques, comme la véritable langue des Celtes, mais plus ou moins corrompue par le mélange de mots empruntés à des langues étrangères, principalement au latin. Pour réfuter cette opinion, qu’il regarde comme tout à fait erronée, M. Renard s'appuie sur un passage des Commentaires de César et sur un passage de Ja vie d'Agricola par Tacite (1). Dans le premier, César dit que l’intérieur de la Grande-Bretagne est habité par des peu- ples que la tradition représente comme indigènes, et que la partie maritime est occupée par des colons venus du
(1) IL invoque aussi le témoignage de Jornandès, écrivain goth du Nil®e siècle, et celui du compilateur Solin. Le premier n’a évidemment fait que copier ce que Tacite dit des Silures, dans le passage de la vie d’Agricola, et le second, en appelant la Grande-Bretagne Silurum insulam, a commis une grosse bévue géographique qui ne mérite pas d’être relevée,
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Belgium (1) et dont les mœurs diffèrent peu de celles des Gaulois. Dans le second, Tacite n'aurait, suivant M. Re- nard, attribué, parmi tous les peuples de la Grande- Bretagne, une origine gauloise qu'aux seuls habitants de la côte orientale faisant face à la Gaule (2). César est-il une autorité bien compétente en cette question ? Le con- quérant n'a vu qu'une étroite lisière des côtes; sur l’inté- rieur de l'ile, il n’a recueilli que des renseignements vagues et fort inexacts, comme le prouve le passage même de Tacite allégué par M. Renard. Le conquérant apprit quil y avait là des tribus beaucoup plus barbares que celles de la côte et qui passaient pour être d'une autre race. Ce rapport était véridique en ce qui concerne le nord de la Grande-Bretagne ou l'Écosse actuelle; en généralisant ces faits, en les appliquant à la majeure partie de l'ile, César s'est trompé.
Jusqu'au règne de Claude, où elle fut soumise à la do- miuation des empereurs, la Grande-Bretagne resta, pour les Romains, une vraie terre inconnue; mais à l’époque où écrivait Tacite, elle avait été explorée dans toute son étendue. Or cet historien déclare en termes fort nets qu'il partage l'avis de la plupart de ses contemporains, qui regardent la généralité des Bretons comme issus des
Gaulois (5); il n’attribue une autre origine qu'aux seuls , À
(1) Le Belgium de César ne comprenait pas la Belgique entière, mais seu- lement les territoires des Bellovaci, des Atrebates, des Ambianti et des F’ero- mandui ; il se peut toutefois que Belgium soit pris ici dans un sens plus large.
(2) Ce passage se trouve aux \\ 10 et 11 de la vie d'Agricola.
(5) In universum tamen aestimanti, Gallos vicinum solum occupasse, credibile est : eorum sacra deprehendas superstitionum persuasione ; sermo haud multum diversus ; in deposcendis periculis eadem audacia , et, ubi advenere, in detrectandis eadem formido. Plus tamen ferociae
av
( 89 ) Calédoniens, qu'il croit de race germanique, et aux Silures, peuple du pays de Galles qu'il suppose sortis de l'Ibérie. En lisant le portrait que Dion Cassius et Hérodien tracent des Calédoniens (1), on se convaincra que c’est à eux seuls que s'appliquent les traits sous lesquels César dépeint ses indigenae de l’intérieur. Ce qui fait supposer à Tacite que les Silures étaient d'origine ibérienne, c’est qu'ils avaient le teint plus foncé et les cheveux plus crépus que les autres insulaires ; c’est, en outre, l’idée erronée que la contrée occupée par eux se trouvait en face de l'Es- pagne (2). Mais en admettant celle conjecture comme fondée, elle ne donne pas le droit d'étendre, ainsi que le fait M. Renard, la race ibérienne au pays de Galles tout entier, car outre les Silures, il s'y trouvait encore deux autres peuples, les Ordovices et les Némètes que Tacite ne distingue point des Bretons de race celtique. Ces trois peuples parlaient indubitablement la même langue, le gallique, et tout donne lieu de croire que cet idiome était celui de la pluralité des Bretons, dont toutes les villes por- taient anciennement un double nom, un nom romain et
— EE
Britanni praeferunt, ut quos nondum longa pax emollierit, nam Gallos quoque in bellis floruisse accepimus : mox segnitia cum otio intravit, amissa virtute pariter ac libertate : quod PBritannorum olim victis evenit; ceteri manent quales Galli fucrunt ( Agrie. vit., Ÿ XI). Il est évi- dent que, dans ce passage, Tacite n’entend pas seulement parler des Bretons venus du Belgium, comme le prétend M. Renard, mais des Bretons en général , et c’est ainsi que l’ont compris les meilleurs traducteurs.
(1) Dio Cass., LXXIT ; 12, Herodian., III, 14.
(2) Die Siluren, dit Mannert, waren so gewiss Kelten, als alle übrigen bewohner des südlichen PBritanniens, und gerade in dem winkel des landes der ihnen und den Ordovices zum sitz diente, fanden die Drui- den mit ihren lehren die hôchste Verehrung. Tacit., Annal., XIV, 30. (Mannert, Geogr. der Griechen und Rôümer , % Th.,s. 88),
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un nom gallique (1). Camden et d’autres savants ont prouvé que tous ou presque tous les mots gaulois qui nous ont été transmis par les auteurs classiques se retrouvent et ont conservé leur signification primitive dans le gallique. Le nom de Gallia ou Wallia lui-même date de la conquête anglo-saxonne; il fut donné par les Germains à la partie de l'île qu'ils n'avaient pu soumettre et où avaient cherché un asile les Bretons qui s'étaient soustraits à leur domina- tion brutale. Ce fait seul n’atteste-t-il pas que les Bretons étaient assimilés par les vainqueurs aux Gaulois et consi- dérés comme tels (2) ?
M. Renard attribue aux bas Bretons la même origine qu'aux Gallois, et les regarde également comme étant de race 1bérienne. Il les fait descendre des soldats bretons accompagnant le général romain Maxime, lorsque celui- ci, après s'être fait proclamer empereur, vers l'an 385, passa dans les Gaules, et qui, après la défaite et la mort de leur maître en 588, se seraient retirés dans la partie de
l'Armorique correspondant à la Bretagne actuelle. Un.
autre usurpateur du nom de Constantin, élevé à l'empire par les armées de la Grande-Bretagne en l'an 406, envahit également les Gaules, où 1l fut défait et pris à Arles, en 411, par l'empereur Honorius; après sa mort, ses soldats auraient rejoint leurs compatriotes, émigrés dans l’Armo- rique, une vingtaine d'années auparavant,
Outre que la réalité de l'une et l’autre de ces émigra- tions parait assez douteuse (5), il est certainement faux
(1) Wennius und Gildas ex recens. Stevenson. (Berol. 1844), p. 87. (2) Britannia after the Romans. Zntroduct., p. LxxvI.
(5) Maximus perished at Aquilea. The British soldiers did not long « survive the leader they had befriended: but that they wandered into
(91) que les troupes bretonnes qui formaient la majeure partie des armées de Maxime et de Constantin, fussent exclu- sivement composées de Gallois; elles se composaient, au contraire, de toutes les forces de la Grande-Bretagne, puisqu'il est dit que leur départ laissa l’île entière sans défense contre les irruptions des Pictes. D’un autre côté, M. Renard refuse de croire à l’émigration dans l’Armo- rique d'une grande partie de la population bretonne à la suite de l’invasion des Anglo-Saxons, bien qu’elle soit constatée de la manière la plus formelle (1). Si la plupart des habitants du sud et de l’est de la Grande-Bretagne ne s'élaient pas retirés alors , tant dans le pays de Galles que dans PArmorique, à laquelle ils donnèrent le nom de leur anciénne patrie, l'élément breton n’y eût certainement pas été aussi complétement, aussi rapidement effacé par l'élément saxon; car dans le pays de Galles, que ni les Saxons ni les Normands ne parvinrent jamais à conquérir, il se conserva intact; si, au contraire, comme le prétend M. Renard, les Bretons avaient subi avec résignalion le joug des barbares, au lieu d’émigrer en masse ou de se faire exterminer en combattant, il serait arrivé ici ce qui arriva dans les Gaules, en Italie, en Espagne, où les conquérants germains, infiniment moins nombreux que
a ———————_— ——————_——————————_—— © ———— ——————
Armorica and newnamed id, seems to be unfounded. (Sharon Turner, The History of the Anglo-Saxons, t. 1, p. 95, édit. de Baudry). Guillaume de Malmesbury, chroniqueur anglais du XIF: siècle, cité par M. Renard, parle d'une première émigration sous Constantin le Grand, plus apocryphe encore que les deux autres,
(1) Palgrave, Æistoire des Anglo-Saxons, trad. de l’angl. par Alex. Lic- quet (Rouen, 1856), pp. 62 et 65, Sharon Turner, The {istory of the Anglo- Saxons (Paris, Baudry, 1840), t. 1, p. 191. Aurel. de Courson, Essai sur Phist., la langue et les institut. de la Bretagne armoricaine , pp. 51 , 55.
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les nations conquises, furent absorbés par elles et adoptè- rent leur langue, leur culte, leurs mœurs et leurs usages. Mais nous comprenons que M. Renard n’ait pu admettre l'émigration en question : elle renversait complétement son système de l'origine ibérienne des bas Bretons, ceux-ci ne pouvant plus alors descendre des Gallois. Les bornes d’une simple analyse et le défaut de temps nous empêchent d'étendre plus loin ces observations. Nous y reviendrons peut-être, ainsi que sur d’autres questions, traitées dans ces mémoires, et que nous ne ferons qu’effleurer dans ce rapport.
La seconde lettre de M. le général Renard a pour titre : Identité des Germains-Teutons et des Celtes.
« L'Allemagne de nos jours, dit M. Renard, renferme trois familles distinctes, savoir : les Scandinaves, les bas Allemands et les hauts Allemands. » Dans son opinion, les hauts Allemands représentent les anciens Suèves; les bas Allemands et les Flamands sont les vrais Germains, les Teutons purs; les deux autres familles n'ont pas droit à ce titre. L'auteur cherche à constater ces assertions par la différence qu'il aperçoit entre les trois races dans la con- stitution physique, les mœurs, les usages, la religion et le gouvernement (1). Ces appréciations nous paraissent pour la plupart fort hasardées ; mais nous nous abstiendrons d'entrer dans des détails à cet égard, au moins pour le moment; 1! nous faudrait, par exemple, examiner ce que les auteurs anciens entendent par Suêves, et cel examen seul nous entrainerait à de longues discussions; ear il
(1) Tacite ne connaît, lui, d'autre différence entre les Suèves et le reste des Germains que la manière dont les premiers portaient leur chevelure. (Ger- mania , ©. 58.)
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règne à ce sujet chez ces écrivains une si grande confu- sion , ils diffèrent tellement sur la position qu'ils assignent aux Suèves et sur les peuplades qui ont fait partie de cette confédération , que c’est là pour ainsi dire un dédale inex- tricable. Suivant M. Renard, les bas Allemands ou Teutons purs auraient été subjugués ou refoulés par les Suèves ; la plupart auraient passé dans les Gaules et auraient été la souche des Gaulois. « De cette race germanique du Nord, ajoute M. Renard, si brave et si éprouvée, jadis si nom- breuse , il ne reste plus que des débris dans l'Allemagne qu’elle illustra et qui fut son berceau (1). »
L'auteur cherche à prouver l'identité des Gaulois et de leurs pères les Teutons par la comparaison de leurs qua- lités physiques et morales, de leur vie domestique (la famille, l’esclavage), de leur organisation politique et militaire et de leur religion. Thor et Odin n'auraient pas élé l’objet du culte des Teutons; le Dis des Gaulois était leur dieu principal et serait le même que le Tuiscon de Tacite. Il n’y avait pas de différence non plus entre les druides et les prêtres teutons, etc.
Dans sa troisième lettre, qui a pour titre : Considérations sur le vieux langage des Celtes, M. Renard entreprend de prouver que le teuton ou le flamand fut la vraie langue des Gaulois. Voici les principaux arguments qu’il avance à l'appui de cette hypothèse: « Lors de l'invasion des Teu- » tons et des Cimbres, les Romains voulant connaître ce » qu'ils faisaient dans leur camp, envoyèrent, pour les
: » espionner, Sertorius, qui put tout voir et tout entendre
———
(1) Si tous les Gaulois, à l'exception des bas Bretons, appartiennent à la
.| race teutonne, comment se fait-il que du temps de Tacite encore les Nerviens et les Tréviriens étaient si fiers de leur origine germanique?
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» à la faveur de l’habit gaulois qu'il portait et de la langue » gauloise qu'il parlait, » Comme à l'époque de l’inva- sion des Cimbres, les Grecs et les Romains ne possédaient sur la Germanie que des notions nulles ou superficielles, et, qu'à l'exemple des Grees, 1ls qualifiaient de Celtes et de Gaulois tous les peuples qui habitaient au nord de Mar- selle, le fait ici rapporté est, me semble-t-il, d’une mi- nime imporlance dans cette question. Il en est de même du passage où saint Jérôme affirme que les Galates par- laient un idiome peu différent de celui des Tréviriens.
Les Celtes-Ombriens étant maîtres du nord de l'Italie près de six siècles avant la fondation de Rome, et ayant étendu leurs possessions jusqu’au Tibre, M. Renard en conclut que le celtique a dû concourir à la formation du latin; aussi trouve-t-on, suivant lui, entre le latin et le tcuton, non-seulement des analogies linguistiques comme il en existe entre toutes les langues indo-européennes, mais encore une foule de mots similaires. « C’est, en effet, » ce qui se manifeste, dit-il, dès que l’on ouvre un die- >» tionnaire teuto-latin. Le vieux glossaire de Kilianus » m'en a fourni près de sept cents. » M. Renard donne en note un certain nombre de ces mots qui, dans son opinion, appartiennent au fond de la langue et n’ont pu y avoir été introduits par le contact des Teutons avec les Romains. Il resterait toutefois à démontrer que ces mots existaient réellement dans le teuton dès l’antiquité la plus reculée (1).
(1) Adelung dit, de son côté, du bas breton qu'il considère comme le véri- table celtique : Zch habe mir von dem Celtischen und Gallischen zu mei- ner eigenen Ueberzeugung mit nicht geringem Zeitaufwande zalreiche- Sammlungen gemacht, und künnte sie auch zur Ueberzeugung anderer mittheilen, wenn es nôthig wäre. (Adelung, 4eltere Geschichte der Deut- schen, s. 540.)
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Le bas breton, dit M. Renard, ne peut pas avoir été le celtique, sinon on en apercevrait des traces dans tous les pays occupés jadis par les Celtes, Landis qu'il existe par- tout dans les langues qui y sont aujourd’hui parlées des éléments téutoniques. Il avoue néanmoins qu'il se trouve encore sur le sol de la Gaule des dénominations de lieux, de cours d’eau et de montagnes dont l’étymologie s’ex- plique plus facilement par le bas breton que par le teu- tou, mais il attribue ces dénominations soit à une race primitive, celle des Ibères et des Ligures qui, avant les Teutons, auraient parcouru en maîtres toute la Gaule, soit aux colonies grecques et phéniciennes de la Gaule méri- dionale et à l'influence de leur civilisation sur les Teutons de ces contrées. « D'ailleurs, ajoute-t-il, durant tout l’em- » pire, les vétérans légionnaires répandus sur le sol de la » Gaule, y ont implanté une foule de noms de localités >» puisés dans tous les idiomes de l'Orient. »
M. Renard démontre fort bien que la conquête franque, bien moins violente qu’on ne le prétend communément, n’a pu modifier la langue des Gaulois, et notamment des Bel- ges; mais la conséquence qu'il en tire, par rapport à ces derniers, me paraît plus hypothétique, moins rationnelle. Aucun auteur ancien, dit-1}, n’a attribué une origine ger- manique aux Ménapiens, dont la langue était cependant positivement le teuton, puisque cette langue est encore parlée de nos jours par leurs descendants. Mais de ce qu'aucun des auteurs classiques n’a dit positivement d'eux, comme d’autres peuples de la Belgique, qu'ils apparte- naient à la race germanique, on ne saurait conclure contre celle origine, et d’autres faits la constatent suffisamment, à notre idée. « Si l’on met en question l’origine celtique » des Ménapiens, au moins, continue M. Renard, ne
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conteste-t-on pas celle des Morins, qui sont reconnus universellement pour Celtes, et cependant là aussi on trouve, dans le nord du pays, sur l’Aa, une population parlant le flamand. On a cherché à tort, dit-il, d’ex- pliquer ce fait par l'établissement sur nos côtes, au INT" siècle, de colonies saxonnes (1). D'ailleurs, les Saxons ne parlaient pas la langue qui règne sur nos côtes; ils appartenaient aux peuples scandinaves, et s'il était vrai qu'ils eussent chassé le celtique, ils y eussent substitué le danois ou un idiome similaire et non pas » le flamand. » J'ai toujours cru et je crois encore que le saxon appartient au bas allemand comme le flamand. Le scandinave y appartient aussi, et 11 y a certainement plus d’analogie entre cet idiome et le flamand qu'entre le fla- mand et le haut allemand. Quant à une population fla- mande, il n’en reste plus de traces aujourd'hui sur le terri- toire des anciens Morins ; 1l s’y trouve toutefois un assez grand nombre de localités dont les noms flamands prou- vent à l'évidence qu’elle y a existé jadis. Mais on peut attri- buer l’origine de cette population germanique sur le sol d’un peuple celtique à d'autres causes qu'à la colonisation saxonne du II” siècle ou aux Morins parlant le teutou.
M. Renard trouve dans l'anglais moderne une preuve linguistique vivante de ce qu'il a dit de la formation du français. Comme ce dernier s’est formé de l’adjonction du teuton au latin, le premier l’a été par celle du roman de la langue d’oil à l'anglo-saxon. Il y voit aussi la confirma- tion de la théorie qu’il soutient que les Gaulois parlaient le teuton. La première contrée de la Grande-Bretagne qui
HO SG SO VV Y VV Y ŸY &
(1) Voir Lappenberg, Geschichte von England, I“ Band, s. 45.
2. À on dl ts Sie 4
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tomba sous la domination des pirates saxons est, dit-il, précisément celle que César et Tacite ont peuplée de Celtes. Si, comme c’est l'opinion générale, l’anglo-saxon y avait remplacé radicalement la langue des vaincus, c’est le scan- dinave que l’on devrait trouver au fond de l'anglais, tandis que cest le teuton ou bas allemand que l’on y retrouve dans toute sa pureté; preuve que le teuton était la langue des Celto-Bretons et que les tentatives des Anglo-Saxons pour extrper la langue populaire, n’ont pas eu plus de succès dans la Grande-Bretagne que celles des Romains dans les Gaules. Cet argument est le dernier que M. le général Renard produit à l'appui de son hypothèse sur lPidentité de la langue des Gaulois et celle des bas Alle- mands.
Il y a, à mon avis, dans les Commentaires de César ct la Germania de Tacite deux passages qui, quelle que soit Popinion que l’on se forme de la langue des Celtes, prou- vent d'une manière péremptoire qu’elle différait totalement de celle des Germains ou du teuton. Le premier, c’est celui où César avance que, par une longue habitude, Arioviste avait acquis une connaissance familière du gaulois (1). Dans le second passage, Tacite dit des Gothins que, par- lant le gaulois, ils ne pouvaient être considérés comme Germains (2).
M. Renard termine sa troisième lettre par une courte rélutation des Celtica de Dieffenbach.
CR pee ———— —————————————————————_—_—_——
(1) … Propter linguae gallicae scientiam, qua multa jam Ariovistus longinqua consuetudine utebatur. (Caes., 1. I.)
M. Renard va au-devant de cette objection en disant qu’Arioviste était suêve et non teuton, Nous n’admettons pas cette distinction arbitraire et hypothé- tique.
(2) Gothinos gallica lingua coarguit non cesse Germanos. (Germ.c., 45.)
TOME xx111, — [IT PART. 7
— dant
(98 } | Différant radicalement d'opinion avec M. le général Re- nard sur la question qu'il traite dans ses savants mémoires, je ne puis et je ne veux formuler ici sur son système d’autre jugement que celui qui résulte nécessairement des objec- tions et des doutes que j'ai émis contre les arguments énoncés par lui. Mais si ses convictions n'ont pu ébranler les miennes, je n’en reconnais pas moins avec plaisir qu’il a défendu sa théorie avec une rare habileté et avec l’érudi- tion profonde et consciencieuse qu'on lui connaît. J'adhère done volontiers aux conclusions de mon honorable con- frère M. Arendi. »
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
a
Lettres sur l'identité de race des Gaulois et des Germains ; par M. le général Renard, aide de camp du Roi, chef du corps d'état-major, à Messieurs les Membres de l'Aca- démie royale de Belgique, classe des lettres.
Vous avez accueilli avec tant de bienveillance mes con- sidérations sur le cours de l'Escaut, que je me suis en-… hardi à solliciter de nouveau l'hospitalité de votre Bulletin.
Depuis longtemps déjà, je désirais vous soumettre une communication au sujet de nos origines nationales; mais, … partisan de l'identité de race des Gaulois et des Germains, et me trouvant isolé en présence de l’opinion contraire, qui semblait seule admise dans vos rangs, je ne me sen- tais pas une autorité assez puissante pour oser attaquer une théorie si solidement appuyée.
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Aujourd'hui, deux faits se sont produits qui me don- nent la hardiesse de m'adresser à vous. Le premier est Vapparition simultanée, à Stuttgard et à Gand, de deux ouvrages où MM. les professeurs Holzmann et Moke, dis- cutant la thèse que Je soutenais déjà, en 1847, dans ma Première étude sur l'histoire de Belgique, déduisent de leur argumentation la conclusion à laquelle j'étais moi- même arrivé. MM. Moke et Holzmann ne se sont certai- nement pas concertés, et ils ignoraient que mon œuvre existät, car 1ls ne la citent nulle part. Il y à donc quelque chose de sérieux et de digne d'attention dans ces invesli- gations parties de trois points différents, el convergeant, par une argumentation presque identique, vers une théorie commune. |
Le second fait est une note insérée dans le travail du savant M. Schayes sur les Cimmériens (4). La voici : « Les » guerres des Romains avaient répandu un jour tout nou- » veau sur la Germanie, et il ne pouvait plus y avoir le » moindre doute ni sur les limites véritables de la Cel- » tique, ni sur la différence radicale des races gauloise et » teulonique, et, chose étrange..., dans les temps moder- » nes, des savants et des historiens ont cherché à faire » revivre celle erreur qui ne saurail plus étre qu'un incon- » cevable paradoxe, en s'appuyant des textes sans autre » valeur que le témoignage de l'ignorance de leurs auteurs. » Cette thèse étrange vient d'être défendue encore par un » savant Allemand, le D' Holzmann, dans un livre intitulé » Kelten und Germanen. »
Je sais que l’école française tout entière, et les innom-
mr en
(1) Bulletin de l Académie, t. XXII, n° 9, p. 455.
( 100 )
brables travaux eflectués depuis près d’un siècle par les savants de l'Allemagne, ajoutent un poids immense aux convictions du savant académicien déjà si puissantes par elles-mêmes. Il me paraît, cependant, qu'il pouvait parler avec moins de dédain d’une opinion qu’il n’a pas et qu'on n’a pas encore réfutée, dans la forme que lui ont donnée MM. Holzmann et Moke.
Je consentirais même à m'humilier devant cet ana- thème, si l'hypothèse qu’on nous oppose était complète et bien définie. Il s’en faut qu’il en soit ainsi. Les Cel- tistes (comme M. Moke les appelle) sont d'accord pour nier l'identité des Germains et des Celtes; mais dès qu'il faut donner des limites à ces races, dès qu'il faut séparer les tribus germaniques des tribus gauloises, ils ne sy retrouvent plus; il leur est pour ainsi dire impossible de les distinguer les unes des autres. Je n’ai pas besoin de montrer ces divergences chez les historiens allemands et français; 1] me suffit de rappeler à l’Académie que, à propos de l'incident soulevé par M. Imbert de Mottelettes , trois systèmes divers ont été développés devant elle. Les Cel- tistes prétendent encore que le bas breton est l'idiome an- tique de la Gaule, et ils ne sont pas parvenus, malgré des efforts inouis d'érudition et de patience, à expliquer les origines de la langue française, mélange de latin et de gaulois. |
À mon sens, la question ne me parait pas si carrément résolue que toute objection puisse être considérée comme vaine et oiseuse. C’est pourquoi, Messieurs, je viens solli- citer de vous l'autorisation de prouver que la manière dont j'envisage ce problème historique n’est pas fondée sur des paradoxes étranges et inconcevables, mais sur une argu- mentation solide. I appartient à l'Académie de Belgique
( 401 ) de prendre sous son égide la question que je viens agiter devant elle. Cette question n’est pas pour nous, comme pour la France et l'Allemagne, un simple sujet de curio- sité ; elle possède, au point de vue de notre nationalité, un caractère dont il n’est pas possible de nier l'impor- tance.
Je n’ai pas mission de parler ni pour M. Moke ni pour M. Holzmann. J'examine les faits en mon nom seul, et je les exposerai tels que je les ai conçus. Un bon nombre des preuves et des arguments que j'invoque se trouvent déjà répandus incidemment dans les deux Études que j'ai publiées sur l’histoire de la patrie; mais ici ils sont réunis et coordonnés de façon à former un faisceau digne de vous être présenté. J'y ai ajouté beaucoup de considérations que m'ont suggérées les études nouvelles auxquelles je me suis livré sur ce sujet, et qui n’ont fait que m'affermir da- vantage encore dans mes convictions.
Mon travail est divisé en trois lettres ou parties : la pre- mière traite de l'origine des bas Bretons, que je prétends ne pas être Gaulois; la deuxième à pour objet de prouver d'une manière directe l'identité de race des Gaulois et des Germains; la troisième, qui est un appendice des deux premières, renferme différentes considérations sur la lan- gue parlée par les vieux Celtes.
J'ai l'honneur d'être, Messieurs, avec respect, ete.
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PREMIÈRE LETTRE.
DE L'ORIGINE DES BAS BRETONS.
\ 1. Objet de la premiére lettre. — \ 2. De l’origine des bas Bretons déduite des textes de César et de Tacite. — \ 5. Suppositions des savants pour expliquer l’origine celtique des bas Bretons : première hypothèse. — \ 4. Deuxième hypothèse. — ( 5. Réfutation de la deuxième hypothèse. — \ 6. Réfutation de la première hypothèse. — \ 7. L'origine celtique des Bre- tons condamnée par les chroniqueurs. — \ 8. L'origine celtique des Bretons repoussée par les bas Bretons eux-mêmes.
$ 4. — Les adversaires de l'identité des Gaulois et des Germains ont accepté, comme vraies, deux hypothèses historiques que je considère, au contraire, comme erro- nées, Selon moi, c’est de là que proviennent toutes les divergences qu’on rencontre dans leurs écrits. Aussi long- temps que ces théories hasardées demeureront debout, aussi longtemps la question restera insoluble, parce qu'elle restera éternellement mal posée.
La première hypothèse consiste à considérer les Bretons armoricains comme les descendants, les représentants des anciens Gaulois qui, selon César et Taeite, ont peuplé Pest de l'Angleterre. La seconde hypothèse consiste à con- sidérer comme de même sang, de même condition, de mêmes mœurs et de même race, toutes les nations que César à appelées germaniques, et qui habitaient la rive droite du Rhin; de sorte qu'on applique au même peuple, qu'on prend indistinetement comme point de comparaison avec les Gaulois, tout ce que les auteurs anciens ont dit de ces tribus diverses.
Je compte aborder la réfutation de ces deux points. Je W chercherai à prouver, dans cette première lettre, que les 1
FN) 2 €
( 405 )
Bretons armoricains ne sont pas des Celtes ou Gaulois, et que ceux-ci, par conséquent, n'ont Jamais parlé la langue bas bretonne,
$ 2. — Les Romains, dans leurs invasions de la Grande- Bretagne, ont trouvé dans l’île d'Albion deux races d’hom- mes entièrement distinctes. On me permettra de citer à ce sujet les passages de César et de Tacite, quoique par- faitement connus, parce qu’ils éclaircissent toute la ques- tion. | Voici ce que dit César : « L'intérieur de la Bretagne est habité par des peuples que la tradition représente comme indigènes. La partie maritime est occupée par des peuplades belges que la guerre et l’appât du butin ont fait sortir de ieurs demeures. Les plus civilisés de ces peuples sont, sans contredit, ceux qui habitent le » pays de Kent, contrée toute maritime (par conséquent » les Belges) et dont les mœurs différent peu de celles des » Gaulois. Les peuples de l’intérieur (par conséquent les » indigènes) n'ont aucune culture; ils vivent de chair, de » Jait et se couvrent de peaux. Tous les Bretons se tei- » gnent le corps avec du pastel, ce qui leur donne une » couleur azurée, et rend leur aspect terrible dans les » combats, Ils laissent croître leurs cheveux et se rasent » tout le corps, excepté la tête et la lèvre supérieure : les » femmes y sont en commun entre dix ou douze, surtout » entre les frères, les pères et les fils (4). »
Voici maintenant le texte de Tacite. Il faut remarquer qu’à l’époque où ce grand historien écrivait, l’île d'Albion, conquise par Agricola, lui était parfaitement connue. Il
(1) Gésar. 2. G. V. 12-14.
( 104 )
désire même que l’on tienne compte de lexactitude de ses descriptions (quae priores nondum comperta, eloquentia percoluere rerum fide tradentur). Puis il s'exprime ainsi (1) : « Îl est difficile de connaitre positivement par les Bar- > bares, si les premiers mortels qui peuplèrent l’ile de » Bretagne étaient indigènes ou étrangers (ceci est évi- » demment à l'adresse de César). On doit tirer ces induc- tions de la variété de leur physionomie. Les cheveux d'un blond ardent et la haute taille des habitants de la Calédonie dévoilent assez qu'ils sortent de la Germanie. Le visage coloré des Silures, les cheveux crépus de la plupart d'entre eux et la position du pays qu’ils habitent, tourné vers l'Espagne, font foi que Les Ibères ont passé la mer el occupé ces rivages. Ceux qui sont tournés vers la Gaule ressemblent aux Gaulois, soit qu'ils aient con- servé leur type originaire, soit que les deux pays s'avan- çant l’un vers l’autre, le même climat ait produit la même conformation. Cependant, à bien considérer les choses, tout porte à croire que les Gaulois sont venus s'établir sur une côte si voisine de la leur : en effet, on y voit régner le même culte, les mêmes superstitions et à peu près le même langage : Eorum sacra deprehendes , super- » Stitionum persuasione; sermo haud multum diversus. »
Les peuplades de l’intérieur, les indigènes de César, sont ici appelés Silures par Tacite. Jornandès les désigne sous le même nom, et dit en parlant d'eux : « Sylorum colorati vulltus torto plerique crine et nigro nascuntur (2). Solinus donne à la Bretagne le nom de Siluram insulam (cap. 22). Dans un autre passage de la vie d'Agricola,
Et BODY COST NCA ENT À, Ib ve
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(1) Tacite, Agric. vit., \\ 10 et 11. (2) His. Goth., e. 11.
(105 )
Tacite oppose également les Bretons aux Gaulois, pour constater l'infériorité de leur civilisation : « Ce que les » Bretons ont appris sous ce rapport , ils le doivent aux » efforts des Gaulois. » Il est donc prouvé à l'évidence quil y avait dans l’île d’Albion deux races d'hommes par- faitement distinctes, que des Belges, c'est-à-dire des hom- mes de la race blonde (1), occupaient les côtes de l’est voisins de la Gaule; tandis que vers l’ouest se trouvait une race brune. L'existence en ces lieux de cette dernière population n’a rien que de fort naturel. Les Phéniciens de toute antiquité fréquentaient ces parages pour en relirer Pétain si abondant dans le pays de Cornouailles et dans les îles Sorlingues (les OEstrymnides ou Cassitérides des anciens). Évidemment des colons ont dû s’y établir et s’y multiplier. Du reste, s’il faut en croire Fesius Avienus, les Phéniciens et les Ibères ne seraient pas les seuls hommes qui eussent peuplé ces contrées. Cet auteur cite encore les Ligures, autre race brune. « Si, dit-il, des îles OEstrym- » nides on dirige son vaisseau vers l’Ourse (axe qua Lycao- » nis rigescit OEthra), on aborde au pays désolé d’une » peuplade de Ligures qui, chassés de leur patrie par les Celtes, se réfugièrent dans ces lieux presque partout hérissés de ronces (2). »
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(1) Ceci est une conséquence de leur origine gauloise. Tous les auteurs an- ciens sans exception donnent aux Gaulois la peau blanche et les cheveux blonds.
(2) F. A. Orae marilimae, vers 111-117, 151-146.
I s’agit évidemment ici de la côte de Cornouailles ou du pays de Galles, ou plutôt de l'Irlande, où l’on aborde en cinglant des îles Sorlingues vers le pôle arctique. Ailleurs, Avienus peuple d'Hiberniens l'Irlande, qu'il appelle ile sacrée, eam late gens Hibernorum colit. Il est bon de rappeler que cet auteur ne parle pas par oui-dire, mais d’après les annales carthaginoises qu’il dit avoir consultées.
( 406 )
Maintenant, de ces deux populations si différentes d'as- pect, de mœurs, d'institutions, quelle est celle qui, vers la chute de l'empire romain, a donné des habitants à la basse Bretagne? Pour résoudre cette question, il suffisait de rechercher de quelles contrées d’Albion les exilés sont sortis. Or, l'histoire répond, par des témoignages irrécusa- bles, qu'ils ont quitté les côtes de Cornouailles. Comme conséquence logique de ce fait, il fallait admettre que les bas Bretons n'appartenaient pas aux Gallo-Belges de l’est, mais à celte race si différente que César réputait comme indigène, et que les auteurs latins venus après lui faisaient venir de la Lygurie et de l’ibérie. Néanmoins, c’est la solu- tion contraire qui a prévalu. Les savants considèrent les bas Bretons venus de Cornouailles comme les descendants des Belges de l'Angleterre, et leur langage est représenté comme le vieil idiome des Celtes. Je vais examiner la valeur de leurs assertions.
$ 5. — Voici par quelles suppositions on cherche à jus- üfier cette véritable permutation de races. On rappelle que vers le milieu du V”* siècle, le roi des Bretons, Vortigerr , . appela à son aide, contre les Pictes, les pirates Jutes et saxons qui depuis longtemps désolaient la mer du Nord. Il leur donna, pour récompenser leurs services, la posses- sion de l’île de Thanet. Mais bientôt d'amis qu'ils étaient, les Jutes devinrent ennemis acharnés. On avance que, sur leur appel, des flots d'Anglo-Saxons passèrent la mer pour servir sous leurs étendards, et que, sous leurs efforts et leurs attaques réitérées, tous les peuples de la partie orien- tale de l'île (par conséquent les Belges de César ou les Gaulois de Tacite) furent ancantis ou rejetés en masse vers l'Occident. Une partie des fugitifs occupa le pays de Cor- nouailles, tandis qu'une autre, passant la mer, chercha
( 107 ) un refuge dans l’Armorique , où ils trouvèrent des hommes de leur race.
Quant aux peuplades primitives de l’ouest (aux Silures par conséquent), on dit qu’elles se réfugièrent en frlande d'où leurs clans passèrent plus tard en Écosse et peuplè- vent les Highlands. Telle est la théorie que l’on professe pour expliquer l’origine celtique des bas Bretons (1).
Je ne sais vraiment sur quels textes on se base pour Jus- üfier un pareil récit : ces peuples exterminés, ou forcés decéder leurs champs et leurs vitles à une population nou- velle; ces nations de l’ouest refoulées à leur tour el en masse vers d’autres rivages (et cela, notez-le bien, par des vaincus); ces migrations entières de tribus, je les cherche vainement dans l’histoire. Les peuples du pays de Kent ne paraissent pas avoir fait une résistance désespérée à l’in- vasion des hordes scandinaves, lesquelles, du reste, dans l'origine, n'étaient pas plus nombreuses que les bandes normandes dont la Gaule, trois siècles plus tard, eut tant àsoufirir. Certes, les chroniqueurs nous parlent de popu- lations de villes massacrées, de pillages, de meurtres sans nombre, mais non pas d’extermination et de déplace- ments de populations en masse. Les autres peuples de
{1} Lœbell, Gregor von Tours, p. 465 et suiv. Courson, Origines, etc., pag. 264 et 283. Niebubr, l’orträge , 1, p. 647, s'exprime ainsi au sujet du dépeuplement de l'ouest de l'Angleterre : Zn keinem Theil von Europa ist die alte Bevolkerung so gänzlich vertilgt worden wie dstlichen England durh die Eroberung der Sachsen. Je le répète, je ne trouve rien de pareil dans aucun chroniqueur. Les chroniques indiquent que les combats ont eu lieu en dehors du pays de Kent. L'homélie de Gildas s'applique au pays de Galles et non à l'ouest de Angleterre. La preuve c’est que l’auteur, au À %5, fait allusion à la délivrance du pays de ses oppresseurs et à la cessation des massacres : Tempore igitur aliquanto cum recicissent domum crudelissèimi praedones , ete. Dans la collect. de Gale, HT, p. 16.
(108 )
l'est n’opposèrent pas une résistance plus vigoureuse aux Saxons et aux Angles, qui succédèrent aux Jutes de Hen- gist et de Horsa. Mais où la guerre devint acharnée, c’est lorsque les Scandinaves voulurent pénétrer dans les con- trées de l’ouest. Ils y trouvèrent une résistance ibérienne, el ce qui prouve que cette résistance, que celte défense à outrance n'était ni belge, ni gauloise, c’est que le roi Arthur, en qui on la personnifie, est appelé par les chro- niqueurs le Roi des Silures.
$ 4. — Dans l'intention sans doute de lever les diffi- cultés que fait naître l'hypothèse que je viens de narrer, des savants allemands et l'école historique française mo- derne ont imaginé un autre expédient (1). Ils adoptent, dès l’abord, comme prouvé ce qui est en question. Ils considèrent le bas breton comme le vieil idiome des Gau- lois; tous les peuples qui le parlent sont donc des Gaulois. Cela posé, ils partagent la race celtique en deux familles : les Galls et les Kymris. Les tribus du midi de la Gaule, les frlandais, les clans des hautes terres de l'Écosse sont des Galls; les peuples du centre de la Gaule, parmi lesquels les Armoricains, et tous les Bretons, sont des Kymris; les Belges eux-mêmes sont Kymris. La conséquence de ce système est que les Belges de l'Angleterre et les Bretons sont de même famille et de même race (2). M. Amédée Thierry le dit en termes exprès :
(1) On trouve peut-être l'origine de cette théorie dans Adelung, Æithri- date, t. XI,5s. 78. 4elleste Geschichte der Deutschen , pp. 240 et suiv. Mais Adelung suppose que les Belges d'Angleterre étaient Teutons ; donc les bas Bretons seraient Teutons, d’où les Gaulois et les Germains seraient de même race.
(2) Ce qui prouve encore, outre les textes de César et de Tacite, que les Bretons et les Gaulois n'étaient pas de même race, c'est que, chez les Gaulois,
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& 5. — « Ni César, ni Tacite, dit-il, n’ont remarqué » aucune différence d’origine entre ces Bretons et les Bel- » ges; les noms personnels et locaux, dans les cantons ha- » bités par les uns et par les autres, appartiennent d'ail- » leurs à la même langue, qui est le kymric (4). » Or César et Tacite qu’on invoque, condamnent, au contraire, ce sys- tème de la manière la plus formelle, comme le prouve la lecture des textes que j'ai cités plus haut. Et sur quoi se fondent les auteurs d’une semblable fable pour étayer une Supposition qui renverse des données historiques aussi dignes de foi? Sur quelques étymologies plus ou moins heureuses, c’est-à-dire sur la plus chancelante de toutes les preuves dont on puisse appuyer un raisonnement. Voici un exemple de cette argumentation (A. Thierry, Introduction xvin) : « Le mot Gall (de Gaëlie, Gallic) n'est rien moins qu’in- connu dans l'antiquité; sous la forme latine Gallus, sous la forme grecque Galatés, 1ls désignent génériquement les habitants de la Gaule... D'après ces rapproche- ments, il serait difficile de ne pas reconnaître l'identité de deux noms, et par conséquent la race des Galls par- lant aujourd’hui la langue gallique (irlandais, écossais) comme un reste de l’une des races dont se composait l’ancienne population gauloise. » Ainsi voilà une grande question historique résolue par
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comme dans la Germanie, les femmes sont soumises à une condition de dé- pendance et d’infériorité; dans les tribus bretonnes, au contraire, la femme gouverne, règne , commande les armées : solitum quidem Britannis femi- narum ductu bellare. (Tacite, Ænn. XIV, 55. Hist., III, 45, 4g. 16). Rien de pareil ne s’est jamais vu chez les Celtes.
| (1) Æistoire des Gaulois ( Introduction, xxx).
|
(M0).
la consonnance de deux mots, voilà où conduit la fausse. science de l'étymologie. Les Romains nommaïient, il est vrai, la Celtique Gallia; mais ils appelaient l'Écosse Cale- donia, ce qui est bien différent. Depuis lors le dernier mot a été altéré; on a dit Kaeldoch, Kaelie, Gaelie; mais les modifications qu'a subies le nom d’un pays ne peuvent en changer les habitants. Un pareil système conduirait à l’ab- surde. Ainsi une partie de l'ancienne Russie rouge se nommait Halicz ; on en a fait Gallitzie, puis Gallicie: serai- je admis à prétendre pour cela que les Slaves-Russes sont de même race que les Français ou les Écossais?
D'ailleurs on peut prouver directement que les Irlan- dais, et par suite les Gaëls de l'Écosse, qui en descendent, ne sont pas des Celtes, et qu'ils n’en ont ni les mœurs, ni les usages, ni l'aspect. Diodore de Sicile, Strabon et Tacite parient des habitants de l'Irlande, qu'ils nomment respectivement /ris, lerne et Hibernie. Les deux premiers ne pouvaient avoir que des notions vagues sur cette terre qui n'avait pas encore été visitée par les Romains. Strabon donne néanmoins un détail de mœurs bon à noter, parce qu'il concorde assez avec ce que César dit des Bretons : « Les unions condamnées par les lois du sang, dit-1l, » celles du frère et de la sœur, celles du fils et de la mère » n’y étaient pas frappées de réprobation.» Tacite, mieux informé, résout la question par une seule phrase : « Le » sol, le génie et les usages de l'Hybernie diffèrent peu, » dit-il, de ceux de la Bretagne. (1). » Les vieilles chroni- ques et les traditions 1rlandaises sont d'accord avec ces faits. Elles avancent que les premiers habitants de l'Hy-
(1) Solum, cœlumque et ingenia cultusque hominum haud multum @ Britannia differunt. (Agric. 24).
( MA ) bernie venaient de l'Espagne ; ei quoique ces écrits soient mélangés de fables, Niebuhr pense qu'on ne peut entière- ment les révoquer en doute (1).
La deuxième hypothèse dont M. A. Thierry est, en France, le plus grand promoteur, ne s'appuie donc sur aucun texte sérieux, et il m'est permis de la négliger. Quant à la première, celle qui suppose le refoulement des populations gailo-belges dans le pays de Galles et de Cornouailles, tandis que les Bretons-Silures étaient re- foulés à leur tour dans l'Irlande et l'Écosse , je vais mon- irer à quelles étranges contradictions elle entraine.
$ 6. — Est-il possible de croire que les Gallo-Belges d'Angleterre, la moindre partie de la population du pays, vaincus, décimés, écrasés, chassés par les Saxons, soient parvenus à expulser les vieux Bretons, si braves, si tenaces, et à les rejeter en Irlande et de là en Écosse? Mais, en admettant pour un instant celte hypothèse comme vraie, quel spectacle aurions-nous devant les yeux? Nous devrions trouver chez les habitants de l’frlande et des Highlands une race offrant avec les habitants du pays de Galles les mêmes différences que César signale entre les Belges et les Bretons insulaires. Or c'est le contraire qui est la vérité. Les Scots de l'Irlande et de l'Écosse ont la même physionomie que les Gallois: ce sont les rameaux d’une même souche, comme leurs idiomes sont les dialectes d'une même langue. La supposition de la transmission complète de ces peuples est donc fausse. Elle est fausse pour un molif tout aussi péremptoire; c'est que, de nos
(1) So kann die Uberlieferung irländischer Chroniken, thre Forfah- ren seien aus Spanien gekommen, obgleich in ein Gemisch von Fabeln verwebt, doch einige Wahrheit für sich haben. — Vorträge, I. 647.
( 142 ) Jours encore, les peuples de l’ouest de l'Angleterre ont conservé les traces ineffaçables de l’origine ibérienne dont parle Tacite, et non pas la peau blanche et la chevelure blonde des nations gauloises et germaniques. De plus, il n'est pas vrai que la Calédonie ait attendu le temps des in- vasions saxonnes pour voir peupler ses montagnes par les clans des Highlanders. Ammien Marcellin nous y signale déja leur présence au temps de Théodose et de Julien (1).
Si, de la Grande-Bretagne, nous nous reportons dans l’Armorique, une autre contradiction nous attend. Les exilés, à leur arrivée, donnèrent un nom à leur nouvelle patrie ; 1ls l'appelèrent Domnonée. Or cenom de Domnonée est la dénomination de la presqu'ile britannique comprise entre le canal de Bristol et la Manche, renfermant les pro- vinces de Cornouailles et de Devon (2). Ce nom de Domno- née était connu dès la plus haute antiquité. Il est cité par Ptolémée et Solinus (5), trois siècles avant les invasions saxonnes. Si donc, de ces noms de lieux, on voulait inférer la solution de la question des races, on serait forcé d’ad- & mettre que les émigrés appartenaient aux Bretons-Silures et non aux Gallo-Belges; car ceux-ci eussent appelé leur nouvelle patrie Thanet ou Kent, et non pas assurément Domnonée, qui rappelait à leur esprit une terre étrangère et presque toujours ennemie.
$ 7. — Entrons dans un autre ordre d'idées.
Les partisans des deux systèmes invoquent un autre ar- gument qu'ils considèrent comme très-solide. M. Amédée
(1) Ammien Marcellin, XXVII, 8. (2) Camden, Prit., col. 185.
(5) Siluram quoque insulam ab ora quam gens Britannia Dumnonit tenent , turbidum fretum distinguit (cap. 22).
( 115 )
Thierry l'énonce en ces termes (1) : « Les insulaires réfu- » giés dans l’Armorique, pour échapper à l'invasion des » Angles , y trouvèrent, disent les contemporains, des » peuples de leur langue. » Les déductions que l’on pré- tend tirer de cette citation sont faciles à saisir. Les Armo- ricains étaient des Gaulois; si Les Bretons exilés ont trouvé dans l’Armorique des peuples de leur langue, c'est évi- démment parce qu'eux-mêmes étaient Gaulois.
Je n'ai rencontré nulle part la citation contemporaine à laquelle M. Thierry fait allusion, mais alors même qu’un chroniqueur eût émis une semblable allégation, on ne pourrait encore en tirer la conclusion que J'indique. Je vais, pour le prouver, narrer succinciement les traditions des chroniqueurs au sujet des migrations des Bretons dans la presqu'île armoricaine. [l en ressortira de nouveau cette conséquence, que les bas Bretons et les Gaulois sont de races diverses.
Le premier que j'invoquerai est Guillaume de Malmes- bury. Il cite, dans un seul passage de ses œuvres, trois mi- gvations de Bretons vers la Gaule. La première remonte à 506, sous Constantin le Grand, la deuxième à 585, sous Maxime, la troisième à 407, sous Constantin le Tyran. Voici ce passage (2) : « Constantin le Grand emmena avec lui de » Bretagne une grande troupe de soldats bretons, et comme
(1) Æist. des Gaul. Introduction, x1x.
(2) Voyez tout le passage, que j'abrége, dans l’ÆZistoire de Bretagne, par Dom Morice, I, col. 165 : Fos …. in quadam parte Galliae ad Occi- dentem super litus Oceani collocavit , ubi hodieque posteri eorum manen- Les immane quantum coaluere, moribus linguaque non nihil a nostris Britonibus degeneres …. copiarum quae illos (Maximum et Constantinum) ad bellum secutae fucrant pars occisa, pars post fugam ad superiores Brilones concessit.
Tome xxur. — 11" part. 8
( 114 ) » il avait triomphé par leur courage, il leur donna pour » les récompenser une contrée dans l’occident des Gaules, » au bord de la mer, où leurs descendants se trouvent … » encore aujourd'hui, ayant conservé à peu de chose » près les mœurs et la langue de nos Bretons. » (Il est à remarquer que Guillaume écrivait au Xi” siècle et qu'il habitait l'antique patrie des Silures.) « Plus tard, » Maxime, parvenu à l'empire... fit passer dans la Gaule » presque toute la jeunesse guerrière des Bretons. Peu » d'années après, le tyran Constantin entraîna aussi avec » Jui ce qui restait de soldats dans la Grande-Bretagne : » ces deux tyrans furent tués, lun par l’empereur Théo- » dose, l’autre par Honorius. Des soldats qui les avaient » Sulvis, une partie fut exterminée, l’autre partie prit la » fuite et se réfugia chez les Bretons dont il est parlé » plus haut. »
Cette migration de la jeunesse bretonne est attestée par tous les chroniqueurs. Gildas le Sage en parle et dit qu’elle ne revit jamais sa patrie, domum usquam ultra redüt. Bede l'aflirme à peu près dans les mêmes termes : numquam ultra domum rediere. Ninius est plus explicite : « Maxime, » dit-il, ne voulut pas que les Bretons qui l'avaient aecom- » pagné revissent les foyers où les attendaient leurs épouses » et leurs fils, mais il leur concéda plusieurs contrées... » Ce sont les bas Bretons de l'Armorique, et jamais jus- qu'aujourd'hui ils n’ont revu leur patrie (4). » L’archidiacre Henri de Huntinden s'exprime à peu près comme Ninius : « Les Bretons qui avaient accompagné » Maxime sont restés jusqu'aujourd'hui dans la Gaule ar-
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(1) Dom Morice, 1, col. 164. Zi sunt Britones Armorici. $
CEST » moricaine, c'est pourquoi on les appelle Bretons armo- » ricains (1). »
D'après tout ce qui précède, je suis fondé à dire, en me servant des propres expressions d'un Silvestre Gérard de Cambridge, autre chroniqueur, que « la translation des » Bretons dans l'Armorique n'a pas eu lieu au temps des » Invasions saxonnes, mais bien avant sous Maxime (2). » Ainsi donc, lorsque les partisans de l'identité des Bretons et des Gaulois invoquent, comme argument, ce fait : que les victimes de linvasion saxonne trouvèrent en Armo- rique des peuples de leur langue, ils n’annoncent rien qui puisse ébranler la conviction des hommes d'une opinion contraire, puisque déjà depuis plus de cent années des Bretons occupaient ces parages.
L’atutude que prirent les peuples de l’Armorique, à dater du règne de Maxime, confirme les récits des chroniqueurs. Jusqu'alors cette province n’avait rien montré de particu- lier. Comme toutes celles de la Gaule, elle était soumise, silencieuse, inerte.
À parur de cette époque, cette contrée, dont personne ne parlait auparavant, révèle une existence propre. En 409, elle secoue le joug des magistrats romains, et ce n’est qu'au prix de grandes concessions qu'Exupérance parvient à la conserver à l’empire (419). C’est avec la même peine qu'Aëtius lui-même la maintient dans le devoir (436-449). Lorsque l'Occident marche contre Attila, les Armoricains
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(1) Britones vero, quos Maximus secum abduæxerat in Gallia, armo- Mca usque hodie remanserunt, unde et Britones Armorici vocantur. Dom Morice. (7b.)
(2) Non post Britanniae excidium sed longe antea a Maximo tyranno translata. (Ib.)
( 116 ) sont compris parmi les nations qui le combattent (452). Enfin, lorsqu’en 497, les cités des Gaules secouent défini- üvement le joug de Rome, les Armoricains sont à la tête du mouvement et font alliance avec Clovis (1).
Les chroniques établissent, en outre, que les Bretons insulaires, en descendant dans l’Armorique, ne venaient pas trouver un peuple de frères, mais qu'ils se condui- sirent en ennemis et {raitèrent les habitants comme des étrangers.
La chronique de S'-Brieuc donne le nom de Conan de Meriadee au chef des Bretons de Maxime. L’empereur, après avoir vaincu les Gaulois rassemblés en ce lien, tient à Conan le langage suivant : « Voilà! nous avons subjugué » un des meilleurs pays de la Gaule. Je te fais roi de cette » contrée; elle sera pour toi une autre patrie; une Bretagne » que nous peuplerons de notre race aprés en avoir chassé » les indigènes.—Et dans la suite, lorsqu'ils eurent expulsé » tous les habitants de la province, ils remplirent de sol- » dats bretons les cités et les forts (2). »
Un témoin oculaire des guerres de Louis le Débonnaire, Ermold le Noir, raconte aussi, au livre ITI"* de son poème
(1) Un passage de Grégoire de Tours nous apprend qu’à la mort de Clovis, les Bretons-Armoricains avaient déjà été subjugués par ce roi, qu'ils payent tribu et qu’ils ont perdu leurs rois avec leur indépendance. Semper Britanni sub Francorum potestate, post obitum regis Chlodovechi fuerunt, et co- mites non reges appelati sunt. Certes, l'évêque de Tours ne se serait pas ex | primé de cette façon si, avant la mort de ce prince, ils n'avaient eu ni rois; ni indépendance.
(2) Dom. Morice, Zist. de Bretagne, I, col. 9.
Ecce unum est potioribus Galliac regnis subjugavimus.... Promoveb® | {e èn regem hujus regni, et ecrit haec patria altera Britannia quam e& | genere nostro expulsis indigenis replebimus.... Postremo cum universos |
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dé fatéisetes entierement 4 en
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sur la vie de ce prince, l’arrivée des Bretons dans l’Armo- rique. Ce poëme est bien antérieur aux chroniques que j'ai citées, puisqu'il date du IX" siècle. Ce n’est plus un moine obscur, écrivant du fond d’un cloître, qui a dicté ce qui va suivre, mais un homme qui a parcouru le territoire des Bretons, le bouclier sur l'épaule, dans les rangs de l'armée du fils de Charlemagne.
Voici le récit d'Ermold le Noir :
« Le comte Lambert, issu de la race des Francs, est » préposé à la garde des frontières de ce pays, qu’autre- » fois une nation ennemie, fendant la mer sur de frêles » esquifs, envahit par la ruse. Ce peuple, venu des extré- » mités de l'univers, était les Britanniens, que nous nom- » mons Britons en langue franque. Manquant de terres, » battu par les vents et les tempêtes, il usurpe des » champs, mais il offre de payer tribut. A cette époque, le » Gaulois possédait cette contrée, lorsque parut ce peuple » vomi par les flots. Mais, comme les Bretons avaient » reçu l'huile du baptême, on leur permit aussitôt de se » répandre dans le pays et de cultiver la terre. Dès que le
provinciae incolas delevissent munierunt civilates et oppida militibus PBritannis.
Cela ressemble assez aux Arborichi milites de Procope.
Les triades galloises confirment en ces termes le récit du moine de S'-Brieuc : La troisième expédition combinée, sortie de l’île de Bretagne, fut conduite par Ellen, puissant dans les combats, et Cynan son frère, seigneur de Meriadog , en Armorique, où ils obtinrent des terres, pouvoir et souve- rainelé de l'empereur Maxime, pour le soutenir contre les Romains. Aucun d'eux ne revint, mais ils restèrent là et dans Ystre-Gyvaelwy où ils for- mèrent une communauté. »
Du reste, toutes les vieilles légendes populaires des saints appuient le sys- tème de la non-identité de race des Bretons et des Gaulois. Tout le monde connait la légende de sainte Ursule et des 11,000 vierges.
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( 118 ) 3 » repos leur est acquis, ils allament aussitôt une horrible » guerre et ils se disposent à remplir la campagne de . » nouveaux soldats; ils offrent la pointe de la lance pour -— » tribut, le combat pour récompense et l’orgueil au lieu … » de reconnaissance (1). »
Dans tout le reste du récit d'Ermold, c’est le même système. Les Bretons sont pour lui une race étrangère au sol de la Gaule. Un siècle après sa mort, la basse Bretagne élait encore considérée comme située hors des limites de la Gaule et soumise seulement au service militaire (2).
Telle est la version des chroniqueurs. Il n’y a qu'une seule déduction à tirer de leurs écrits, c'est que les bas Bretons ne sont pas des Gaulois.
Je m'attends à ce qu’on rejeitera tous ces témoignages accablants, On en fera holocauste comme des historiens et géographes grecs. Ce n'est pas la première fois, du reste, qu’on leur déciarera une guerre à outrance, et l'origine de cette querelle est trop significative pour que je ne la rap- pelle pas ici en quelques mots.
Après les chroniqueurs, les historiens modernes de la. Bretagne n’avaient oublié ni l'origine étrangère de leurs aieux, ni leurs chefs nationaux, ni l'indépendance pour laquelle le pays avait lutté si longtemps. Aussi Alain Bou-"
(1) Ermold. Nigell. Chant Ime (inétio) :
Fines quos olim gens innimica
Trans mare lintre volans ceperat incidiis
Arva capit prorsus atque tributa parat Tempore nempe illo hoc rus quoque Gallus habebat Quando idem populus fluctibus actus adest.
(2) Richer., Zist., 1, 4 Britanniam minorem quae est Galliae contiqua atque militans.
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chard, Pierre Lebaud, Bertrand d’Argentré ne se firent point faute de rappeler aux Bretons de l’Armorique ces vieilles légendes souvenirs précieux du passé. If y avait là un levain dangereux de patriotisme que les souverains de France voulurent étoufier dans son germe. Le Parlement s'en mêla et déclara fausses les doctrines de d’Argentré. [ chargea même Vigier de les réfuter. On se doute bien que Vécrivain du Parlement fit un carnage ofliciel des Bretons de Constantin et de Maxime. Mais il eut beau faire, il n’en reste pas moins avéré qu'aux IX", XI et XIL”* siècles, à la cour de l’empereur france, dans le pays des vieux Silures comme dans la presqu'île armoricaine, les seules tradi- tions qui existassent s’opposalent à ce qu'on püt considérer les Bretons et les Gaulois comme appartenant à une même race (4). J'ajoute qu’on ne trouve pas, dans l'antiquité ni dans le moyen âge, un texte, un seul, sur lequel on puisse fonder cette identité (2).
(1) Les habitants de la basse Bretagne repoussent d'eux-mêmes cette ori- gine commune, car ils appellent les hommes qui ne parlent pas leur langue des Gallots.
(2) Les écrivains de la Bretagne, successeurs de d’Argentré, se soumirent humblement à la décision du Parlement. Dom Lobineau, surtout, rejeta comme fables tout ce qui tendait à montrer les bas Bretons comme une nation jadis indépendante. Il crut donc ne devoir admettre qu’une seule migration : celle des invasions saxonnes. S'appuyant à cet effet sur quelques légendes de saints, il fixa le passage dans l’Armorique à l'année 458, c’est-à-dire avant les Francs. Dom Lobineau manqua son but. Soutenir que les Bretons étaient arrivés avant les Francs dans la Gaule, c'était encourager encore les prétentions de la Bretagne, que les rois de France s’étaient constamment appliqués à dé- tuire. L'abbé Vertot se chargea de donner sur les ongles à Dom Lobineau. Il lui apprit que tous ses textes extraits de la vie des saints devaient suivre le sort des antiques traditions du pays. L'abbé Vertot n’admet qu'un seul et unique texte officiel au sujet de la venue des bas Bretons, à savoir ce texte de
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& 8. — D'ailleurs, c'est en vain qu'on rejetterait tous les … témoignages de l'antiquité et du moyen âge, il en restera toujours un qu’on ne peut récuser, el qui s’élèvera éternel- lement, comme un argument sass réplique, entre celte supposition de l'identité des Gaulois et des Bretons : c'est le peuple bas Breton lui-même.
Je lisais, l’année dernière, dans la Revue des deux mondes da mois de février (1854), un article fort attachant et fort bien fait de M. Ernest Renan sur les poésies du pays de Galles et de l’'Armorique. L'auteur décrit avec beaucoup de vérité la physionomie particulière de ces populations. fl parle du contraste qui frappe les yeux du voyageur lors- que, sortant de la Normandie, il pénètre dans la véritable Bretagne. J'ai noté le passage suivant : « A la vulgarité » normande, à une population grasse et plantureuse, con- » tente ce vivre, pleine de ses intérêts, égoiste comme » tous ceux dont l'habitude est de jouir, succède une race » timide, réservée, vivant tout en dedans, pesante en appa-
Grégoire de Tours : Semper Britanni sub Francorum potestate , post obi- tum regis Chlodovechi fuerunt , et comites non reges appelati sunt, ce qui, suivant l'abbé Vertot, signilie : qu’il n’y avait point de Bretons dans PAr- morique avant Clovis, et qu'ils n’y arrivèrent qu'au temps de Childebert et de Clotaire. » Alors méme qu’on ne posséderait sur les Bretons que cette seule phrase de Grégoire de Tours, elle battrait encore en brèche le système de l'abbé Vertot. En effet, dire que toujours, après la mort de Clovis, les Bretons furent soumis, c’est dire qu'avant cette mort, il y avait autre chose.
Quoi qu'il en soit, Dom Lobineau aurait dû être moins mal traité, caril venait soutenir l'identité de race des Gaulois et des bas Bretons. Voici son ar- gumentation : « On conviendra que les Bretons étaient Celtes, quand on fera » réflexion à ce que dit César, que ceux d’entre les Gaulois qui voulaient s’in- struire dans la religion des druides passaient dans l’île de Bretagne. Il suit » de là que les Gaulois et les Bretons avaient la même langue et la même » religion, et par conséquent la même origine, » César et Tacite disent, au
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» rence, mais sentant profondément, et portant dans ses » instincts religieux une adorable délicatesse.
» Le même contraste frappe, dit-on, quand on passe » de l'Angleterre au pays de Galles, de la basse Écosse, » anglaise de langage et de mœurs, au pays des Gaëls du » nord, et aussi, mais avec une nuance sensiblement dif- » férente, quand on s'enfonce dans les parties de l'Irlande » où la race est restée pure de tout mélange de l'étranger. » On ne réfléchit pas assez à ce qu'a d'étrange ce fait d'une » antique race continuant jusqu’à nos jours et presque » SOUS nos yeux, Sa vie propre dans quelques îles et pres- » qu'iles perdues de l'Occident, de plus en plus distraite, » il est vrai, par la vie du dehors, mais fidèle encore à sa » langue, à ses souvenirs, à ses mœurs et à son génie. »
La description de M. Renan est d’une vérité parfaite. Maintenant, je dirai qu'il suffit d'avoir tenu en mains un seul classique parlant des Celtes ou des Gaulois, pour pro- elamer que cette description ne leur est aucunement appli-
contraire, que les Bretons et les Gaulois de la côte étaient de race différente; cesont les Gaulois de la côte qui avaient le même culte, la même langue et les mêmes superstilions que les Gaulois du continent. Ce qui revient à dire que les Gaulois de la Bretagne sont semblables aux Gaulois du continent, Les Bre- tons n'ont rien à faire ici.
Dom Morice résout cette question des races avec moins de peine encore : s La proximité des lieux, l’uniformité de langage et de religion, la ressem- » blance des mœurs des Gaulois et des Bretons, prouvent incontestablement » Pidentité de nation. » Ce, prouvent incontestablement , paraît une assez mauvaise plaisanterie, car c’est cette uniformité de langage, de religion, de mœurs entre les Bretons et les Gaulois qu'il s’agit au contraire de prouver. Du reste, les savants Bénédictins ne citent aucun texte à l’appui de leur sys- tème , et ils auraient été fort embarrassés de le faire. A moins que de les tron- quer (ce dont ils étaient incapables), ils y auraient trouvé leur propre con- damnation.
(122 ) | cable. 11 n’y a rien de moins réservé et de moins timide que le Celte, de moins concentré que lui : « Son génie, « dit M. Michelet, n’est autre chose que mouvement, « attaque et conquête; peuple de guerre et de bruit, ils courent le monde l'épée à la main, moins ce semble, par avidité que par un vague et vain désir de voir, de savoir et d'agir : ce sont les enfants du monde nais- … sant. » Polybe, César, Strabon, Pline, Diodore de Sicile, Dion Cassius, tous les auteurs grecs et latins parlent comme : M. Michelet. Sous leur plume, le Gaulois, au lieu d’être - timide et réservé, est au contraire vantard, orgueilleux, aussi prompt à se jeter tête baïssée dans le danger qu'à se” décourager. Il est, de plus, curieux, étourdi, inconstant. En présence de cette unanimité des historiens anciens, il en résulterait donc que le temps a produit chez les bas Bretons, les Gallois, les Highlanders, un étrange phéno- mène. Ils auraient répudié les mœurs et le génie de leurs ancêtres. De Gaulois, ils seraient devenus fbères; car les qualités que M. Ernest Renan leur donne sont exactement celles que Justin prête aux ibères, qu'il appelle les hommes les plus constants et les plus tenaces qu'il y ait au monde. Cette hypothèse de l’action du temps sur la race gauloiseM ne devrait pas s'arrêter au génie et aux mœurs, il faudrait l’étendre jusqu'à la physionomie; car, d'après ce que nous 4 avons sous les veux, la race aurait passé du blond au brun. Les anciens, en effet, nous parlent de la peau blanche, des yeux bleus, du teint clair et coloré, des grands corps, souvent épais el mous, des Gaulois : Que trouvons-nous,- au contraire, dans la basse Bretagne? Des hommes res- semblant aux Silures que Tacite fait sortir de l'Ibérien L'historien Henri Martin en est frappé : « Probablement
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(125 )
» avance-t-il, le type gaulois à été altéré dans des temps » inconnus par quelque mélange d’Aquitains et de Méri- » dionaux; » La Tour d'Auvergne emploie tout un cha- pitre de son livre pour établir l'analogie des Bretons- Armoricains et des Catalans; M. de Chateaubriand, dans ses Mémoires d'outre tombe, avoue que ses compatriotes ont quelque chose d’étranger qui rappelle l'Espagne.
Mais de pareilles suppositions ne sont pas admissibles ; la nature n'effectue pas de pareils prodiges. Non, les bas Bretons ne sont pas infidèles au génie de leurs ancêtres, et l'influence des siècles n’a pas fait passer le caractère de leur physionomie du blond au brun. Que l’on envisage celte question sous le point de vue que l’on voudra choi- sir; que l’on consulte les classiques, les chroniqueurs ou les témoignages que le temps a conservés; la solution esi toujours ia même. Les bas Bretons ne sont pas des Gaulois ; ils descendent des vieux Silures que Tacite rattachaït à la race des Ibères (1).
(1) Je ne veux pas fatiguer l’Académie en prolongeant cette partie de la discussion ; mais je la prie de croire que je ne suis pas à bout de preuves. Par- tout en creusant le sujet on trouve des objections contre l'identité de races :
19 Malgré le droit écrit, les lois civiles et ecclésiastiques, l'Irlande, la haute Écosse, le pays de